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Citations sur Le printemps du commissaire Ricciardi (26)

Au milieu de la matinée, à mesure que forcissait le vent du sud, arriva un parfum indéfinissable, et plus qu'un parfum, une sorte d'arrière-goût, de senteur. Il était fait de fleurs d'amandiers et de pêchers, d'herbe nouvelle, d'écume de mer brisée sur les rochers lointains.
Personne ne le remarqua, pas d'emblée, mais quelqu'un s'aperçut qu'il avait ouvert le col de sa chemise, en avait déboutonné les poignets, avait rejeté son chapeau en arrière. Et une sorte de bonne humeur, comme lorsqu'on attend quelque chose de positif, on ne sait pas quoi au juste, ou qu'il est arrivé une chose agréable, même minime, à un ami : on se sent bien, mais on ne saurait pas dire pourquoi.
C'était le printemps…….
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Les files de marins et d'ouvriers s'allongeaient devant les portes des bordels : la saison nouvelle brouillait le sang comme par magie.
Quelques jeunes femmes pleuraient leur amour perdu. Et le printemps riait, narquois, de toutes les promesses qui ne seraient pas tenues.
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Le destin. Encore lui, le maudit, l'impénétrable destin. Le rempart derrière lequel se cachent les peurs, les responsabilités : "c'est le destin", "laisse faire le destin", "ça se passera comme le veut le destin". Dans les chansons, dans les contes. Dans la tête des gens.
Comme si tout était ordonné ou écrit et que rien n'était laissé au libre arbitre des hommes. Mais non, il n'y a pas de destin, pensait Ricciardi en arrivant, flanqué de Malone, devant la porte du divisionnaire, il n'y a que le mal et la douleur.
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Le Dr Bruno Modo était chirurgien et médecin légiste. Il avait été formé en Italie du Nord comme officier, mais il pensait que les pires choses, il les avait vues plus tard, en constatant le mal que les gens étaient capables de faire, sans la justification de la guerre. Si toutefois on pouvait reconnaître et tolérer que la guerre fût une justification, pensait-il avec amertume. Il s'étonnait lui-même de son absence de cynisme ; il pouvait encore sentir glisser sur sa peau la douleur des blessures, le flux du sang des pauvres gens qui passaient du matin au soir entre ses mains. Mais il ne s'était jamais décidé à fonder une famille : il n'aurait jamais accepté de lancer un fils dans ce monde qui était devenu un égout sans fond….
Il analysait son époque avec distance et sans la moindre complaisance pour ce nouveau régime (1) fondé sur la violence. Il n'acceptait pas que l'on puisse faire le mal au nom du bien : il le disait haut et fort, et cela lui valait d'être tenu à l'écart de la haute société napolitaine et le privait de la carrière que son talent lui aurait permis de faire.


(1) 1931 Régime de Mussolini
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"La Calise, par exemple. Elle était malade, une forme sévère de cancer des os. Elle avait peut-être six, huit mois à vivre. Ton assassin a dépensé une énergie inutile, il a juste un peu accéléré le processus de mort naturelle.
Six, huit mois, pensa Ricciardi. Et ça te semble peu ? Un printemps, un été, un automne. Les fleurs, l'odeur de l'herbe nouvelle et le parfum de la mer sur les rochers ; le premier vent frais du nord, les châtaignes grillées dans les rues. Quelques flocons de neige, des mômes qui plongent nus ou qui regardent, le nez en l'air, à quoi ressemble ce nuage. La pluie sur la chaussée, les sabots des chevaux. Les cris des marchands ambulants. Elle aurait peut-être eu un autre Noël avec les sonneurs de cornemuse sur les places et dans les maisons.
Six, huit mois. Est-ce qu'elle n'aurait pas eu droit, l'abominable usurière, la cartomancienne menteuse, à même six ou huit minutes supplémentaires, si la vie les luis avait concédées, au nom des illusions et des rêves qu'elle avait prodigués ?
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C'était le printemps qui dansait : il tournoyait, léger,encore jeune, joyeux, ignorant de ce qu'il allait apporter, mais avec la volonté de bousculer un peu l'ordre des choses. Sans arrière-pensée, juste une envie de brouiller les cartes.
Et le sang des gens.
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Si elle n'avait reconnu qu'un parfum, elle aurait compris. Un homme a ses exigences et elle, depuis des années, elle s'était éloignée.
Mais manger chez une autre, non. Ça, c'était une trahison.
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Il est facile d'être ensemble quand tout va bien. C'est plus difficile quand il y a une montagne à gravir, qu'il fait froid et que le vent souffle. Alors, peut-être que pour trouver un peu de chaleur, l'un des deux doit se rapprocher un petit plus de l'autre. C'est quelqu'un qui vit dans le froid qui te le dit. Et qui n'a personne pour le réchauffer.
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Il avait vu et continuait à voir beaucoup plus qu’il ne l’aurait voulu ou demandé : il voyait la douleur.
La douleur qui dévaste, la douleur qui revient. Il percevait la colère, l’amertume, même l’ironie hautaine de la dernière pensée qui accompagnait la mort. Il savait que la mort naturelle réglait correctement ses comptes avec la vie. En ne laissant aucune trace planer au-dessus des jours à venir, elle coupait tous les fils et refermait toutes les blessures, avant de se mettre en route avec son baluchon, en frottant ses mains osseuses sur sa chasuble noire. La mort violente, elle, n’en avait pas le temps. Elle devait se hâter de partir. Dans ces cas-là, le spectacle était mis en scène, et la représentation de l’ultime douleur lui apparaissait distinctement : la douleur se déversait sur lui, unique spectateur du théâtre nauséabond du malheur humain.
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L'humidité du soir étreignit Luigi Alfredo Ricciardi, commissaire de police à la brigade mobile de la Questure royale de Naples. L’homme qui voyait les morts et les entendait parler.
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