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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
J'ai adoré ce huis clos qui, loin d'être étouffant, nous fait prendre un grand bol d'air marin. C'est bien écrit, les personnages sont parfaitement campés. Par ailleurs j'ai été ravie de découvrir ces îles et leur faune. Quoi de mieux que de lire un bon roman et de se cultiver et nous fait voyager ?
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Ce très beau roman où la nature des côtes déchiquetées des Farallon Islands, cinquante kilomètres environ au large de San Francisco, sert magnifiquement un huis clos pathétique, violent, rarement tendre, ne sombrant jamais dans le mélo, avec des personnages hauts en couleurs, portant tous leurs mystères, quelques fois dévoilés peu à peu, d'autres fois dissimulés à jamais.

L'héroïne, Miranda, trentenaire célibataire, photographe aventurière, est venue passer une année avec un groupe de biologistes, année au cours de laquelle elle pourra photographier requins, baleines, éléphants de mer, phoques et une variété infinie d'oiseaux, dans ces îles hostiles où elle verra s'écouler saisons et événements qui impacteront irrémédiablement sa vie.

Dès les premières pages, on apprend que Miranda est orpheline de sa mère, tuée dans un accident de la circulation alors qu'elle-même était agée de seulement quatorze ans. Et depuis vingt ans, elle lui écrit quotidiennement, confiant ses lettres qui ne seront jamais lues au hasard des postes, glissées dans des murs, des arbres ou sous des pierres. Miranda est donc la narratrice de son aventure humaine, de sa jeune vie privée prématurément de l'amour maternel et de tout l'accompagnement d'une mère pour aborder l'existence. Ses lettres relatent essentiellement du factuel, les événements survenus sur les îles, mais aussi de nombreux retours sur sa vie passée qui mettent en évidence le manque de cette mère, manque devenant encore plus intense dans les suites de son vécu sur les îles.

Malgré ce manque flagrant, Miranda est une vraie héroïne, une combattante, attentive et curieuse, dévoilant quand même quelques secrets à ceux de ses compagnons qui lui paraissent développer les meilleures qualités d'écoute. Au fil ses lettres, elle analyse les personnalités de ses partenaires, deux femmes et quatre hommes, elle sent la haine à son égard s'installer chez l'une d'elles, Lucy, elle découvre les attentions désintéressées de l'un des hommes, Mick, la violence sexuelle d'un autre, Andrew, les qualités d'observation et de compréhension de Galen, sans doute le plus mystérieux qui partagera avec elle quelques-uns de ses secrets.

Ce huis clos se déroule dans un univers maritime grandiose avec l'approche des grands maîtres de la mer, requins, baleines, mais aussi phoques et goélands meurtriers. Les images des animaux, des tempêtes, des nuits pluvieuses, orageuses, venteuses, des ciels étoilés, du cycle de vie des animaux, leur reproduction, leurs destins et aussi ceux des humains, finalement assez proches, avec quelquefois plus de méchanceté et de volonté de détruire.

Miranda livre aussi de belles analyses sur la photographie, ces prises d'images instantanées au travers desquelles elle ne perçoit pas toujours la réalité de l'instant vécu. Elle sera d'ailleurs amenée à réaliser quelques photos volées d'amour humain, décrites avec délicatesse par Abby Geni.

Et toute cette délicatesse, celle de l'héroïne notamment, côtoie une violence qui par moments s'exacerbe, trouvant des points d'orgue saisissants, en une construction romanesque indéniablement très réussie qui fait de Farallon Islands un superbe roman de nature, d'amour et de mort.
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Je ne sais pas vous mais j'ai un gros défaut, quand je ne sais pas quoi lire, je vais fouiller dans le fond des maisons d'édition que j'affectionne.
Et donc, en me baladant dans le catalogue Actes Sud, je me suis arrêtée sur le premier roman d'Abby Geni, Farallon Islands.
C'est Miranda qui prend la parole sous la forme d'une longue missive adressée à sa mère, morte depuis une vingtaine d'années. Un décès qui a profondément marqué Miranda au point qu'elle n'a jamais cessé d'envoyer des lettres à sa mère défunte. Afin de fuir une réalité, Miranda part vers un archipel inhospitalier, peuplé de cormorans, de requins blancs, de baleines et d'éléphants de mer. Elle y rejoint six scientifiques ayant chacun sa spécialité. Miranda, elle, est photographe. Elle s'est rendue aux quatre coins du monde pour figer sur pellicules paysages et animaux sauvages. Mais les iles Farallon sont dangereuses et parfois mortelles. C'est ce qu'elle va découvrir pendant cette année passée là-bas.
Roman sur la nature sauvage, sur des espèces qui vivent dans ce milieu où l'homme n'a pas sa place, c'est aussi un roman profondément noir, un texte sur la résilience, sur le déni, sur l'oubli, de soi, de la réalité.
Le texte, comme les personnages, est magnifique. On ressent autant la violence des âmes que celle de cette nature. La vie est parfois injuste, pour les animaux comme pour les humains, et Miranda devra faire comme tout être vivant : « faire avec ».
A lire, pour la beauté du texte, pour celle des images que les mots décrivent, pour ces instants de communion avec la nature et pour un dénouement inattendu.

