Comme le dit le commentaire de la quatrième de couverture, oui, nous pouvons penser à
Jane Austen en lisant ce roman mais on peut aussi penser (un tant soit peu) à Downton Abbey : nous sommes à Sible Pelden, un petit village de l'Essex, et la jeune Viola, sans aucune ressource après le décès de son père et de son mari, vient se réfugier chez ses beaux-parents, Mr et Mrs Wither. Ils vivent aux Aigles avec leurs filles, Madge et Tina, deux vieilles filles qui subissent le mode de vie terne et radin de leur père. de l'autre côté du bois vivent les Spring, la mère, le fils, sa cousine orpheline et son amie d'enfance que tout le pousse à épouser. Ils sont riches, entreprenants, ils vivent dans le luxe et les plaisirs (le travail aussi pour Victor), sauf pour la cousine, intellectuelle incomprise qui n'attend que sa majorité pour décamper. Entre les deux, il y a les domestiques, notamment Saxon, le chauffeur de Mr Wither (quand je vous disais qu'il y avait un peu de Downton Abbey).
Différences de classes sociales, rêves et désillusions, transgressions, veuves joyeuses (ou pas), couples rassis, ragots de village, tout y est, y compris le final conte de fées pour un des couples. Ce roman parle des femmes et de l'amour, de toutes les aspirations en ce domaine au cours des années 30 (le roman a été publié en 1938) : vendeuses, midinettes, intellectuelles en mal de reconnaissance, servantes, ladies campagnardes, fortunées étourdies de plaisirs frivoles, Stella Gibbons nous en présente une belle brochette, non sans une pointe de causticité parfois. Amour amitié, amour coup de foudre, amour envers un animal de compagnie, amour languissant, amour constant, là aussi la palette est variée. Les hommes doivent soutenir ces dames, leur apporter le confort matériel, la sécurité, les plaisirs qu'elles attendent de la vie, tout en les laissant combler des aspirations qui ne portent pas encore le nom de féminisme, loin de là. Finalement, femmes et amour se conjuguent avec argent, et je me demande si la romancière n'a pas voulu créer un livre autour de ce moteur fondamental des relations sociales.
Stella Gibbons peint ces différents tableaux dans un récit construit, où les détails apparemment sans importance auront des conséquences, prévisibles ou inattendues. Elle émaille son texte de réflexions sur la vanité de certains comportements frivoles, alors que l'époque des années 30 est troublée, mais il n'y a aucune allusion vraiment historique.
Je découvrais l'auteur avec ce titre. En fait, la lecture n'a pas été désagréable, je suis allée au bout des 500 pages sans déplaisir (malgré quelques longueurs) mais… il m'a manqué un petit quelque chose, je ne sais trop quoi, pour être vraiment emportée. Ca ne m'empêchera pas de tenter un autre titre comme
Westwood ou
le Célibataire.
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