La justice !... Ce qu'aiment tous les hommes, ce que tous ils réclament, souhaitent, ce dont ils se passent difficilement [...]. Mais hélas ! [...] À présent les plaignants se pressent au tribunal, le juge parade sur son haut siège, tandis que déferle, en furieuse houle, le tumulte grandissant de la révolte.
Une nuit, dans une chambre à voûte élevée, étroite, gothique, Faust, inquiet est assis devant son pupitre
Faust.-
- Philosophie, hélas ! Jurisprudence, médecine, et toi aussi, triste théologie !...
Je vous ai donc étudiées à fond avec ardeur et patience : et maintenant me voici là, pauvre fou, tout aussi sage que devant.
Je m'intitule, il est vrai, Maître Docteur, et, depuis dix ans, je promène çà et là mes élèves par le nez.
Et je vois bien que nous ne pouvons rien connaître !...
Voilà ce qui me brûle le sang ! J'en sais plus, il est vrai, que tout ce qu'il y a de sots, de docteurs, de maîtres, d'écrivains et de moines au monde !
Ni scrupule, ni doute ne me tourmentent plus !
Je ne crains rien du Diable, ni de l'Enfer.....
(Extrait du second Faust)
PROLOGUE
Une contrée riante.
FAUST, étendu sur un gazon fleuri, fatigué et inquiet, cherche à s’endormir, et des esprits appelés Elfes, figures légères et charmantes, voltigent en cercle autour de lui.
ARIEL chante accompagné des harpes d’Éole.
Si la pluie des fleurs du printemps
Tombe en flottant sur toutes choses,
Si la bénédiction des vertes prairies
Sourit à tous les fils de la terre,
Le grand esprit des petits elfes
Porte son aide partout où il peut ;
Et que ce soit un saint ou un méchant.
L’homme de malheur excite toujours sa pitié.
Vous qui flottez autour de cette tête en cercle aérien,
Montrez ici la noble nature des elfes ;
Adoucissez la douleur aiguë du cœur,
Arrachez les flèches amères du remords cuisant,
Et purifiez son âme des malheurs passés.
Il y a quatre périodes du repos de la nuit ;
Remplissez-les avec bienveillance et activité.