– C’est pas sympa.
– C’est ça, c’est pas sympa, mais c’est la vie, mon chéri : la Vraie Vie. Si tu veux que des filles t’embrassent, si tu veux être dans le game, il va falloir que tu sortes de ta chambre et que tu grimpes les montagnes. Pour l’instant, tu es encore un peu trop benêt.
– Bonnet ?
– Non benêt. Un peu gamin quoi. Des mecs comme toi, on secoue un arbre ou une tour d’ordi, il en tombe mille. Quand tu auras grandi et que tu auras fait des exploits, que tu seras un mec, un vrai, tu m’enverras une carte postale et on verra. OK ? Tchao... Un dernier truc, change de sweat : il pue le chacal.
– Bon ben... J’y vais. Je suis parti, quoi...
– Oui, bisou mon chéri (elle ne relève même pas la tête).
– Je pars pour très longtemps, maman. Peut-être pour toujours.
– Oui, mais tu reviens quand même avant demain soir, on mange chez Papi/Mamie.
Je m’en fous de Papi/Mamie.
Je crois bien que la vie ne suffit pas. Il faut la mettre en mots, en chiffres, en images, en courbe, en poésie, en prières, la mettre à distance grâce à toutes les formes d'alchimie possibles pour la regarder et s'en souvenir. (p.145)
C'est Jocelin numéro un, moi je suis numéro deux. Il roule dans une antiquité, mais il possède un appareil très pratique et un peu magique. Tu tapes des chiffres et tu peux parler avec quelqu'un de ton choix. Ça s'appelle un portable.
C’est dingue tous ces bouquins qui tombent dans ma vie comme s’ils venaient du ciel. On pourrait penser que ce genre d’événement n’arrive que dans les livres, et pourtant, ils sont là, bien réels, et ils accompagnent mon voyage mieux que ne l’aurait fait le plus fringant des guides.
Plus je m'éloigne du point de départ, plus je deviens grand. Quitter l'enfance, c'est quitter un monde où tout est familier, c'est quitter la magie. Un enfant ne joue pas au lion : il est un lion !
Quand on va quelque part, on commence par partir. Tout ce qui vient ensuite, c'est déjà la destination.
L'idée de l'aventure me donne de l'élan. A peine parti, et même si je n'y suis pas encore, j'y suis déjà... Dans l'esprit du voyage, je veux dire. Je plisse les yeux comme le font les baroudeurs, et des usagers des transports publics parisiens ressentent le désir de m'imiter.
Le geek est perdu dans le monde miniaturisé des computers. Il se dit que la vie sera mieux dans dix ans parce qu'on aura augmenté la puissance de mémoire des ordinateurs, et pendant ce temps-là, la Terre tourne sans lui. (p.90)
Habitué à rien, je m'adapte à tout. (p.85)