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Critique de Lamifranz



Paru en 1948, ce roman est le cinquième et dernier du cycle du hussard, alors que chronologiquement, il a été édité le premier ! Rien de plus curieux en effet que ce « Cycle du Hussard » : suivant en effet que l'on choisit l'ordre chronologique de l'action ou celui de l'édition, on obtient un ordre différent : le suivi historique de l'action commence avec « le Bonheur fou » (1820), suivi par « Les Récits de la demi-brigade » (1830), « Angelo » (1832), « le Hussard sur le toit » (1832) et se termine avec « Mort d'un personnage » (fin du XIXème siècle). L'ordre éditorial commence avec « Mort d'un personnage » (1948), suivi de « le Hussard sur le toit » (1951), « Angelo » (1953), « le Bonheur fou » (1957) et finit avec « Les Récits de la demi-brigade » (posthume, 1972).
Pourquoi donc commencer par la fin ?, me demanderez-vous, avec votre sagacité habituelle. C'est une histoire compliquée : au départ Giono avait en tête une décalogie (10 volumes) qui raconterait trois générations d'Angelo : Angelo I, réfugié politique italien, arrivé en France autour de 1820, son fils Angelo II, vivant sous la 2ème république (1848-1851) et son petit-fils Angelo III à la fin du siècle. le projet se déroulerait en deux séries de romans, la première de romans « anciens », la seconde de romans « modernes ». Bien entendu, rien ne se fait comme prévu : l'ordre n'est pas respecté et Giono n'écrit pas dans l'ordre chronologique de l'action. « Mort d'un personnage » paraît en 1948 chez Grasset.
Un personnage ? Oui, mais lequel ? A ce stade de l'histoire il ne reste qu'un personnage majeur du « Cycle du Hussard », Pauline de Théus.
L'histoire est racontée par Angelo Pardi, troisième du nom. Pauline est sa grand-mère. Mais c'est une Pauline âgée, aveugle, presque sourde qui vit dans un monde à elle où Angelo – son Angelo – a encore sa place. Ou plutôt l'absence d'Angelo, cette chose qui gangrène sa vie. Toujours belle, élégante, elle vit dans une sphère où elle est seule. Son petit-fils, qui l'adore, s'occupe d'elle d'une façon admirable, aidé en cela par Catherine, une Piémontaise comme lui..
Qu'on ne s'y méprenne pas, « Mort d'un personnage » n'est pas un roman sur la vieillesse, ou sur la fin de vie, ou sur la mort. Cela, c'est le support de l'histoire. L'histoire c'est le portrait extraordinairement parlant d'une femme, cette « nonna » qui fut jadis – et qui d'une certaine façon, est restée – la belle, fière, indomptable Pauline de Théus, une femme immensément aimante, et immensément aimée. C'est l'histoire d'un amour fou. Giono a un don particulier pour peindre ce type de sentiment. Mais il ne s'en tient pas là : en contrepoint, le dévouement d'Angelo pour sa grand-mère est remarquable, tout comme celui de Catherine. le dernier chapitre, qui décrit les derniers moments de Pauline, est particulièrement émouvant.
« Mort d'un personnage » est le plus court parmi les romans (93 pages dans La Pléiade), à peine cinq chapitres. Mais c'est sans doute un des plus beaux dans l'expression des sentiments, et plus encore peut-être dans les non-dits de cette immense histoire d'amour. Giono s'est inspiré de sa propre mère, Pauline Giono (il a donné son prénom à son héroïne) qui, à 88 ans, préparait elle aussi son dernier voyage.




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