« La note », le titre de ce roman, a déclenché mon imagination : est-ce celle d'une musique ? Il y a la note harmonieuse, et celle qui produit un couac. Est-ce celle que l'on doit lorsqu'on a acheté quelque chose, celle que l'on devra bien régler un jour pour une erreur commise ? C'est un peu des deux que l'auteur nous tend… A force de jouer des fausses notes, on détruit une belle oeuvre musicale qui était à l'origine prodigieuse, à force de miser sur n'importe quoi, on risque bien de détruire l'humanité et de descendre aux enfers.
J'ai écrit « roman ». Mais en est-ce vraiment un ? On oscille durant quelques pages : tout d'abord nous entrons de plein fouet dans la science-fiction, mais nous révisons ensuite notre jugement. Je parlerai alors de roman d'anticipation ou d'essai philosophique. Voilà donc qui change tout !
Le « ça »… Qu'est ce donc que le « ça » ? L'instant de bascule, celui de la catastrophe qui a détruit tout ce qui existait sur notre terre… mis à part une centaine de rescapés. On ne sait pas vraiment ce qui a provoqué ce drame, à chacun de l'envisager. Il y a donc un avant et un après le « ça ». L'avant c'est plus ou moins le monde que nous connaissons, notre réalité, l'après nous transporte dans un décor de science-fiction, car il faut bien imaginer ce qui n'est jamais encore advenu sur notre terre.
Le tout forme un récit dans lequel l'auteure fait une féroce critique de notre société à travers une caricature satirique de notre monde contemporain. Attachez vos ceintures, car vous risquez bien de prendre peur : le « ça » nous pend au nez et croyez-moi, cela fait peur, car nous mesurons l'étendue des dégâts dont nous sommes responsables ! Est-ce trop tard pour changer la donne ? L'écologie, la politique, l'intelligence artificielle, nos croyances erronées, notre société de consommation ultra industrialisée, le sens de la vie, de la beauté… tout est passé au crible. D'ailleurs, sommes-nous finalement très surpris par la menace ainsi prononcée ? Non. Mais en refermant le livre, nous n'avons plus qu'un objectif : l'éviter et croire à un changement.
Il existe bien sûr une intrigue puisque des personnages ayant survécu au « ça » se retrouvent asservis au dictateur s'étant autoproclamé maitre de la nouvelle terre à reconstruire. Mais ceux-ci sont prioritairement les « bouches » par lesquelles
Zoé Gilles fait passer le message.
« La note » résulte certainement d'un énorme travail de recherche que je salue et qui me bluffe. La lecture demande une certaine concentration, mais elle est nécessaire et porteuse de réflexions dont on ne peut faire l'impasse dans notre monde actuel. Un seul petit regret : l'action en souffre un peu. Mais le jeu en vaut la chandelle !
Je recommande la lecture de « La note »