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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Jean Teulé a pris l'habitude de ressortir de vieux faits historiques qui se sont perdus dans nos mémoires et de les remettre en perspective. Ainsi, j'avais beaucoup apprécié « Entrez dans la danse » où l'action se situait à Strasbourg en plein coeur du Moyen-Age.

Là, c'est une terrible histoire qui s'est passée en août 1870 à la fin de l'Empire de Napoléon III pendant la guerre avec les prussiens. le cadre sera celui d'un petit village de la Dordogne. Un brave gars va aller dans une fête villageoise où il y a une foire paysanne. Il va se faire lyncher, torturé et brûlé vif avant d'être mangé par la foule en délire alors qu'il pensait être de retour pour boire le thé avec sa mère.

Un simple malentendu sur une plaisanterie va entraîner toute une réaction en chaîne. En effet, on venait d'apprendre la défaite des troupes françaises à Reichshoffen. Il fallait accepter la mauvaise nouvelle et surtout trouver un responsable de ces malheurs.

Alain de Moneys qui passait par là allait le payer de sa vie. On l'accusa d'être un prussien alors qu'il était sur le point d'être envoyé au front pour se battre contre eux et qu'il était plutôt le bienfaiteur de ce village.

C'était tout à fait ridicule mais on n'arrête plus une foule en délire qui veut du sang et de la vengeance gratuite tant la haine du pression était palpable dans ce village très reculé de la frontière. Certains ont essayé comme le curé. D'autres comme le maire ont plutôt été lâche (mangez-le si vous voulez). La justice ne laissera pas ce fait impuni.

L'auteur nous présente ce fait divers comme l'une des anecdotes les plus honteuses de l'histoire du XIXème siècle. Après lecture, je confirme que ce n'est pas exagéré. Encore aujourd'hui, il faut se méfier de la vindicte populaire. Une phrase mal comprise et c'est le bûcher dans la plus grande sauvagerie pour celui qui devient le bouc émissaire.

Les faits seront minutieusement reconstitué à la manière d'un reportage assez sordide.

Bref, on va avoir droit au pire de ce que l'humanité peut offrir. Une lecture qui ne sera pas saine et pour un public très averti.
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J'ai retrouvé toute la puissance du livre de Jean Teulé, avec le dégoût visuel en plus. Un ami qui n'avait pas lu le livre et ne connaissait pas le fait divers a été particulièrement déstabilisé en feuilletant la BD. Il faut dire que ce noir et blanc où les seules touches de couleur sont le rouge sang d'Alain de Moneys poursuivi, battu, torturé par la foule... c'est dérangeant. Mais nécessaire, à mon avis.

Le roman de Jean Teulé a déjà une forte puissance évocatrice. Et rendre cela, ce n'était pas un pari gagné d'avance. Mais le résultat est à la hauteur de l'abomination qui s'est déroulée en cette belle journée d'été 1870 à la foire d'Hautefaye. Sorte d'hallucination collective, de folie de masse, de mouvement de foule, comme on a pu en voir à Abu Graïb par exemple (aux dires des soldats jugés et condamnés). Sur un malentendu, la foule va se mettre à poursuivre Alain de Moneys, fils de riche propriétaire, bien vu de tout le monde et qui a refusé d'acheter un ticket d'exemption pour la guerre contre les Prussiens. Il veut aller combattre. Et c'est toute l'ironie de la chose... il va être pris pour un Prussien dans ce mouvement de folie collective. Car la France subit de lourdes défaites face aux Pruissiens et les paysans ne veulent pas que leurs fils partent à la guerre (cela n'excuse ni ne justifie rien...). Et cette folie est loin d'être passagère... Plusieurs heures durant, il va être torturé, puis sauvé par quelques amis qui voient clair, puis repris et torturé de nouveau, et ainsi de suite. Et il va même être brûlé, cuit et mangé sur des tartines. Il est vrai que la météo est mauvaise, les récoltes désastreuses... mais cela n'excuse rien, bien sûr. Cela fournit un détail macabre de plus à Jean Teulé. Il en raffolait.

Il faut revenir sur ces amis d'Alain de Moneys. Car cela montre un peu d'espoir. Tout le monde ne cède pas à la folie collective. Et je formule le voeux que j'aurais été de ce côté, et non pas de la foule.

