Romain Gary –
Emile Ajar –
La vie devant soi ***** - fin le 2 janvier 2023
Attention chef d'oeuvre ! Oui, j'ai honte d'écrire cela après que tant de personnes l'ont dit et martelé, se colletant à mon indifférence polie devant des recommandations de type Télérama dont on sait ce qu'elles valent (cf. Manhattan Chaos pour n'en citer qu'une). Mais ce livre est totalement prodigieux, le style avant tout, et le point de vue d'un enfant de 10 ans (ou de 14 ?) sur sa vie et les juifs en général…j'envie ceux qui ne l'ont pas lu et je voue aux gémonies ceux qui, année après année ne me l'ont pas fait connaître…à moins que je sois passé à côté de leurs recommandations…on aurait envie de recopier tout le livre tellement les phrases sont de véritables scénettes de sketches et plusieurs, on s'est pris à penser à Desproges voire à
Coluche dans l'humour corrosif que cet enfant de 10 ans (ou 14 ?) nous assène…mais il n'y a pas que ça, et les rapports entre Madame Rosa et Momo sont incroyablement bien décrits, jusqu'à la fin, où l'émotion gagne, gagne, gagne…Décidément,
Romain Gary c'est prodigieux, quel que soit le nom qu'il porte…
Allez je ne résiste pas, quelques citations…mais ne vous arrêtez pas à ces quelques extraits, ce sont souvent les situations qui sont drôles et truculentes.
« Au début je ne savais pas que je n'avais pas de mère et je ne savais même pas qu'il en fallait une. » P. 13
« Madame Rosa disait que si les français avaient tous fait comme nous même (caca partout) ils auraient foutu le camp. » P. 14
« Je pense que Madame Rosa aurait peut être donné Banania à l'Assistance mais pas son sourire et comme on ne pouvait pas l'un sans l'autre, elle était obligée de les garder tous les deux. » P. 21
« Tu sais ce que c'est, une putain? « C'est des personnes qui se défendent avec leur cul. » P. 23
« Est ce qu'il pleure beaucoup ? »
« Jamais dit Madame Rosa, jamais il ne pleure cet enfant là et pourtant Dieu sait que je souffre. » P. 31
« Les gens tiennent à la vie plus qu'à n'importe quoi, c'est même marrant quand on pense à toutes les belles choses qu'il y a dans le monde. » P. 57
« Madame Rosa avait une peur bleue des Allemands. C'est une vieille histoire et c'était dans tous les journaux mais elle croyait que c'était toujours valable. Vous pensez si c'est complètement idiot de nos jours quand tout ça est mort et enterré, mais les Juifs sont très accrocheurs, surtout quand ils ont été exterminés. » P. 59
« le bonheur, je vais pas me lancer là-dedans avant d'avoir tout essayé pour m'en sortir. » P. 91
« Madame Rosa ne voulait pas entendre parler de l'hôpital où ils vous font mourir jusqu'au bout au lieu de vous faire une piqûre. Elle disait qu'en France on était contre la mort douce et qu'on vous forçait à vivre tant que vous étiez encore capable d'en baver. » P. 102
« Quand on est môme, pour être quelqu'un faut être plusieurs ». P. 104