En poussant les lourdes portes à battants de la salle d’exposition, Andréa ressentit un frisson d’excitation. Il avait oublié à quel point il aimait l’art et la création. Son regard scanna les œuvres accrochées sur les hauts murs noirs et judicieusement mises en valeur par d’habiles éclairages. Tous les styles, toutes les sensibilités artistiques étaient représentés, du classique nu féminin aux toiles les plus abstraites.
Impossible de démêler ses sentiments. Pour l’heure, son trouble persista le temps de finir sa cigarette. Alors qu’il écrasait son mégot dans le cendrier posé à même le sol, le calme était revenu dans son esprit. Il n’avait pas le choix, il devait se rendre à cette cérémonie et tenir son rôle de parrain. Décevoir son père n’était pas dans l’ordre du possible.
L’œuvre surpassait les autres, de loin. Elle représentait, dans un enchevêtrement coloré et géométrique, un œil, qui vous fixait comme pour lire au plus profond de vous-même. C’était à la fois beau et dérangeant.
L’artiste est un animal solitaire. Sa vie entière, il est seul face à ses doutes, face à son œuvre, face à son public.
Mon temps est précieux. Je suis un artiste avant d’être un homme. Mon œuvre ne peut pas attendre.