- Bah, le Bleu Klein n'est pas vraiment original, lui non plus, continua Kevin, mais dans un monde où il suffit d'aller chez Mr. Bricolage et d'y faire mélanger la première couleur venue sous vos yeux, la question vire à l'académisme. Il ne reste tout simplement plus aucun coin sombre, inexploré, que tu puisses coloniser, Randall. La palette n'est pas épuisée, elle est saturée. (p. 163)
"Le langage du corps exprime la critique d'art aussi bien que celui des mots."
L'art est la pratique occulte de l'omniprésence, la faculté de s'imposer aux regards sans être là.
Dialogue de Vincent l'auteur à Justine femme de Randall !!!
- Ce n'est pas un livre.
- Tout ce truc « je ne le mérite pas ››...
]'ai toujours envie de le lire, tu sais. Vraiment.
- C'est pas fait pour être lu.
- Pourquoi ? À cause des peintures ?
P306
Ces milliers d’œuvres, la place qu'elles tiennent dans les galeries, les musées, les maisons.
Cela ne signifiait rien pour lui,
si elles n'aidaient pas les gens à penser,
ne faisaient pas tomber une nouvelle pluie de pensées en eux et autour d'eux.
p394
Randall faisait naître l'art, à même l'air.
Il poussait sur son chemin.
En sa présence, quand il pleuvait, il pleuvait de l'art.
Son art purifiait l'air, il rendait leur parfum aux choses.
Et quand il pleuvait, c'était une déferlante.
p194
Le langage du corps exprime la critique d'art aussi bien que celui des mots.
Le danger du succès, c'est d'échouer à grandir en proportion, comme artiste. Il faut devenir meilleur à mesure qu'on devient célèbre. (p. 153)
[...] N'oubliez pas, ce n'est pas seulement votre tableau que vous leur vendez, pour accrocher à leur mur. C'est la propriété de ce tableau. Vous leur vendez le droit de tirer profit de votre oeuvre d'art à l'avenir, et pour une somme potentiellement beaucoup plus importante que celle que vous en tirez [...]
(p. 145)
Une expo d'art contemporain, disait toujours Randall, est beaucoup plus intéressante qu'une exposition dans un grand musée, parce que tout ce qu'on y voit présente le risque d'être la plus vaine, la plus vide, la plus indéfendable et irrécupérable merde qu'on puisse imaginer. Non que ces dernières expositions ne contiennent pas leur part de merde, mais en art contemporain, personne n'a décrété à l'avance que ce qu'on voit est bon, on est livré à soi-même. (p. 91)