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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Un jeune africain débarquant sans papiers à Paris dans les années 90 pouvait tenter de se faire embaucher par une agence de sécurité dirigée par des Ivoiriens : le vigile noir était (est toujours) très prisé, particulièrement en région parisienne. Les employeurs n'étaient pas très regardants en ce qui concernait les papiers, les clandestins étant finalement des employés plus fiables, moins enclins à la revendication que les autres... Par le biais des sous-traitances, un vigile un peu dégourdi pouvait créer sa propre entreprise au bout de quelques années et s'installer dans un pavillon de banlieue…Mais pour la plupart c'étaient les chambres sordides partagées à quatre ou cinq dans des immeubles vétustes aux sanitaires défaillants. Et la précarité.
Et puis les attentats de septembre 2001 ont créé un tournant dans le monde de la sécurité : les vigiles noirs sont toujours demandés mais désormais embauchés par des Blancs.
De Camaïeu au magasin Séphora des Champs Elysées en passant par les Grands Moulins de Paris, des années 90 aux années 2000, l'auteur nous fait vivre la journée de ces « debout-payé » au fil d'anecdotes pleines d'humour et de vécu. Des soldes aux mille et une manières de resquiller ; des femmes voilées, des Africaines, des grosses, des maigres, des coquettes, des travestis, des hommes costumés, toute une population qui vient s'habiller, se maquiller ou se parfumer sans se soucier du regard attentif de celui qui surveille… C'est aussi le regard d'un immigré africain sur la société parisienne, qui permet ce décalage humoristique : un oeil neuf qui voit ce qui pour nous n'est qu'évidence et banalité. Et souligne les contradictions des uns et des autres sans aucun tabou.
Un texte à mi-chemin entre l'essai sociologique, le roman, l'autobiographie, un peu décousu, aussi bien par sa forme, que par ses retours en arrière dans le temps qui le rend parfois assez confus, mais qui reste une analyse intéressante d'un métier souvent peu considéré et de la vision raciale qui lui est attachée.
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Dans ma chronique littéraire du roman " Ressources Inhumaines" de Frédéric Viguier je m'interrogeais sur le fait que le métier de vigile était de plus en plus un personnage central de films ou de romans de ces dernières années, ce qui est le cas cette année dans les longs métrages vus en salles comme la Loi du marché, Jamais de la vie ou le méconnu mais pourtant très réussi Que vive .

Observateur qui voit tout en étant parfaitement invisible aux yeux des clients, gardien impassable du temple de la ( sur)consommation, il faut dire que le vigile, de par sa position dans la société, possède un beau statut qui est parfaitement mis en avant dans un roman sorti quelques mois avant ces films dont j'ai parlé, il s'agit de Debout Payé de Gauz, qui fut un des succès venus de nulle part de la rentrée littéraire de 2014.

Paru fin aout 2014, noyé sous le flot des 600 autres roman, le livre sorti en grand format chez petit éditeur le Nouvel Attila s'est écoulé à plus de 20.000 exemplaires et fut récompensé de deux belles courrones, celle du meilleur premier roman français par la rédaction de Lire ainsi que celle de lauréat du prix Gibert-Joseph pour l'année 2014 -,

L'ayant raté à sa sortie, j'ai profité de sa récente publication au livre de poche et de sa sélection dans la dernière session de novembre du prix des blogueurs pour me faire une idée de ce (petit) phénomène littéraire.

La construction du livre de Gauz, très directement liée de ses expériences professionnelles est pour moitié un roman, pour l'autre moitié un recueil d'aphorismes plus légers mais souvent bien mordant et acides, constitués par la liste d'anecdotes et de remarques observées puis consignées par le vigile sur son métier, et sur les clients des magasins ( Sephora des Champs Elysées ou Camiaeu Bastille notamment) où l'auteur a travaillé....suite de la chronique sur le blog

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En apparence et au début surtout, c'est typiquement le genre d'ouvrage à ouvrir, nonchalamment vautré sur son transat en plastique, au bord de la piscine bleu-azur, quand la sono JBL distordue du club cinq étoiles crache à toute volée la kilométrique musique syncopée de la chorégraphie simplissime adoptée pour la chaude saison en cours.

