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Citations sur La Toison D'or (6)

Tiburce était réellement un jeune homme fort singulier ; sa bizarrerie avait surtout l’avantage de n’être pas affectée, il ne la quittait pas comme son chapeau et ses gants en rentrant chez lui : il était original entre quatre murs, sans spectateurs, pour lui tout seul.

N’allez pas croire, je vous prie, que Tiburce fût ridicule, et qu’il eût une de ces manies agressives, insupportables à tout le monde ; il ne mangeait pas d’araignées, ne jouait d’aucun instrument et ne lisait de vers à personne ; c’était un garçon posé, tranquille, parlant peu, écoutant moins, et dont l’œil à demi ouvert semblait regarder en dedans.

Il vivait accroupi sur le coin d’un divan, étayé de chaque côté par une pile de coussins, s’inquiétant aussi peu des affaires du temps que de ce qui se passe dans la lune. — Il y avait très peu de substantifs qui fissent de l’effet sur lui, et jamais personne ne fut moins sensible aux grands mots. Il ne tenait en aucune façon à ses droits politiques et pensait que le peuple est toujours libre au cabaret.

Ses idées sur toutes choses étaient fort simples : il aimait mieux ne rien faire que de travailler ; il préférait le bon vin à la piquette, et une belle femme à une laide ; en histoire naturelle, il avait une classification on ne peut plus succincte : ce qui se mange et ce qui ne se mange pas. — Il était d’ailleurs parfaitement détaché de toute chose humaine, et tellement raisonnable qu’il paraissait fou.

Il n’avait pas le moindre amour-propre ; il ne se croyait pas le pivot de la création, et comprenait fort bien que la terre pouvait tourner sans qu’il s’en mêlât ; il ne s’estimait pas beaucoup plus que l’acarus du fromage ou les anguilles du vinaigre ; en face de l’éternité et de l’infini, il ne se sentait pas le courage d’être vaniteux ; ayant quelquefois regardé par le microscope et le télescope, il ne s’exagérait pas l’importance humaine ; sa taille était de cinq pieds quatre pouces, mais il se disait que les habitants du soleil pouvaient bien avoir huit cents lieues de haut.

Tel était notre ami Tiburce.
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Tiburce allait rarement dans le monde ; il accueillait très bien ses amis mais ne leur rendait jamais visite…

Les gens superficiels l’accusaient d’insensibilité et les femmes entretenues ne lui trouvaient pas d’âme… Un jour, arrivé au bout de ses moyens de distraction, il se mit à courir les rues ; en marchant, il réfléchit qu’il avait le cœur vide et sentit le besoin de faire une passion.

Il se posa les questions suivantes : aimerai-je une Espagnole au teint d’ambre et aux cheveux de jais ? une Italienne aux lignes antiques et au regard de flamme ? une Française fluette au pied de poupée ? une négresse noire comme la nuit ? Aurai-je une passion blonde ou une passion brune ?
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Cela se voit tous les jours; n’avons-nous pas chacun dans notre sphère été aimé obscurément par quelque humble cœur tandis que nous cherchions de plus hautes amour? N’avons-nous pas foulé au pied une pâle violette au parfum timide, en cheminant les yeux bleus baissés vers une étoile filante et froide qui nous jetait son regard ironique du fond de l’infini. L’abîme n’a-t-il pas ce magnétisme et l’impossible sa fascination ?
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La réalité lui répugnait, et, à force de vivre dans les livres et les peintures, il en était arrivé à ne plus trouver la nature vraie.
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Tous les jours Tiburce allait à la cathédrale et s'abîmait dans la contemplation de sa madeleine bien-aimée, et chaque soir il en revenait plus triste, plus amoureux et plus fou que jamais. - sans aimer de tableaux, plus d'un noble cœur a éprouvé les souffrances de notre ami en voulant souffler son âme à quelque morne idole qui n'avait de la vie que le fantôme extérieur, et ne comprenait pas plus la passion qu'elle inspirait qu'une figure coloriée.
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Il se trouvait face à face avec son rêve secret, avec son espérance inavouée : l'image insaisissable qu'il avait poursuivie de toute l'ardeur d'une imagination amoureuse, et dont il n'avait pu apercevoir que le profil ou un dernier pli de robe, aussitôt disparu
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