Au mois de février 1818, l'abbé Vianney était nommé curé d'Ars (2). Il arriva dans sa paroisse le 9 du même mois. Nul dans ce village ne se doutait de ses rares vertus; mais elles ne restèrent pas longtemps ignorées. Aux renseignements livrés par quelques fidèles d'Écully, s'ajoutèrent les observations de ceux qui fréquentaient l'église d'Ars. Ceux-ci constatèrent
très tôt que leur nouveau curé avait « quelque chose d'extraordinaire surtout quand il priait, et ils eurent l'intuition de posséder un saint. Le bon sens n'était pas altéré alors dans les populations de notre France comme il l'est à présent; on savait mieux discerner les hommes.
Dans la Dombes, comme dans presque toutes les provinces de France, la plupart des gens croupissaient dans l'indifférence religieuse, esclaves des intérêts matériels et de la sensualité. La paroisse de l'abbé Vianney avait été l'une des plus ravagées par le mal. C'était une conquête d'âmes qu'il fallait y entreprendre.
Sa vigueur physique solidement constitué, il jouissait alors de la plénitude de ses forces lui permettait d'accomplir, on sait comment, sa tâche quotidienne, malgré les dures mortifications qu'il s'imposait. Et son énergie morale était plus forte encore. Les qualités de la race lyonnaise, il les possédait toutes, et sa culture ascétique les avait très heureusement développées. C'était un beau type de volontaire persévérant, d'ardent équilibré, d'esprit de grand sens et de parfaite rectitude.