Le fait divers est saisissant et dérangeant, malaisant. Tout comme le roman. Tout comme cette BD. Mais cela vaut la peine de s'accrocher jusqu'au bout. Jusqu'au jugement. Jusqu'aux suites plusieurs mois plus tard.
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« Et pourtant, nous étions de braves gens »

Une adaptation graphique de « mangez-le si vous voulez » du regretté Jean Teulé qui est à l'image du roman, à savoir très dérangeante, troublante. Elle vient en effet raconter comment, en une journée d'août 1870, une foule de braves gens, tout à fait comme vous et moi, ont littéralement lynché un jeune homme de passage à la foire du village. Ils l'ont lynché, torturé, brûlé, et même mangé.
On pourrait se dire qu'il n'y a que des monstres pour faire cela. Et pourtant cela serait renier l'horrible vérité à savoir que ce sont de braves gens qui ont commis ces actes atroces. Pas de quoi avoir foi en l'humanité.

Jean Teulé, et ici Gelli dans le cadre de cette adaptation en bande dessinée, s'emparent de ce fait pour en faire un récit factuel. Les faits rien que les faits, pour expliquer l'effet de foule, comment un groupe peut basculer dans la violence la plus extrême et ne plus être capable du moindre discernement.

Le style du dessin est assez particulier, dans des tons très gris où ne dénote que la couleur rouge du sang, à mesure que l'on plonge dans l'horreur.

Une BD très dérangeante, très clairement pas destinée à toutes et tous mais qui est intéressante.
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De qui préférons-nous tenir ? du chimpanzé ou du bonobo ?

Le roman de Jean Teulé a fait son petit effet en son temps, et je ne suis pas sûr qu'il ait valu à son auteur une grosse côte de popularité de la part des périgourdins ! Il faut reconnaître que les faits, avérés historiquement, ne livrent pas une image paisible des autochtones du nord Dordogne de cette époque. Une image que leurs... descendants(?) n'apprécient sûrement pas qu'on mette en avant...
Une image qui cadre mal avec la douceur de vivre d'une campagne vallonnée réputée pour sa douceur de vivre, le foie-gras qu'on y cuisine, les noix, les cèpes et la truffe qu'on y récolte, le Bergerac , le Pineau, le Cognac ou quelque autre nectar plus ou moins fermenté qu'on y peaufine et consomme avec plus ou moins de modération.

Il est d'ailleurs fait allusion page 24 à un cépage appelé Noah qui entrait à l'époque en Périgord dans la composition des nectars précités. Un cépage goûteux à forte teneur en sucre dont la culture fut interdite et les plants arrachés au 20e siècle, quand le corps médical eût démontré sa toxicité pour le système nerveux après fermentation...

Il faisait chaud cet été là, en 1870. Très chaud, même. La sécheresse sévissait depuis des mois et pour la population rurale locale c'était une calamité. A la foire de Hautefaye où traînaient quelques centaines de badauds, une bonne poignée de soiffards s'était déjà pas mal consolée avec une cuvée de Noah, précisément.
Concours de circonstance, c'est à ces soiffards qu'Alain de Money dut son calvaire et son incroyable supplice, pour une allusion à la guerre qu'il fit sans penser à mal et que ces quelques excités prirent pour du défaitisme. Et quel calvaire, quel supplice ! Roué de coups des heures durant, torturé puis brûlé et enfin même un peu mangé, on peine à le croire et c'est pourtant vrai !
Le plus incroyable dans cette histoire c'est l'effet boule de neige, car cette poignée de furieux "patriotes" entraîna vers la complicité active un nombre invraisemblable de suiveurs qui torturèrent toute une longue après-midi d'été ce pauvre de Money, le traînant de place en place pour un chemin de croix pour le moins... diabolique.
Mettre ce chemin de croix en images était une gageure et Gelli s'est mesuré au défi avec brio, je trouve. Son graphisme schématique monochrome est très efficace en noir et blanc, "rehaussé" de moins en moins discrètement par des éclaboussures de rouge, bien sûr.
La dramaturgie franchit les limites du supportable avec notamment l'orgie meurtrière collective dans la bergerie, "agrémentée" d'une scène de copulation très...dérangeante. On se demande s'il fallait oser les images mais Gelli l'a fait, jusqu'au bout, jusqu'au bûcher, jusqu'au cannibalisme.

A-t-il bien fait ? Je ne sais pas.
Ai-je bien fait de prendre cette BD dans ma petite bibliothèque du nord Dordogne où je vis ? Je ne sais pas.
Quoi qu'il en soit, fasciné, j'ai lu et regardé jusqu'au bout, incrédule bien que je connaisse l'histoire, bien que j'aie lu le livre de Teulé et vu à Paris la pièce qu'il en a tirée.
La mise en images est ici au moins aussi efficace, sinon plus, que le livre et la pièce ! Oui, avec sa BD, l'audacieux Gelli m'a chopé plus encore que ne l'avait fait Teulé, je crois.

Les faits-divers sordides ont un indéniable pouvoir d'attraction pour nombre de citoyens ordinaires, dont je suis pour le coup.
Peut-être se demande-t-on inconsciemment l'attitude qu'on aurait eu, si on avait été mis en présence d'une telle folie collective ?

