Il est difficile d’apprécier une erreur complète, une moitié et un quart d’erreur, d’en démêler le vrai, et de le mettre à la place qui lui convient.
Ce que nous méditons, ce que nous entreprenons, devrait être déjà si parfait, si pur, si beau, que le monde ne pût que le gâter. Nous conserverions ainsi l’avantage de n’avoir partout qu’à redresser ce qui est mal, ou à rétablir ce qui est détruit.
Les hommes se trompent sur eux-mêmes et sur les autres, parce qu’ils prennent les moyens pour le but ; car alors un excès d’activité fait tout manquer, ou produit le contraire de ce qu’on attendait.
Dans les œuvres de l’homme, comme dans celles de la nature, c’est principalement le but qui mérite notre attention.
Une activité sans bornes, de quelque nature qu’elle soit, finit toujours par faire banqueroute.
Chaque homme doit penser à sa manière ; car il trouve toujours sur son chemin une vérité ou quelque chose de vrai qui le soutient dans le cours de la vie ; seulement il ne doit pas s’y abandonner, mais se contrôler lui-même. L’instinct dans sa simplicité primitive ne suffit pas à l’homme.
Dis-moi qui tu hantes, je te dirai qui tu es ; dis-moi de quoi tu t’occupes, je te dirai ce que tu deviendras.
Plus j’avance dans la vie, plus j’ai de chagrin de voir l’homme, qui est destiné à être le roi de la nature et à s’affranchir lui et les siens de la puissante nécessité, devenu l’esclave de quelque préjugé absurde, faire précisément le contraire de ce qu’il veut, et, parce qu’il n’a pas su coordonner l’ensemble de sa vie, s’égarer misérablement dans les détails.
Il n’est rien de sensé qui n’ait été déjà pensé, on doit seulement tâcher de le penser encore une fois.