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sur 1723 notes
Etait-il malchanceux au possible, un peu fou car tellement passionné, ou seulement trop ambitieux?

Dès les premières pages on s' attache à ce personnage plein d'ambition dans ses études, révolté par sa condition mais avec tellement de poisse et de malchance à chaque moment de sa vie.
Avec la découverte du premier cadavre dans le champ, l'action démarre de façon intéressante! L'histoire est pleine de rebondissements, on accompagne le personnage de Cí en souffrant, en doutant ou en ayant avec lui un peu d'espoir à nouveau ... le suspens reste intense! Et ce presque jusqu'à la dernière page!

J'ai beaucoup apprécié les descriptions de la vie quotidienne dans la Chine du XIIIe siècle, passionnant! L'auteur a effectué un impressionnant travail de documentation mais a su romancer suffisamment afin que les descriptions se fondent dans le récit de façon naturelle, sans trop d'érudition. C'est très agréable à lire. On découvre alors le quotidien au Palais de l'Empereur mais également le quotidien du peuple et des miséreux qui hantent les rues de la Capitale. Descriptions des vêtements, de la nourriture, des maisons et constructions, des paysages traversés,… On aborde des notions de droit et puis surtout le domaine du médecin légiste à ses débuts. Ces investigations nouvelles sur les cadavres ne se font pas sans difficulté, sans heurter la morale et les croyances de l'époque. On côtoie un peuple brimé au possible qui risque sa vie chaque jour même en ayant atteint une position sociale confortable. Rien n'est jamais acquis dans ce système dynastique empli de protocoles, de révérences, de courbettes où l'humain est souvent méprisé voire nié.

Ces pages m'ont transporté dans cette Chine médiévale tout au long de ma lecture et j'avais du mal à m'en détacher, signe de réussite!

Club de lecture de juillet 2016
Challenge Multi-Défis 2016
Challenge 1 mot- 1 livre
Challenge en Choeur
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À l'aube du XIIIe siècle, dans la Chine impériale des Song du Sud. Alors qu'il poursuivait ses études à Lin'an sous la protection du magistrat Feng, le jeune Cí Song, en fils obéissant, a dû quitter la capitale et suivre sa famille qui a regagné son village natal. En effet, en raison du décès du grand-père de Cí, son père, jusqu'alors secrétaire au service du juge Feng, doit y mener une période de deuil de trois ans avant de reprendre son travail de fonctionnaire.

Abandonnant donc ses études, Cí Song travaille durement dans les rizières de son brutal frère Lu chez lequel il habite avec ses parents et sa petite soeur Troisième, très malade. Mais, passionné par la médecine légale et la justice, il rêve de retourner à Lin'an passer les diplômes lui permettant de devenir juge.
C'est alors qu'une avalanche de malheurs s'abat sur lui : son frère est arrêté pour meurtre, son père et sa mère périssent dans l'incendie de leur maison, sa famille est déshonorée… Se retrouvant seul avec sa soeur, il devient rapidement la cible de deux petits potentats locaux malhonnêtes qui cherchent à l'escroquer. Bien que victime dans cette affaire, il doit fuir son village avec sa petite soeur. Traqués par la police, ils parviennent jusqu'à Lin'an, où Cí espère mener une nouvelle vie grâce à l'aide de son maître d'enseignement Feng et trouver les remèdes pour soigner Troisième. Mais impossible de retrouver Feng ; ils ne rencontrent que misère, faim et peur dans cette grande ville. Alors que Cí trouve un emploi de fossoyeur grâce à un fossoyeur escroc à ses heures, continuant ainsi son apprentissage de l'étude des corps, Troisième meurt.

Mais grâce à ses extraordinaires capacités d'observation et d'analyse des corps, Cí attire l'attention de Maître Ming qui le prend sous sa protection et le fait entrer à l'académie Ming, prestigieuse école privée préparant aux concours de la fonction publique. Informé de son talent à expliquer les causes d'un décès, l'empereur le convoque au palais impérial pour une mission périlleuse : Cí est chargé d'enquêter sur une série de meurtres particulièrement sordides qui ont eu lieu à la Cour. Des meurtres que les magistrats impériaux ne parviennent pas à élucider et qui sèment le trouble au sommet de l'État dans un contexte de paix armée avec les redoutables voisins Jin. La vie de Cí dépend de sa réussite à résoudre ces meurtres…

UN ROMAN CENTRÉ AUTOUR D'UN PERSONNAGE HISTORIQUE
Intéressé par la médecine légale, Antonio Garrido a découvert l'existence de Cí Song par le biais d'un rapport exposant le contenu d'une conférence sur les débuts historiques de la médecine légale, citant la figure de celui qui est mondialement considéré comme le précurseur et le père de cette discipline : Cí Song. Né en 1186 à Jianyang, sous-préfecture du Fujian, Cí Song a consacré sa vie à l'étude et à l'analyse légale, rejetant les anciens procédés fondés sur l'ésotérisme et la magie pour introduire de nouvelles techniques, dont certaines sont encore en vigueur de nos jours.