Un encas à consommer sur place si on l'a emporté.

Comme cette musique formatée, ça s'oublie encore plus vite que ça ne se lit : un florilège sous forme de collier factice de courts billets qui s'enfilent sur le lent fil du quotidien relevé au cours des vigilantes journées des vigiles des grands magasins, attentifs et curieux à la diversité de la clientèle qu'ils côtoient stoïquement immobiles.

Tranches de vie.

C'est amusant souvent, carrément  drôle parfois, léger et intelligent toujours mais volatile tout le temps!

Et puis le récit évolue du tout au tout, virage à 180 degrés, comme si on avait brutalement troqué le livre initial contre un ouvrage plus classique dans sa forme ou sa construction.
Au bout d'une trentaine de pages seulement, du futile flori-léger, on passe à l'histoire de Ferdinand, un immigré qui a quitté son petit village de côte d'ivoire pour sous-louer une chambre d'étudiant dans un immeuble parisien sensé appartenir à son pays d'origine.
Nous sommes dans les premières années 70, juste au moment où l'on commence à parler de choc pétrolier.
Ferdinand est portier/vigile aux moulins de Paris. Dans son bel uniforme, il filtre les allées et venues dans la grande fabrique de farine de la capitale.

Portier vigile.

Il voit Giscard arriver à la barre et Ponia barrer la route aux candidats émigrants parce qu'il est fini le bon temps où on ‘invitait' les africains à venir aider les français à absorber la masse considérable de travail lié à la reconstruction post seconde guerre mondiale.
L'hexagone avait besoin de bras, mais…
Une autre époque, un autre monde.

De nouveau quelques bulles ethnographiques scannées au regard pénétrant des vigiles qui sondent les visiteurs pénétrants les temples modernes de la consommation dont ils sont les cerbères et dont les dieux ont pour noms Chanel ou Dior.

Un regard vif et aiguisé qui sait mieux que tout autre étudier la cosmologie humaine environnante.

Une parenthèse avant que ne reprenne le récit de Ferdinand qui a depuis créé sa propre boîte de sécurité où il emploie des gars du pays pour faire vigiles, comme lui, même si, là-bas, ils pouvaient espérer être enseignants et vivre plus dignement que chez des marchands de sommeil.

Désormais, en France, on parle de sans papiers indésirables que l'on est pourtant bien content de trouver pour assurer les missions que ne tiendraient pas des ‘blancs' au coeur même de leur propre capitale et qui, sans cesse, risquent une reconduite à la frontière.

Une autre sphère dans notre propre monde !

Et puis, le World-Trade-Center, la paranoïa galopante généralisée, les conditions pour assurer les postes de sécurité qui se durcissent, le personnel qui doit montrer ‘pattes blanches' pour espérer conserver son emploi.

Le monde du contrôle est révolutionné.

Au fur et à mesure que s'égrènent les années retracées par l'auteur, le métier de ‘debout-payé' est passé au crible de son observation pointue, critique et désabusée qui ne nous épargne volontairement ni les clichés ni les hypocrisies prêtées aussi bien aux immigrés eux-mêmes qu'aux associations qui militent à préserver leurs droits.
Plus une étude ethnologique qu'un véritable roman à proprement parler, ce récit se sera laissé lire sans pour autant provoquer une émotion enveloppante chez moi, peut-être désarçonné par sa forme que j'aurais sûrement préféré plus classique.

Bien sans être inoubliable en fait…
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Prédestiné par son physique à devenir vigile pour des grands magasins, Gauz retranscris son expérience professionnelle dans ce court roman.
Après tout, qui sont ces hommes qui sont partout mais qu'on remarque à peine ? Les observations au vitriol font sourire, mais c'est un sourire bien amer tant ce qu'il observe est désolant pour nous, produits de la société de consommation de masse.

En parallèle de cet aspect purement professionnel, deux personnages, Ossiri et Kassoum, deux immigrés africains observent de façon très pertinente et inédites les différences entre les "riches" Parisiens et les autres.
Cette partie-là en revanche m'a bien plus lassée.