Lien : http://www.evadez-moi.com/ar..
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J'ai beaucoup aimé ce roman. Une atmosphère particulière, palpable. Des personnages uniques et attachants. La nature, la faune , les personnages… tout est lié. Et par-dessus tout une histoire profonde. Je pense que je vais lire les autres romans de cet auteur. C'est certain.
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Les îles Farallon, situées à 30 miles au large de la côte de San Francisco, sont un archipel isolé qui regorge de vie marine. Autrefois appelées "îles des morts", elles sont composées de granit ancien, escarpé et pourri, hostile à la civilisation, les animaux y étant encore souverains !

En été, les îles sont recouvertes d'un mur de brouillard. Pendant la saison des oiseaux, les goélands vous fracasseront le crâne et vous arracheront les yeux si vous ne portez pas d'équipement de protection. Les îles sont envahies par les rongeurs et une odeur âcre domine l'air : guano, ammoniaque, souris, sel et moisissure. Les scientifiques sont relégués au second plan par rapport à la faune, et sont là pour observer sans intervenir, même si un animal est blessé et qu'ils en ont l'occasion, ils sont là pour observer, prendre des notes, photographier, mais en aucun cas, ils ne peuvent intervenir dans la vie des animaux, peu importe la façon. Il n'y a que Louise qui va ramener un poulpe, Oliver, qui deviendra l'animal de compagnie des résidents.
Malgré les difficultés, le paysage indomptable inspire six biologistes marins et la protagoniste du roman, Miranda, une photographe de nature. Les scientifiques - Mick, Galen, Forest, Lucy, Andrew et Charlene - sont chargés d'étudier la vie marine, chacun selon sa spécialité. Quelques-uns sont restés pendant des années, et d'autres vivent ici indéfiniment. Ils vivent dans une cabane de construction rudimentaire et survivent sans technologie (à l'exception d'une télévision qui n'émet que du son). Un talkie-walkie permet de joindre le continent en cas d'urgence.

Le temps est mesuré par les cycles des saisons d'accouplement : requins, phoques, baleines et oiseaux de mer. "Les îlots sont les étoiles centrales d'une galaxie de vie marine. Les oiseaux et les phoques constituent la constellation intérieure... les grands requins blancs... sortis de leur orbite mystérieuse pour s'attarder au large. Les baleines, telles des comètes lointaines...." L'archipel est un univers autonome, et la vie marine en est le centre névralgique. Les scientifiques étudient les animaux avec respect, sans corrompre ni altérer l'écosystème.

Miranda est arrivée récemment, elle vient de commencer sa mission d'un an. Elle découvre qu'il existe un accord pour ne pas parler de son passé et pour ne pas divulguer ses affaires personnelles. Pour elle, les habitants sont aussi éloignés que les îles et se présentent.

La vie quotidienne des scientifiques est entrecoupée par les monologues intérieurs de Miranda, sous la forme de lettres mélancoliques à sa mère décédée depuis ses quatorze ans. Depuis vingt ans, elle envoie des lettres du monde entier en les adressant à "Maman", sachant qu'elles finiront au "bureau des lettres mortes". Sa relation avec son père est cordiale, mais distante, toujours à l'écart. Elle est à la recherche d'un foyer et d'une stabilité, mais jusqu'à présent, le sentiment de permanence lui échappe. Alors, elle voyage et photographie les différents paysages et les faunes que ce soit en Afrique, dans le désert, en Arctique, en Australie, au Canada. Elle est toujours accompagnée de ses appareils photo, les numériques et les autres qui portent tous un nom qu'elle leur a donné. Lorsqu'elle en perd un dans un accident, elle l'enterre. J'ai aimé cette passion, cette relation avec "ses enfants". Elle développe ses photos dans sa chambre noire située dans le grenier chez son papa, chez elle, une maison dans laquelle rien n'a changé depuis le décès de sa mère.

