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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Difficile...Il m'est particulièrement difficile d'écrire cette critique, parce que ce livre m'a profondément mise mal à l'aise, alors qu'il est très finement écrit, avec quelques gouttes de poésie, ce qu'en général j'adore.
Mais....mais. Je n'arrive pas à sortir de moi cette rancoeur que je ressens encore.

Dès la première page, le narrateur est au chevet de son père, qui vient de mourir, et il se souvient. Il se remémore, ou plutôt, il recrache son enfance dans une « maison où on ne rit pas, une maison où on ne chante pas, où l'on ne s'embrasse pas, ou alors si distraitement, à de si rares occasions que ça compte pour du beurre. Où l'on ne dit jamais mon enfant, mon soleil, mon petit coeur, je t'aime. Une maison où on ne lit pas, à l'exception du journal et du papier peint. Un écrin vide, un parapluie quand il pleut, un brasero quand il fait froid, une cantine quand on a faim. Un lieu clos où les murs sont seulement des murs auxquels on ne peut que se cogner. »

Le ton est donné, n'est-ce pas ? Eh bien, tous les chapitres recréent cette ambiance nauséabonde, peut-être le mot est-il trop fort, je me rends bien compte que je suis peut-être trop subjective. Car il y avait beaucoup de familles « dans le temps » où les petits villages vivaient repliés sur eux-mêmes, et où le père, rigide et froid, travaillait à en crever pour nourrir les siens, tandis que la mère vivait quasi soumise à son « seigneur et maitre » (dixit le narrateur).

Pourtant, c'est un joli coin, ce village où coule la Semois. On aurait pu y être heureux...Mais pas le narrateur, déjà attiré par l'art, et non par les études universitaires dont rêvait son père, lui qui aurait voulu que son fils ainé le dépasse, lui qui aurait tant voulu mener plus haut celui qu'il n'était pas arrivé à être. Des rébellions enfantines au grand silence adulte, il n'y a qu'un pas.
Et quand le narrateur revient, après des années d'absence, il est trop tard. Il ne lui reste plus qu'une chose : se souvenir, essayer de comprendre. « Je savais que sous une seule casquette plusieurs hommes pouvaient se tenir, qui refusaient de se parler, sauf au secret, parfois, dans les nuits d'insomnie ». Oui, son père n'était pas seulement cet homme secret et froid...Mais c'est trop tard, car il a forgé son fils tel qu'il est maintenant, un homme froid, lui aussi, et incapable d'aimer vraiment.

Je termine par les paroles du narrateur, qui résument finalement toute cette relation qui m'a tellement prise à la gorge que je n'arrive pas à en parler sereinement :
« En te donnant raison, j'aurais été acculé à te dire pourquoi je ne cessais de partir, de plus en plus loin et de plus en plus longtemps, et ce que je fuyais, et ce que je cherchais ailleurs et que je ne trouvais pas et que je ne trouverais sans doute jamais de ton vivant, parce que tu ne me l'avais pas donné : cet amour et cette assurance d'être aimé pour ce que j'étais, d'être quelqu'un d'abord, à qui l'on fait confiance, autre chose qu'un incapable, un vaurien, toujours suspect, toujours coupable. Bref, j'aurais été acculé, papa, à te dire tes quatre vérités, comme on dit. Ces quatre qui sont si nombreuses qu'on ne les dit jamais ».
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Simon revient dans son village lorrain pour les funérailles de son père. Avant le chagrin, ce sont les souvenirs qui l'assaillent, ceux d'une enfance difficile dans un foyer où les sentiments n'étaient pas exprimés, auprès d'un père qui avait la réprimande facile et le geste leste pour punir ses enfants. Mais Simon est un homme désormais, plus à même de comprendre un homme qui avait des valeurs et aimait ses enfants malgré les reproches et les taloches.