Une curiosité à découvrir malgré tout.
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Difficile de définir « Debout-payé » … A priori je ne le classerai pas dans la catégorie « roman », et pourtant c'est ce qu'il est puisqu'il retrace le parcours d'Ossiri, étudiant ivoirien sans papier atterri en France dans les années 1990 qui va devenir vigile.

Mais cette histoire est ponctuée d'interludes, à partir des choses vues, entendues et pensées lorsque Gauz travaillait comme vigile au Camaïeu de Bastille et au Sephora des Champs-Elysées … Ces interludes font toute la richesse du texte. On y découvre tous les travers humains, pointés avec humour par cet homme en noir qui nous a tous mis mal à l'aise en nous scrutant, comme si on était des voleurs potentiels …

Le tout relevé par le regard caustique de l'auteur sur les dérives de la société actuelle : des enfants mi-rois mi-prisonniers, des relations humaines atrophiées, le culte du tout-paraître, etc. Que ce soit sur les Champs-Elysées ou dans un Camaïeu, la bêtise humaine est universelle, et Gauz ne se prive pas de le montrer. Il dresse ainsi un portrait saisissant de la société française, drôle, riche, sans concession.

C'est aussi un portrait assez dur de ce métier où l'on est payé à l'heure passée debout. Un « ennuyeux exploit de l'ennui. »

« Pour tenir le coup dans ce métier, pour garder du recul, pour ne pas tomber dans la facilité oisive ou au contraire dans le zèle imbécile et l'agressivité aigrie, il faut soi savoir se vider la tête de toute considération qui s'élève au-dessus de l'instinct ou du réflexe spiral, soit avoir une vie intérieure très intense. L'option crétin inguérissable est aussi très appréciable. »

Ces interludes sont finalement le plus intéressant dans le texte, grâce à l'humour caustique de l'auteur, qui nous font voir autrement – et à tout jamais – le métier de vigile …

Pour finir je vous laisse sur la manière dont Gauz dissèquent les réactions des gens lorsque le portique sonne … selon les nationalités ou les cultures !

- le Français regarde dans tous les sens comme pour signifier que quelqu'un d'autre que lui est à l'origine du bruit et qu'il cherche aussi, histoire de collaborer.

- le Japonais s'arrête net et attend que le vigile vienne vers lui.

- le Chinois n'entend pas ou feint de ne pas entendre et continue son chemin l'air le plus normal possible.

- le Français d'origine arabe ou africaine crie au complot ou au délit de faciès.

- L'Africain pointe son doigt sur sa poitrine comme pour demander confirmation

- L'Américain fonce directement vers le vigile, sourire aux lèvres et sac entrouvert.

- L'Allemand fait un pas en arrière pour tester et vérifier le système

- le Brésilien lève les mains en l'air. »

Caricatural, oui ! Mais aussi terriblement réaliste … ;)
Lien : http://missbouquinaix.com/20..
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Surprenant, amusant, triste... voilà ce que j'ai ressenti en fermant ce livre.

Un immigré ivoirien en France, il devient nécessairement "debout-payé", ou en d'autres mots un vigile. Et en tant que debout-payé, on a tout le temps d'observer... Ces observations, dans la bouche de Gauz, sont un petit régal qui nous fait réfléchir.
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Debout payé parle de la vie typique d'un immigré africain d'ancienne colonie française, du premier choc pétrolier dans les années 70 à nos jours, de façon caustique.
Debout payé parle donc de la vie des vigiles Parisiens.
Et comme un vigile a largement le temps d'observer et d'analyser les gens qu'il surveille, Gauz agrémente son livre de petits paragraphes qui sont des réflexions propres à ce métier. Ces pensées sont tour à tour marrantes, grinçantes, ironiques, critiques et instructives.
Debout payé interpelle. Ce qui est toujours intéressant.

