L’intuition, dans le sens vulgaire, c’est-à-dire un coup-d’œil juste pour saisir les affaires du monde, est le partage du sens commun.
L’intuition pure du monde extérieur et intérieur est très-rare.
Lord Byron est un talent qui s’est développé dans toute sa grandeur naturelle, malgré son caractère sauvage et insociable.
Sous ce rapport il n’y a peut-être personne qui puisse lui être comparé.
Le poète a pour but la représentation ; il atteint au plus haut degré de l’art lorsqu’il rivalise avec la réalité, c’est-à-dire lorsque ses tableaux sont tellement animés par l’esprit, que chacun les croit avoir sous les yeux. À son plus haut point de perfection, la poésie paraît toute extérieure ; plus elle se retire dans le monde intérieur, plus elle est en danger de se perdre. Représenter le sentiment intérieur sans le revêtir d’une forme matérielle empruntée au monde extérieur, ne pas animer et spiritualiser la forme extérieure, sont les deux extrêmes par lesquels on entre dans la prose.
Le point essentiel pour le philologue est la concordance des idées dans les monuments conservés par l’écriture. Un manuscrit est donné ; il s’y trouve des lacunes réelles, des fautes matérielles qui produisent des interruptions dans le sens, et en général tous les défauts qu’on peut reprocher à un manuscrit. Maintenant s’offre une seconde copie, une troisième ; pour les comparer il faut s’attacher à la liaison logique des idées et à la pensée générale. Il y a plus, un pareil travail exige de lui que, par la seule pénétration de son esprit, sans secours extérieur, il sache saisir de plus en plus la concordance de toutes les parties. Un tact particulier, la faculté de pouvoir s’identifier avec son auteur, qui n’existe plus, lui sont nécessaires ; il lui faut même jusqu’à un certain degré de l’imagination et de l’invention. On ne doit donc pas savoir mauvais gré au philologue s’il se mêle de porter son jugement sur les matières de goût, quoiqu’il ne soit pas toujours heureux dans ses aperçus.
L’art seul, et en particulier la poésie, impose des limites à l’imagination. Il n’y a rien de terrible comme l’imagination sans le goût.
Il n’est rien de sensé qui n’ait été déjà pensé, on doit seulement tâcher de le penser encore une fois.
Comment peut-on se connaître soi-même ? Jamais par la méditation, mais bien par l’action. Cherche à faire ton devoir et tu sauras ce que tu vaux.
Mais qu’est-ce que ton devoir ? L’exigence du jour.
L’humanité doit être considérée comme un homme immortel qui incessamment réalise des idées nécessaires, et par là domine l’accidentel.
Les botanistes ont une classe de plantes qu’ils appellent incompletæ ; on peut dire de même qu’il y a des hommes imparfaits et incomplets. Ce sont ceux dont les désirs et les efforts ne sont pas proportionnés à ce qu’ils sont capables de faire et de produire.
Souffler n’est pas jouer de la flûte. Il faut encore remuer les doigts.
Des idées générales, jointes à une grande prétention, mettent sur la route des plus affreux malheurs.
Il n’est pas toujours nécessaire que la vérité prenne une forme positive ; il suffit qu’elle flotte vaguement dans les esprits et qu’elle trouve un écho dans notre âme, comme le son mélancolique d’une cloche se répand dans les airs.