Persuadé qu'il tenait là le sujet de son prochain roman, la vie extraordinaire du premier médecin légiste de l'histoire, en pleine Chine médiévale, l'auteur s'est ensuite plongé dans un travail de documentation ardu. En effet, peu d'éléments de la biographie de Cí Song sont parvenus jusqu'à nous, fermant par là même la possibilité d'une trame strictement biographique. En revanche, les cinq volumes de son traité légiste, le Xi Yuan Ji Lu, publié en 1247, ont traversé les siècles. Ce traité, qui compile tout le savoir en matière de médecine légale (techniques, méthodes, instruments, préparations, protocoles et lois) ainsi que de nombreuses affaires judiciaires résolues par Cí Song, a permis à l'auteur de construire ce roman policier historique.

UN CONTEXTE HISTORIQUE SOLIDE
Après la découverte de ce personnage qui deviendra le héros de son roman, Antonio Garrido a rassemblé de la documentation dans les domaines politique, culturel, social, judiciaire, économique, religieux, militaire et sexuel mais aussi sur les thématiques telles que la médecine, l'éducation, l'architecture, l'alimentation, le mobilier, les vêtements, les systèmes de mesure, la monnaie, l'organisation de l'État et la bureaucratie dans la Chine médiévale de la dynastie Song.

Car ce roman nous livre une véritable fresque de la Chine des Song du Sud, à une période charnière de l'histoire de ce pays. En effet, bien que les Mongols s'apprêtent à envahir la Chine du Nord dirigée par la dynastie Jin, la dynastie Song doit toujours faire face à la pression constante des Jin qui, après avoir conquis la Chine septentrionale, menacent de poursuivre son invasion. Précisons d'ores et déjà que c'est le petit-fils de Gengis Khan, Kubilaï Khan, qui achèvera la conquête de la Chine dans la seconde moitié du XIIIe siècle.

LA DÉCOUVERTE DE CODES ET DE MENTALITÉS ÉTRANGÈRES
En partant de cette base historique, Antonio Garrido nous livre un roman extrêmement documenté qui nous plonge directement dans les us et coutumes ainsi que dans les lois de la Chine du XIIIe siècle.
Agrémenté d'un glossaire qui explique chaque détail qui nous est étranger, ce roman se révèle une véritable mine d'informations sur la vie et les traditions des Chinois sous la dynastie des Song du Sud, ainsi que sur la naissance de la médecine légale dans un empire où le néoconfucianisme règne en maître. La société d'alors s'organise autour de règles strictes et complexes : obéissance des enfants envers leurs parents, de la femme envers son mari, des plus jeunes envers les plus âgés, prédominance des rites dans la vie au quotidien, omniprésence du châtiment corporel et de la violence… Par exemple, le néoconfucianisme interdisait à un homme de toucher le cadavre d'une femme, il condamnait l'ouverture des corps, mais il permettait l'examen de ceux qui étaient déjà ouverts, il considérait l'homosexualité comme une conduite libidineuse blâmable… C'est d'ailleurs peut-être « grâce » à cette interdiction d'ouvrir les corps que l'étude basée sur l'observation extérieure s'est développée à ce point dans ce pays et à cette époque, permettant d'accumuler nombre d'indices conduisant à établir les causes de la mort.