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Avis mitigé sur ce livre tant commenté et recommandé....
J'ai apprécié les remarques sarcastiques et drôles mais le style, disons l'architecture du livre m'a parfois gêné.
Cependant, il faut accorder à Gauz un regard intéressant et d'expérience sur notre société, par ses côtés clichés et une histoire très intéressante sur sa vie en Afrique.
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Portrait sans concession, drôle et intelligent, de notre société de consommation à outrance, à travers les yeux d'un sans-papier ivoirien, vigile intérimaire, affecté à défendre les intérêts des magasins des grandes chaines de vêtements ou de produits de luxe contre le méchant pauvre qui veut les délester de quelque marchandise … Et pour « tenir le coup, ne pas sombrer dans l'oisiveté facile ou au contraire dans l'agressivité aigrie et le zèle imbécile, entre se vider la tête de tout ce qui dépasse l'instinct ou le reflexe spinal ou avoir une vie intérieure », l'auteur a choisi.
Et puis c'est aussi l'espoir, l'espoir de sortir de la misère, en relevant la tête, en regardant autour de soi, en repoussant les barreaux qu'on a dans les ghettos – ghettos de pauvres comme ghettos de riches, ghettos de blancs comme ghettos de noirs – et en se découvrant riche de notre propre expérience, de notre ouverture aux autres et au monde.

Très amusant à lire, écrit sans pathos et avec beaucoup d'humour (la description des différentes façons de parler des Africains francophones en fonction de leur nationalité et de leur travers vestimentaire est tout simplement succulent),, voire d'autodérision, même si parfois on rit jaune … (« … en une heure de pause, il s'est enterré dans le parking souterrain « Vinci » exactement : une Maserati, deux Porsche, une grosse Mercedes AMG63, une Ferrari rouge, une Ferrari jaune et trois BMW X6. Soit de quoi construire à Gagnoa un hôpital régional entièrement équipé, payer les salaires du personnel et distribuer gratuitement des médicaments pendant un an. »). Car comment ne pas se reconnaitre dans ces gens pressés qui vont «acheter des habits comme si c'était des denrées périssables ».

Vous ne regarderez plus les vigiles de la même façon …
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Le livre s'ouvre sur le recrutement de vigiles; il s'agit principalement d'hommes africains, Congolais, Ivoiriens, Maliens, Guinéens etc ... engagés pour "rester debout toute la journée dans un magasin, répéter cet ennuyeux exploit de l'ennui, tous les jours, jusqu'à être payé à la fin du mois. Debout-payé." Ils sont embauchés pour travailler chez Camaïeu, ou chez Séphora, ou ils gardent "Les grands moulins de Paris" désertés. A Abidjan, Ossiri était professeur de sciences naturelles avec un salaire qui tombait très régulièrement ; mais il avait voulu partir, voir du pays et s'était naturellement tourné vers la France. Il a connu les cités dortoirs à 40 km de la capitale où il n'y a rien à faire et où on dépense beaucoup en transports, puis l'entraide avec des vieux ivoiriens qui soutraitent la sécurité.
Même si tout n'est pas drôle, loin de là, ils sont innombrables les moments où l'on sourit : "Profil morphologique ... Les noirs sont costauds, les noirs sont grands, les noirs sont forts, les noirs sont obeissants, les noirs font peur."
"... En Chine, il paraît que le mot "fesse" n'existe pas. Là-bas, on dit "bas du dos". On ne peut inventer un mot pour une partie du corps qui n'existe pas."
Dans le Séphora des Champs-Elysées : "Une femme intégralement voilée porte un petit panier dans lequel est posée la bouteille de parfum Lady Rebel de Mango."
Il observe beaucoup Gauz et il a beaucoup d'oreille ; c'est fou toutes les bribes de conversation saisies à la volée qu'il peut retranscrire ; ce qu'il voit, ce qu'il entend est transformé en anecdotes très révélatrices de notre société et de son métier. C'est souvent tout un ensemble de misère qui est décrit là, la France des sans papiers ou l'Afrique pauvre mais, à l'exemple de Kassoum, il y a la joie de vivre qui vient tout magnifier.
Un premier roman assez autobiographique, humain et sensible, écrit avec finesse et humour ; gageons que notre regard sur le prochain vigile rencontré aura changé !
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