Dans le prologue, Miranda quitte les îles, un sentiment de malveillance et de danger personnifié par le comportement sauvage des mouettes alors qu'elle se précipite vers le ferry. La prose de Geni, pleine d'images, tour à tour hachée, commande l'histoire dès les premières pages. le leitmotiv photographique de l'auteur reste dominant tout au long de l'ouvrage. Par exemple, Miranda se souvient d'avoir appris l'angle hollandais : "Utilisé pour l'effet dramatique. Une inclinaison qui déséquilibre le spectateur. Il peut traduire la désorientation, le malaise, l'ivresse, voire la folie".

La compulsion de Miranda à écrire à sa mère et sa passion pour la photographie sont inextricablement liées : archiver des souvenirs ou en créer. "Chaque fois que nous nous souvenons de quelque chose, nous le changeons... J'imagine mes souvenirs comme les pièces d'une maison. Je ne peux pas m'empêcher de modifier les choses lorsque j'entre à l'intérieur... Mon travail est l'ennemi de la mémoire...". "Se souvenir, c'est réécrire. Photographier, c'est remplacer. Les seuls souvenirs fiables... sont ceux... oubliés. Ce sont les chambres noires de l'esprit."

Entre la faune sauvage et les scientifiques secrets, le lecteur fera l'expérience d'une présence troublante en l'absence d'explication. de plus, un fantôme mythique errerait sur les lieux, souvent aperçu en période de stress. Dans l'atmosphère obsédante de l'histoire, la violence est précoce et les mystères s'intensifient au fil des saisons.
Le personnage principal, Miranda (appelée par les autres qui ne lui montrent que peu de sympathie), l'appelle Melissa, elle n'aura pas le temps de leur dire qu'ils se trompent.

Les thèmes de la perte, du rétablissement, de la rédemption qui vous suivent sont abordés dans ce récit sinistre aux genres variés. Geni combine subtilement une histoire du monde naturel à un mystère plein de suspense.
Un excellent premier livre (2016) que je vous conseille vivement, que ce soit pour le sujet, la prose, les descriptions de la nature, les mystères...

Ps: Véronique Hamelin : ci-joint une vidéo en anglais, mais ça n'a pas d'importance, tu vois la façon dont les scientifiques soulevés dans les airs afin d'atteindre les îles Farallon, la maison où ils vivent... Très intéressant ! es îles Farallon, situées à 30 miles au large de la côte de San Francisco, sont un archipel isolé qui regorge de vie marine. Autrefois appelées "îles des morts", elles sont composées de granit ancien, escarpé et pourri, hostile à la civilisation, les animaux y étant encore souverains !

En été, les îles sont recouvertes d'un mur de brouillard. Pendant la saison des oiseaux, les goélands vous fracasseront le crâne et vous arracheront les yeux si vous ne portez pas d'équipement de protection. Les îles sont envahies par les rongeurs et une odeur âcre domine l'air : guano, ammoniaque, souris, sel et moisissure. Les scientifiques sont relégués au second plan par rapport à la faune, et sont là pour observer sans intervenir, même si un animal est blessé et qu'ils en ont l'occasion, ils sont là pour observer, prendre des notes, photographier, mais en aucun cas, ils ne peuvent intervenir dans la vie des animaux, peu importe la façon. Il n'y a que Louise qui va ramener un poulpe, Oliver, qui deviendra l'animal de compagnie des résidents.
Malgré les difficultés, le paysage indomptable inspire six biologistes marins et la protagoniste du roman, Miranda, une photographe de nature. Les scientifiques - Mick, Galen, Forest, Lucy, Andrew et Charlene - sont chargés d'étudier la vie marine, chacun selon sa spécialité. Quelques-uns sont restés pendant des années, et d'autres vivent ici indéfiniment. Ils vivent dans une cabane de construction rudimentaire et survivent sans technologie (à l'exception d'une télévision qui n'émet que du son). Un talkie-walkie permet de joindre le continent en cas d'urgence.