Vie au quotidien, mais également vie à la Cour : Antonio Garrido nous fait pénétrer, par le biais de son héros, au coeur du palais impérial et nous fait découvrir à la fois la géographie de la cité impériale (les différents bâtiments et leurs attributions), les personnages (conseiller des Châtiments, officiers, parfumeur, eunuques, concubines, etc.) et l'étiquette de la Cour (hiérarchie très forte au sommet de laquelle trône l'empereur, interdiction de contempler le Fils du Ciel sans son autorisation, etc.). Bref, une époque faite de conventions sociales et religieuses étouffantes et rigides, et de violence brutale. À cet égard, je n'ai pas pu m'empêcher de noter à quel point les filles de la famille de Cí sont considérées comme peu de choses : si les garçons portent un prénom – Lu, Cí –, les filles sont nommées Première, Deuxième, Troisième…
Mais c'est également une période caractérisée par de grandes découvertes scientifiques : boussole, poudre militaire, imprimerie aux caractères mobiles, billets de banque…

L'auteur parvient bien à restituer cet univers où la mort est omniprésente, tout comme l'administration, l'importance des rites religieux, des devoirs filiaux et de l'étiquette. Mais ceci sans se lancer dans de longues descriptions qui nuiraient au plaisir du lecteur. de même, confronté à la complexité de la langue chinoise (des langues chinoises, devrions-nous dire), l'auteur a pris l'heureux parti d'occidentaliser les noms ou d'utiliser des sobriquets révélant les qualités des personnes (coutume typique de l'époque), pour éviter les problèmes de compréhension, tant les noms peuvent être similaires.

DEUX PARTIES INÉGALES
Le roman se compose de deux parties au rythme différent. Après un début un peu lent, le temps de mettre en place les personnages et de poser les bases de l'histoire, le roman prend de la vitesse lorsqu'il décrit la fuite de Cí et de Troisième vers Li'Nan. Et le rythme devient vraiment plus soutenu à partir du moment où Cí est chargé par l'empereur de résoudre une série de crimes commis au sein de la cité impériale. Cí évolue alors au sein d'une Cour impériale régie par un code très rigide et gangrenée par l'ambition, les petits arrangements, les complots… Pas facile de travailler dans ces conditions ! Cela rend le suspense d'autant plus haletant, car on ne sait plus à qui Cí peut faire confiance : a-t-il raison d'accorder sa confiance à untel, pourquoi est-il si méfiant avec tel autre ? Mais Cí met en application ce qu'il a appris et c'est avec un grand intérêt et beaucoup de curiosité que l'on suit les déductions qu'il tire de l'observation des corps. Un véritable profiler des temps modernes !

Mais il convient de ne pas négliger l'importance de la première partie où sont distillés pas mal d'informations et d'indices utiles pour la suite de l'histoire. Et, quoi qu'il en soit, chaque chapitre apporte son lot de rebondissements, ce qui fait qu'il est assez difficile d'arrêter sa lecture.
Antonio Garrido démontre ici de réelles qualités de conteur : ce roman, extraordinaire plongée dans la Chine médiévale, se lit à la fois comme un roman historique richement documenté et comme une enquête policière palpitante où se mêlent manipulations, faux-semblants et crimes. L'auteur a su mélanger avec soin la fiction à la réalité pour faire surgir une histoire haletante, le tout dans un style élégant mais simple, et où les descriptions ne viennent pas alourdir le récit.

Quant au dénouement, il est particulièrement bien amené et magistral ! Les premiers soupçons apparaissent dans le dernier quart du livre, mais sont-ils les bons ? Même si l'affaire est résolue à la fin du roman, le dénouement offre la possibilité d'une suite !

UN HÉROS UN PEU TROP NAÏF
Attention, le Cí Song d'Antonio Garrido est purement fictionnel : on ne connaît presque rien de la vie de ce personnage en-dehors de son oeuvre. Ici, l'auteur a imaginé sa jeunesse, son arrivée à la Cour et sa première enquête.

Certes, Cí est un personnage courageux, qui témoigne d'une volonté farouche de s'en sortir, mais qu'il est malchanceux ! L'abandon de ses études, la mort de sa famille, la maladie puis la mort de sa soeur, le déshonneur, la misère, la faim, la jalousie des élèves… tout cela provoque un sentiment d'empathie à l'égard de ce personnage.
Mais cette avalanche de malheurs rend aussi le personnage peu crédible : il parvient toujours à se sortir de situations où logiquement il aurait dû y laisser la vie. Certes, le hasard n'a rien à voir ici, mais tout de même… Et cette descente aux enfers couvre toute la première partie du livre, ce qui amplifie l'impression de lourdeur. Dès que l'on pense que le jeune homme est sorti d'affaire, paf, une nouvelle catastrophe lui tombe sur la tête. Cela en devient un peu agaçant parfois. D'autant qu'il ne se plaint jamais et reste humble… probablement le fruit de la morale néoconfucéenne ?
Et puis, contrastant avec ses fortes capacités d'observation et de déduction, Cí fait preuve d'une naïveté vraiment impressionnante. Cette dichotomie est vraiment étonnante et m'a laissée un peu perplexe… Comment peut-on être si fin dans l'observation et l'analyse des corps et faire preuve d'autant d'aveuglement avec les êtres vivants ?