L'homme, parfois bonne pomme, est aussi parfois un drôle de... bonobomme !
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En 1870, une semaine avant de partir à la guerre contre la Prusse, et alors qu'il se rend à la foire d'un village voisin, Alain de Monéys qui est normalement ami de tous, est brusquement désigné comme l'homme à abattre. En l'espace de deux heures, il sera poursuivi, battu, torturé puis brûlé vif par des centaines de personnes. Pourquoi cette rage et cette violence? C'est un malheureux quiproquo qui vient relancer la colère de la foule contre la guerre, la Prusse, et les prussiens.

J'ai lu Mangez-le si vous voulez de Jean Teulé il y a des années. Je me souviens d'une lecture qui m'avait retournée et révoltée. Je remercie Babelio de m'avoir permis de me replonger dans cette horrible histoire, cette fois-ci sous forme de BD.
Pour reparler brièvement de l'histoire, c'est une histoire forte et révoltante. Encore plus lorsqu'on sait que ce qui est raconté c'est vraiment déroulé. On assiste à un déferlement de violence, une montée crescendo de la folie de la foule qui semble de plus se rendre compte de rien, à part de leur colère. Cette violence retombe le lendemain puis dans les jours qui suivent lorsque les procès commencent.
L'horreur et l'écoeurement sont intensifiés par les illustrations. En effet, en lisant le roman de Teulé, on ne peut qu'imaginer les tortures subies par Alain de Monéys. Avec ce roman graphique, on les voit.
Les illustrations sont très bien faites, dans un style réaliste mais en même temps en toute simplicité. On sent monter la violence et la folie de la foule avec des illustrations qui deviennent plus fortes, plus horribles, changeant parfois les visages humains par des créatures. Je pourrai même dire que certaines illustrations font peur. Toutes les illustrations sont en noir et blanc, toutefois des touches de couleur j'ajoutent, notamment le sang qui est en rouge. Et plus on avance dans le roman graphique, plus la présence du rouge s'intensifie, montrant encore la violence et la cruauté de ce qui est infligé à Alain.

C'est une lecture très dure, d'autant plus avec les illustrations qui sont très fortes et qui ne cachent rien. Âmes sensibles s'abstenir!
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Ce roman illustré sur la mort d'Alain de Moneys un jeune homme plein d'ambition qui malgré son handicap allait faire les guerres napoléoniennes envers la prusse. Mais 2 jours avant de partir il lui fallu aller à la foire d'Hautefaye un petit village périgourdin. Et ce jour lui fut fatidique il fut lynché, torturé, brûlé vif et même mangé comme un vulgaire animal donner ne pature. Comment un telle frénésie a pu prendre les habitants de ce petit village et comment rien n'a pu être fait ce roman graphique signé Gelli reprend le roman de Jean Teulé.
Mon avis : c'est un livre plus que compliqué je n'ai pas été attirée par les dessins mais je voulais connaitre le psychologique derrière cette folie humaine qui a pris des centaines de périgourdin. Cette folie qui les a conduit a tuer un homme de sang froid. J'ai été bouleversée et je n'ai pas pu m'arrêter de lire et de passer ces images aux peignes fins pour remarquer les traits tirés des personnages mais surtout de Alain lui qui subi les revers d'une bien triste histoire.
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Une BD insoutenable dont on ne peut pourtant se défaire.
Servie par un puissant dessin noir et blanc au lavis parsemé de rouge sang, l'histoire est celle d'un fait divers de 1870 rendu célèbre par Jean Teulé dans son roman éponyme.
Tout part d'un "mal entendu" qui va conduire une foule galvanisée à poursuivre un homme profondément bon et à le mener vers une fin inéluctable malgré un petit groupe d'hommes qui tentera inlassablement de le sauver.
La foule devenue bête indomptable assoiffée de vengeance s'acharne sur cet homme qui incarne l'ennemi prussien.
La haine est palpable autant que l'écho au monde contemporain qui, à travers l'effet incontrôlable des réseaux sociaux nourrissent certains de "fake news".
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Un fort parti-pris graphique préside à cet album.
Tout en noir et blanc, à l'exception de giclées de rouge pour le sang.
Ce n'est pas révolutionnaire, mais c'est efficace. Et cela convient bien à ce méphitique faits-divers historique.
La présence d'une carte au début de chaque chapitre permet de restituer la fureur du village dans toute sa spatialité restreinte.

Un homme mis à mort puis au feu suite à un enchaînement de malentendus, sur fond de fierté cocardière de parade.

Une histoire incroyable, mise en mots par Jean Teulé et savamment transposée par Dominique Gelli.
À lire en cas d'excès de foi en l'humanité !
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