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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
De toutes les pièces de Giraudoux, « Intermezzo » est une de mes préférées, parce qu'elle propose, à mon avis, un panorama complet de l'univers de son auteur : c'est d'abord une impression de légèreté qui nous saisit : le théâtre de Giraudoux est parfois grave, mais jamais lourd, même dans ses pièces tragiques (« Electre », « La Guerre de Troie n'aura pas lieu »), c'est dû principalement, bien sûr, au style de l'auteur qui multiplie les changements de ton, privilégie une ironie un peu précieuse, non dénuée de profondeur, joue souvent avec les attentes du spectateur, et s'arrange pour glisser des personnages, soit burlesques, soit décalés, soit encore lunaires pour que la pièce se maintienne sur un nuage de fantaisie grave, ou de gravité souriante. Giraudoux c'est donc un style particulier c'est aussi un éclectisme souriant : il touche à tous les genres, du plus tragique au plus comique, sans verser dans l'excès ni d'un côté ni de l'autre, et sans déroger à son propos : l'homme a un rôle à jouer, et à bien jouer de la meilleure façon pour lui et pour les autres : c'est une forme d'humanisme sans doute, qui s'exprime par le pacifisme, ou par l'acceptation du monde extérieur, qu'il soit exceptionnel (dans ses pièces mythologiques ou légendaires) ou au contraire limité dans une vie quotidienne (dans ses pièces modernes).
« Intermezzo » est une pièce de 1933. Il n'est pas étonnant que le ton choisi pour cette pièce nous paraisse aujourd'hui un peu suranné. Mais c'est peut-être une chance : ce côté « entre-deux guerres », mi sérieux-mi fantaisiste, que nous y trouvons aujourd'hui, ajoute au charme de la pièce et transforme le désuet en intemporel.
Dans ce village (ou cette petite ville), depuis quelques temps, le cours de la vie ordinaire n'est plus le même : les habitants se comportent comme ils devraient se comporter et non pas comme ils se comportent habituellement, ce n'est pas normal, c'est en tous cas ce que pense la clique bien-pensante de la ville. La coupable, c'est forcément Isabelle, la remplaçante de l'institutrice, qui donne ses cours en plein air et qui, paraît-il, rencontre un spectre tous les soirs. Même l'Inspecteur d'Académie, incarnation rigide et ridicule de la Raison, vient pour enquêter. Il cherche à coincer le soi-disant spectre, et y réussit presque, mais Isabelle, a des ressources secrètes, et des amis insoupçonnés comme le Droguiste, et surtout le Contrôleur des Poids et Mesures, secrètement amoureux d'elle.
Pièce fantaisiste, à la limite de la féérie, « Intermezzo » est aussi une pièce symbolique : Isabelle doit choisir entre le Spectre (la mort) et le Contrôleur (la vie). Elle finit par choisir la vie, mais comprend que si on choisit la vie, il faut la vivre pleinement et ne plus flirter avec la mort. Et d'ailleurs quand la vie revient (avec l'amour), tout revient dans l'ordre : « L'argent va de nouveau aux riches, le bonheur aux heureux, la femme au séducteur ». Isabelle épouse le contrôleur, le cul-de-jatte gagne à la tombola une bicyclette… « et fini, l'intermède ! »
Car « Intermezzo » au fond n'est qu'un « intermède » avec une morale : l'homme joue le rôle qu'il doit jouer, et s'il veut en jouer un autre, il risque d'en mourir.
Giraudoux est un enchanteur. Son langage léger et profond à la fois, séduit et charme autant le spectateur que le lecteur. « Intermezzo » en 1933 est encore une pièce largement souriante. La fin des années 30 et les années de guerre amèneront une gravité qui, même tempérée par l'humour et par la maîtrise du langage, souligne l'inquiétude devant la montée des périls, et l'impuissance à les affronter quand les périls sont là.

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Excellente pièce, dotée d'un humour familier, grinçant, parfois même caché ; le sarcasme et l'ironie sont maîtres dans cette comédie particulière, particulièrement absurde et intelligente.
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Je ne m'attendais pas à celà.
Je ne savais pas du tout vers quoi l'auteur allait m'emmener en ouvrant cette pièce,je n'en avais jamais entendu parler. J'ai été très agréablement surprise.

C'est très bien écrit, drôle, léger... Bref, j'ai apprécié cette lecture.
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