DES ANNEXES PASSIONNANTES
Ces annexes se composent d'une note de l'auteur, d'une notice biographique de Song Cí, d'un glossaire et d'une bibliographie. Ne manquent qu'une chronologie et une carte historique pour mieux appréhender l'histoire et la géographie de la Chine. Cependant, le glossaire apporte beaucoup de précisions sur les us et coutumes de la Chine médiévale, et la bibliographie, qui témoigne du sérieux de l'auteur dans sa documentation, permet au lecteur qui le souhaite d'approfondir tel ou tel sujet.

La note de l'auteur retrace la genèse de ce roman et son parcours d'écriture : comment l'idée lui est-elle venue ? Une fois le sujet défini, comment a-t-il choisi la forme littéraire ? Comment a-t-il fait pour l'écrire ? Quelles ont été ses difficultés ? Quels choix a-t-il opéré ?
Ce décorticage du travail de l'écrivain est particulièrement intéressant, surtout quand il s'attache à la définition du roman historique ! Pour en savoir plus sur sa conception du roman historique, rendez-vous sur mon blog...
Lien : http://romans-historiques.bl..
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Tout semblait aller pour le mieux pour Ci Song, jeune chinois d'origine modeste. Il étudiait avec le juge Feng pour son plus grand plaisir.
Mais lorsque son père quitte son travail, il se retrouve à travailler dans les champs de son frère.
Après la mort de son frère accusé d'assassinat et celle de ses parents dans l'incendie de leur maison, il s'en va avec sa jeune soeur malade.
Pour survivre, il devient fossoyeur dans la capitale de l'Empire et se fera remarquer pour sa capacité exceptionnelle à expliquer les causes d'un décès devant le professeur Ming qui le prend comme étudiant.
L'empereur qui entend parler de lui , le convoque pour résoudre une série d'assassinats.

Aucun temps mort dans ce roman policier. Un héros à qui tout ne réussit pas mais qui nous entraîne dans une aventure époustouflante du début à la fin.

Je le recommande pour passer un très bon moment de lecture avec ce premier médecin légiste.
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« Un foyer fort est celui que soutient un père courageux, une mère prudente, un fils obéissant et un frère obligeant. » Song Cí se souvient de la maxime paternelle mais, par un étrange et funeste destin, sa famille n'a pu l'observer assez longtemps, éclaboussée par la condamnation à mort du frère aîné accusé de meurtre, et ultimement décimée dans un incendie de la maison familiale. Avec sa petite soeur survivante, Troisième, Cí quitte alors son village et entreprend une quête personnelle qui le mènera à Lin'an, où il compte reprendre ses études interrompues vers la judicature. C'est ce chemin parsemé de difficultés et de pièges qu'il nous est donné de parcourir avec notre pugnace héros. Sur plus de six cent pages d'immenses revers et de petites victoires, Cí devra tirer son épingle du jeu au sein de la société chinoise médiévale, codifiée à l'extrême. C'est d'ailleurs ce dernier aspect du récit qui m'a le plus captivée, l'intrigue en elle-même s'avérant lassante par une suite d'incessants revirements dont on ne voit malheureusement plus la fin jusqu'à la toute dernière page.
Antonio Garrido s'est documenté avec rigueur pour pondre ce roman historique décrivant les origines de la médecine légale et les avancées techniques sous la dynastie Song. Ce côté didactique est judicieusement renforcé par un glossaire et une liste bibliographique de laquelle Garrido a puisé un réalisme puissant allié à un imaginaire foisonnant.
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Un peu déçue quand même ! Je me faisais une joie de lire ce roman, et ce fut déprimant…

Un titre accrocheur, un résumé à faire baver, et pourtant, la réalité s'est avérée toute autre !

Déjà 250 pages pour nous décrire la misère profonde du personnage, catastrophes et drames se succèdent à n'en plus finir et au lieu de ressentir un peu d'empathie pour lui, on a juste envie de le fuir à tout jamais. Je me suis accrochée pourtant, car j'avais vraiment envie de découvrir l'histoire de la médecine légale et même pour cela, je suis sur ma faim car peu d'affaires réelles ont été abordées dans le roman…

L'auteur, super bien documenté sur la Chine au XIIIème siècle et sur Ci Song, notre lecteur de cadavres, noie l'histoire dans une flopée de rebondissements qui pour moi s'apparente beaucoup à de la logorrhée verbale qui pollue la trame au point de la rendre trop lourde, trop longue, trop répétitive. C'est triste car le sujet mérite réellement un bon livre !