Avec beaucoup de poésie et de tendresse, Guy GOFFETTE évoque une enfance dans une famille ouvrière à la fin des années 50. La mère reste au foyer pendant que le père travaille sur des chantiers. Les loisirs et l'amusement ne sont pas de mise; ce qui prime, ce sont les valeurs de respect et de travail. Pas de place non plus pour les sentiments. le chef de famille veille à nourrir, couvrir et chauffer sa famille, le reste est accessoire. En contrepartie, il a droit à l'obéissance, au respect et à la gratitude des siens. En cas de manquement, il règle l'affaire avec une bonne paire de claques ou un passage sous les lanières du martinet. Mais Simon, le narrateur de l'histoire, est en constante rébellion contre ce père sévère et autoritaire. Simon rêve de tendresse, d'amour, de câlineries. le confort physique ne lui suffit pas, il a besoin de sentiments, de mots d'amour. Dès qu'il l'a pu, il a fui ce foyer trop froid pour ne revenir qu'à de rares occasions. L'aîné a "trahi", ses frères et sa soeur sont restés pour s'occuper de parents vieillissants. Simon a fait sa vie loin d'eux et ne peut empêcher la culpabilité de l'étreindre quand son père meurt. le rendez-vous n'aura donc jamais lieu, ce qui a été tu le sera à jamais. Pourtant, il va explorer ses souvenirs et découvrir des aspects méconnus du caractère paternel. D'ailleurs, de la fratrie, il est le seul à avoir si mal vécu les choses. de leur enfance commune, Simon n'avait gardé que le pire et son éloignement n'a rien arrangé.
Récit du temps passé, d'une époque révolue, Géronimo a mal au dos est une ode à un père mal aimé, mal compris. C'est le long cri d'amour d'un fils qui a attendu la mort du père pour s'affranchir de leurs pudeurs.
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Simon, le narrateur évoque avec poésie, parfois rudesse , dans un texte empreint de nostalgie, d'admiration, de tendresse pour ce pére aux multiples qualités qu'il n'a pas su ou pu reconnaître , une époque oú l'on exprimait pas ses sentiments, oú l'on ne communiquait pas: orgueil?pudeur intense? Incompréhension?
Toute la vie, on ressassera ces impressions là, un vide,un manque d'amour, un excès de qualités pour ce pére nerveux, bilieux, écrasé par le poids de la famille, méticuleux, perfectionniste, jamais content" en apparence" de ses enfants, des "ouvriers"sous ses ordres, irréprochable pourtant! Sérieux jusqu'au bout des ongles, jamais satisfait de son travail.....Revenu de loin pour ses obsèques, voilà que les souvenirs le submergent ! Et la douleur aussi! le narrateur se rend compte brutalement qu'il a tout manqué, tout raté avec son pére, un hommage poétique, tendre , tissé de souvenirs cocasses , insolites, drôles ....sa famille : un bastion fermé sur lui- même et réchauffant dans son coeur un égoïsme rance en flagrante contradiction avec les leçons de l'école et du caté....."tant et tant de messes , de vêpres saluts , processions et rogations, tant d'offices divers et variés jusqu'à plus soif, par tous les temps, à pied, à cheval, en voiture , les mêmes textes et préceptes cent fois répétés..."
Un livre pétri d'émotions , bouleversant , rappelant avec force et conviction l'univers de l'enfance cadenassée des années 50 oú rien ne se disait....où l'on souffrait intensément d'un manque de communication, une époque rude, exigeante et qui, contrairement à ce que l'on avait pensé était tout de même empreinte d'humanité malgré des non - dits, des contraintes et des douleurs cachées, ignorées, des regrets, des remords,des secrets de vie dans un monde clos, refermé sur lui- même, des trop pleins d'espoirs, de désirs, de soucis soir après soir pour ce père exigeant et ces enfants rendus soudain muets- par quelle appréhension?-
Est ce