Le temps est mesuré par les cycles des saisons d'accouplement : requins, phoques, baleines et oiseaux de mer. "Les îlots sont les étoiles centrales d'une galaxie de vie marine. Les oiseaux et les phoques constituent la constellation intérieure... les grands requins blancs... sortis de leur orbite mystérieuse pour s'attarder au large. Les baleines, telles des comètes lointaines...." L'archipel est un univers autonome, et la vie marine en est le centre névralgique. Les scientifiques étudient les animaux avec respect, sans corrompre ni altérer l'écosystème.

Miranda est arrivée récemment, elle vient de commencer sa mission d'un an. Elle découvre qu'il existe un accord pour ne pas parler de son passé et pour ne pas divulguer ses affaires personnelles. Pour elle, les habitants sont aussi éloignés que les îles et se présentent.

La vie quotidienne des scientifiques est entrecoupée par les monologues intérieurs de Miranda, sous la forme de lettres mélancoliques à sa mère décédée depuis ses quatorze ans. Depuis vingt ans, elle envoie des lettres du monde entier en les adressant à "Maman", sachant qu'elles finiront au "bureau des lettres mortes". Sa relation avec son père est cordiale, mais distante, toujours à l'écart. Elle est à la recherche d'un foyer et d'une stabilité, mais jusqu'à présent, le sentiment de permanence lui échappe. Alors, elle voyage et photographie les différents paysages et les faunes que ce soit en Afrique, dans le désert, en Arctique, en Australie, au Canada. Elle est toujours accompagnée de ses appareils photo, les numériques et les autres qui portent tous un nom qu'elle leur a donné. Lorsqu'elle en perd un dans un accident, elle l'enterre. J'ai aimé cette passion, cette relation avec "ses enfants". Elle développe ses photos dans sa chambre noire située dans le grenier chez son papa, chez elle, une maison dans laquelle rien n'a changé depuis le décès de sa mère.

Dans le prologue, Miranda quitte les îles, un sentiment de malveillance et de danger personnifié par le comportement sauvage des mouettes alors qu'elle se précipite vers le ferry. La prose de Geni, pleine d'images, tour à tour hachée, commande l'histoire dès les premières pages. le leitmotiv photographique de l'auteur reste dominant tout au long de l'ouvrage. Par exemple, Miranda se souvient d'avoir appris l'angle hollandais : "Utilisé pour l'effet dramatique. Une inclinaison qui déséquilibre le spectateur. Il peut traduire la désorientation, le malaise, l'ivresse, voire la folie".

La compulsion de Miranda à écrire à sa mère et sa passion pour la photographie sont inextricablement liées : archiver des souvenirs ou en créer. "Chaque fois que nous nous souvenons de quelque chose, nous le changeons... J'imagine mes souvenirs comme les pièces d'une maison. Je ne peux pas m'empêcher de modifier les choses lorsque j'entre à l'intérieur... Mon travail est l'ennemi de la mémoire...". "Se souvenir, c'est réécrire. Photographier, c'est remplacer. Les seuls souvenirs fiables... sont ceux... oubliés. Ce sont les chambres noires de l'esprit."

Entre la faune sauvage et les scientifiques secrets, le lecteur fera l'expérience d'une présence troublante en l'absence d'explication. de plus, un fantôme mythique errerait sur les lieux, souvent aperçu en période de stress. Dans l'atmosphère obsédante de l'histoire, la violence est précoce et les mystères s'intensifient au fil des saisons.
Le personnage principal, Miranda (appelée par les autres qui ne lui montrent que peu de sympathie), l'appelle Melissa, elle n'aura pas le temps de leur dire qu'ils se trompent.