L'Histoire est bien là, au travers de nombreux personnages réels, et l'histoire est bien trop tarabiscotée pour en faire une 'belle histoire' même si la toile de fond est superbe de réalisme.

Donc, en conclusion, ce n'est pas un coup de coeur et j'en suis bien marrie !
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Le lecteur de cadavres, un roman dans lequel on passe alternativement, en maigre transition, des draps de soie au cloaque le plus sordide, qui fait tanguer son héros entre la consécration et le pied du gibet, au bon vouloir d'un tout puissant pour qui faire trancher une tête est aussi anodin qu'ingurgiter sa tasse de thé. Un roman qui tient son intrigue au sein de ce que pouvait être l'atmosphère ankylosée et impitoyable du palais impérial de la dynastie Song dans la Chine du 12ème siècle, véritable noeud de vipères. Les reptations étant celles de courtisans cupides, assoiffés des moindres considération et parcelle de pouvoir, face contre terre devant l'empereur, être divinisé s'il en était, doté de pouvoir de vie et de mort sur qui oserait seulement croiser son regard sans autorisation.

Un roman historique qui retrace l'ascension périlleuse de celui qui restera considéré comme le père de la médecine légale. Il a laissé les ouvrages fondateurs de cette future science, laquelle deviendra celle que l'on sait, propre à ravir de nos jours les gloutons de série TV. Loin d'avoir à l'époque l'évidence judiciaire et la précision qui la caractérisent aujourd'hui, il lui fallait pour s'exercer en son temps d'émergence vaincre croyances et superstitions, codes religieux et moraux, s'affranchir des rangs et positions de classes sociales très cloisonnées, avant même d'évoquer ceux que ses conclusions mettraient en cause.

Superbe pavé qui n'omet rien de tout ce qui fait un bon polar. Une intrigue bien ficelée, des personnages aussi sournois en intention qu'avenant à l'abord, une profusion de rebondissements, lesquels pouvaient couvrir d'honneurs les protagonistes aussi bien que les jeter en cul-de-basse-fosse, garde à vue façon moyen âge chinois. Rien à voir avec le je-ne-parlerai-qu'en-présence-de-mon-avocat. Le fer au feu et la tenaille du bourreau rendant plus loquaces les réfractaires, plus timorés les provocateurs, mais aussi plus méritoires les braves au sens de l'honneur inoxydable.

Un roman de classes qui prouve, s'il en était encore besoin, qu'en ces temps et contrées, gravir les échelons de la société n'avait rien du chemin tracé d'avance, même pour le bon élève. Un excellent roman qu'Antonio Garrido conclut par une note finale détaillant la part historique qu'il a attribuée aux faits et aux personnages. Excellent éclairage qui renforce l'intérêt de pareil ouvrage.

Un très bon moment de lecture. A consommer de préférence loin des repas quand même. Il y a du glauque et du nauséabond qui filtre entre les lignes.

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Le lecteur de cadavres d'Antonio Garrido est tout simplement une petite merveille de lecture. Cette histoire vraie se passe dans la Chine du XIII e siècle , Ci Song jeune homme de 19 ans va tout faire pour arriver mais bien des embûches vont venir troubler son destin .Son rêve devenir lecteur de cadavres (médecin légiste ). À force de persuasion , de détermination et de courage Ci Song va devenir le premier et le plus compétent lecteur de cadavres de son époque . À l'heure actuelle quelques-uns de ses procédés sont toujours d'actualité
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Un titre énigmatique, une période que j'adore, la promesse d'un polar historique addictif...il ne m'a pas fallu davantage pour me plonger dans les 700 pages et plus de ce roman absolument passionnant et hyper documenté.

Avec un art du suspens et du rebondissement tout à fait consommé, l'espagnol Garrido nous emmène sur les traces de Ci Song, jeune homme d'origine modeste qui traverse mille aventures dans une société chinoise médiévale régie par la stricte observances des rites et des traditions ancestrales, afin de réaliser son rêve et devenir membre de la cour de justice impériale. Cette ascension maintes fois contrariée se double d'un thriller haletant autour d'une série de meurtres à la cour impériale.