Les thèmes de la perte, du rétablissement, de la rédemption qui vous suivent sont abordés dans ce récit sinistre aux genres variés. Geni combine subtilement une histoire du monde naturel à un mystère plein de suspense.
Un excellent premier livre (2016) que je vous conseille vivement, que ce soit pour le sujet, la prose, les descriptions de la nature, les mystères...
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Je reviens enchantée de ce séjour sur les îles Farallon, par l'histoire, par la Nature décrite avec poésie et réalisme, par l'héroïne et par ses compagnons (sauf un...), admirant les descriptions des animaux, de l'environnement, maitrisées par l'auteur. Mais surtout, malgré les tragédies, par le formidable message de résilience et d'espoir que ce roman transmet. le profil, physique, psychologique, de chaque personnage, net, visible, par quelques traits de plume... La mère, absente, toujours présente, la mer présente à chaque instant, que l'on peut quitter sans cesser d'aimer.
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Quel bonheur ce livre. Tout ce que j'aime. J'ai eu beaucoup de mal à le lâcher pour faire autre chose.
L'auteur distille un peu de nature, un peu de météo, un peu de biologie et bien sûr une mort. L'ambiance dans cet univers clos y est pour beaucoup. La construction du roman au travers de lettres à une mère morte qui sont envoyés dans un Bureau des lettres mortes pour l'aider construit l'histoire.
Les personnages sont atypiques, fort réels et mystérieux.
Par ce premier roman, l'auteure frappe fort.
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Photographe de paysages extrêmes, Miranda, la narratrice de cette histoire, rêvait de vivre une année dans ces îles de roches ingrates entourées d'eaux noires et tourmentées. D'abord hissée le long des falaises à l'aide d'une grue, Miranda logera dans une baraque humide infestée de rongeurs en compagnie de cinq biologistes obsédés par leur spécialité et d'une stagiaire.
De nombreux animaux marins ou célestes se succèdent au cours de l'année et leur arrivée annonce les saisons comme elle déclenche l'enthousiasme exalté des spécialistes de l'espèce surgie.
Pourtant une menace guette, sournoise, sur ces îles dangereuses avec leurs roches friables aux trouées subites, avec ces animaux qu'un rien agite et ces chercheurs asociaux nimbés d'une inquiétante étrangeté

Dans une langue superbe portée par l'héroïne qu'un deuil a rendue aussi aveugle à elle-même que lucide sur les autres, Abby Geni déploie un monde dénudé d'une infinie richesse. Elle nous plonge dans une brume sombre auréolée de lumière et nous achemine à aimer ces quelques hommes dépouillés de tout, fous de leur faune comme les ermites le sont de Dieu
Lien : https://trancheslivres.wordp..
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Miranda, jeune femme de trente cinq ans, photographe, arrive dans les îles Farallon pour y faire un reportage qui doit durer un an. Ces îles perdues au large de San Francisco, sont difficiles d'accès et inhabitées, excepté celle du sud-est, qui abrite une station de recherche où cohabitent des scientifiques, des biologistes spécialisés, Galen le responsable, encadre Forest avec qui il observe les requins, Andrew et Lucy, ornithologues, Mick, specialiste des mammifères marins et Charlene, une jeune stagiaire. La jeune femme dès le début, est appelée par erreur Melissa, sans qu'elle ne cherche à corriger ses interlocuteurs, une attitude qui s'explique par l'état d'abstraction au monde qu'elle ressent depuis vingt ans, depuis la mort accidentelle de sa mère, une mort qui l'a laissée en suspend et qui la pousse à lui écrire des lettres qu'elle envoie sans y apposer d'adresse.
Dès son arrivée, la jeune femme ressent les tensions, les obsessions de chacun, enfermés dans leur spécialité, taiseux, se retranchant dans leur espace réservé mais exigu une île battue par tous les vents, une situation à laquelle s'ajoute un isolement physique, les visites du bateau ravitailleur dependant des conditions climatiques difficiles. Les scientifiques sont surtout confrontés chacun à leurs sujets d'études, des milliers d'oiseaux qui crient, agressent pour protéger leurs oeufs et déposent des montagnes de déjections, des requins qui dévorent les morses, les éléphants de mer qui s'entretuent, mais cette nature offrent également des éblouissements avec les chants de baleines et la danse des dauphins.

Un coup de coeur avec Farallon islands, un roman angoissant, à la limite du thriller, avec ce huis clos dans lequel des êtres enfermés dans leur propre solitude doivent cohabiter et partager des moments contraints et forcés. Des événements dramatiques, accidents, blessures, décès vont pousser les suspicions et doutes chez certains des protagonistes, renforçant encore les tensions existantes.
Un roman réussi, qui tient en haleine et maintient une tension tout au long de son déroulement.
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Un roman haletant et inclassable. Un huis clos sur un archipel déchiqueté et inhospitalier; une poignée de scientifiques absorbés par l'étude quasi obsessionnelle des oiseaux et des grands mammifères marins. Un environnement hostile mais fascinant, saisi dans les objectifs de la nouvelle arrivée, photographe animalière de l'extrême, Des solitudes qui se croisent, un fantôme, de réels dangers, des menaces, et parfois aussi un peu de chaleur humaine... Une structure romanesque qui alterne narration "en direct" et analyse en abyme quand la protagoniste couche ses impressions et réminiscences dans des lettres à sa mère morte. Mystères et rebondissements... Une trame dense et rapide. Un petit bijou.
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