Et la contribution du jeune Ci pourrait bien être déterminante. En effet, il possède un talent rare pour son époque : il est « lecteur de cadavres », c'est-à-dire qu'il parvient à faire « parler » les morts qu'il examine à l'aide de techniques qu'il a développées, d'observation et de déduction fournissant ainsi de précieuses indications sur les circonstances du décès.

J'ai tellement adoré plonger dans ce roman : ambitions, vengeances, complots et mille détails fournis par Garrido nous embarque avec délectation dans un roman historique très réussi mais ce sont surtout les descriptions minutieuses des premières analyses médico-légales menées par Ci qui m'ont séduites. Parce que c'est bien l'émergence de la médecine légale que nous observons dans ces pages, grâce à l'immense travail de documentation de Garrido autour du personnage historique de Song Ci, né en 1186 et auteur du premier et plus important traité de médecine légale de tous les temps !

Impossible de résister à ce roman à l'intrigue foisonnante, qui fourmille d'informations historiques passionnantes! Avis aux amateurs !
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Je vous le dit tout de suite j'ai passé un excellent moment de lecture ! Plus de 700 pages en 4 jours, ça a été pour moi une lecture addictive.
Peu de romans historiques, il me semble offre une telle immersion dans la Chine médiévale. J'avoue ne pas être plus que cela tentée par l'histoire Chinoise mais là l'auteur m'a embarqué. Cette visite dans le temps et l'espace a été formidable, un peu d'Histoire avec un grand H, de coutumes, de références judiciaires et militaires, un peu de religions sans oublier la géopolitique. En un mot c'est très complet, et quel travail de la part de l'auteur !
Mais ma lecture n'aurait pu se faire sans cette formidable plume d'Antonio Garrido, c'est clair et prenant, les événements se succèdent rapidement les uns après les autres, pas de répit, on veut savoir la suite, on veut savoir ce qu'il va se passer.
Le personnage principal Song Ci est très énigmatique, intéressant, avec des ressources incroyables, avec des capacités intellectuelles et physiques très particulières, le fait qu'il ait vraiment existé lui donne encore plus de relief. Ce Song Ci a été un précurseur dans son domaine et a été auteur d'un traité scientifique de clinique légale qui, rendez vous compte, à pu nous parvenir !!
Franchement ne passez pas à côté de ce roman historique incroyable, et comme Antonio Garrido le rappelle dans ces notes "il n'existe en réalité que deux sortes de romans, les bons et les mauvais". le roman le lecteur de cadavres d'Antonio Garrido fait partie des bons romans foncez !!
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« le lecteur de cadavres » d'Antonio Garrido, est pour moi, un énorme et superbe roman historique, très bien écrit, de plus de 700 pages.
Il m'a permis, dès les premières lignes, de faire une plongée fantastique dans le monde de la Chine médiévale.


Et j'ai été admiratif et très impressionné par l'énorme travail de recherches fourni en amont par l'auteur. Sur la vie entière, sur la situation politique et sur les moeurs de la Chine impériale du 13e siècle.
Une Chine qui était déjà, par ses inventions, comme avec celle de la poudre, très en avance sur son temps.
Tout comme elle avait déjà créé les tous premiers médecins légistes de l'Histoire.
Une Chine qui était aussi des plus cruelles à cette époque et qui infligeait des tortures et des châtiments corporels des plus raffinés, comme une seconde nature.


A cette même période, l'Europe n'avait pas à rougir de la Chine. La pratique de la Géhenne, autorisée par le pape lui-même, était bien usitée. Les outils de torture que l'on peut voir dans certains châteaux, nous démontre avec un grand frisson, combien l'homme peut être barbare envers l'autre.


L'histoire de Song Ci, le lecteur de cadavres, est captivante et fourmille de mille détails historiques et médicaux qui rendent ce roman très crédible, grâce aux sérieuses et longues recherches d'Antonio Garrido
Le résultat est tout simplement magnifique et passionnant !

L'histoire presque étrange mais fascinante de ce jeune garçon, aux origines modestes, qui avec toute sa hargne, sa logique et sa force mentale, va enquêter sur des meurtres commis dans le palais de son Empereur Ningzong.
Il va donc étudier les cadavres et effectuer les premières autopsies, pour essayer de découvrir qui étaient les meurtriers.


Ames trop sensibles s'abstenir, car le roman parle souvent de morts torturés, de sang, de souffrances, de larmes, de haine…
Ce fût pour moi un beau coup de coeur !
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