Qu'on grandit
Jamais ?
Du gâchis , une fuite pour l'auteur qui a attendu toute sa vie un geste d'affection de ce père, incapable d'exprimer son amour!
Ou comment retrouver la tendresse de l'amour que l'on croyait perdu?
Une trés belle oeuvre alliant la poésie à la douleur de la difficulté d'aimer, à l'immensité des rêves perdus, un passé recomposé , l'histoire d'un pére et d'un fils si longtemps séparés ....
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Devant le cercueil de son père, Simon se remémore son enfance.
Un père rude, exigeant, âpre au travail, attaché aux valeurs de la terre.
Un fils en perpétuelle quête d'amour.
Une relation faite d'incompréhension, les regrets de ce qui n'a pas été.
Il est difficile de commencer son deuil quand tant de ressentiments vous animent, en même temps qu'en grande tendresse qui n'a jamais pu ou su s'exprimer, ni d'un côté ni de l'autre.
C'est un beau roman, mélancolique, poétique.
Chaque fin de chapitre est rythmée par quelques lignes écrites à la manière d'un poème.
On referme le livre avec un sentiment de gâchis, de trop tard.
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Simon devant le cercueil de son père raconte. Sa jeunesse, ses frères et soeur auprès d'un père qui ne le comprenait pas, ne l'aimait pas. Mais le passé est passé, les souvenirs reviennent, resteront. Un père que les enfants n'ont pas compris, ont craint, n'ont pas aimé? Allez savoir, il n'est plus là. Oui, il est dans sa bière.
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La relation entre un père et son fils....voilà qui serait bien banal s'il n'y avait l'écriture , le style ,la façon de laisser entrevoir les choses de Guy Goffette, écrivain talentueux s'il en est.
Dans ce court ouvrage, aucun manichéisme, aucune recherche du bon et du méchant, du bien fait , du mal dit..... Juste des vies d'hommes, un vieil "indien" de province, et son fils , l'auteur.
Dieu que les sentiments , les gestes d'affection, les mots de réconfort sont difficiles pour le père!!......Dieu que la culpabilité est ,l'âge adulte survenu, dévastatrice pour le fils
"Il me sembla tout à coup, soit que je venais de grandir de plusieurs tailles, soit que le ciel n'avait jamais été aussi bas" dira-t-il après avoir constaté la preuve (sans mot pourtant) de l'affection de son père à son égard
Ce livre est vraiment très beau .....Il serait dommage de ne pas l'essayer!
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Simon retourne chez son père, décédé sans qu'il l'ait revu. Et là, de nombreux souvenirs vont refaire surface. Des souvenirs d'enfance, de bêtises, de taloches, de silence... Simon attendait un mot, une attention de la part de ce père si taciturne, si difficile. Il aurait souhaité une enfance pleine de tendresse, de loisirs familiaux, de temps partagé... mais non, ce père là n'avait rien à faire de toutes ces choses qui ne servent à rien, qui font perdre du temps, il n'était pas là pour rigoler !
Alors Simon était parti vivre sa vie loin de son paternel, vivre une autre vie que celle qu'il lui promettait .
Le retour pour l'enterrement de ce père qui n'a pas su montrer son amour à son fils est l'occasion pour Simon de revenir en arrière et, parfois, de s'apercevoir que ce père, cet homme, pouvait tout de même être bon, qu'il avait lui aussi des sentiments même s'ils restaient enfouis.

Un roman sur la relation père/fils. Une relation qui ne devait pas être un cas si rare à cette époque de la fin des années 50, où perdre son temps en lecture, loisirs, sorties n'était pas au goût du jour pour les parents.
L'écriture poétique de Guy Goffette nous dévoile cette relation par petites touches, anecdotes et nous dresse le portrait d'un homme et de son fils.
J'ai dévoré ce roman (autobiographique ?) ; cette rencontre ratée entre un fils et son père est magnifiquement décrite. La fin de chaque chapitre qui se termine par un petit poème, genre haïku, est une belle trouvaille et donne du relief à chacun de ces chapitres.
L'écriture de cet auteur m'a vraiment charmée et je vais sans tarder me procurer Un été autour du cou afin d'en savoir plus sur ces personnages très attachants.
Lien : http://somanybooks.eklablog...
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Le père est là, dans son cercueil. Les souvenirs remontent et le narrateur redevient ce petit garçon qui courrait et faisait des bêtises... et à préféré partir loin des siens, avant de réussir à les comprendre. C'était une époque où la tendresse ne se manifestait pas ! Où on ne s'exprimait et ne s'expliquait pas beaucoup.
Beaucoup de poésie dans ce texte, beaucoup de nostalgie... et des regrets
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Simon, le narrateur, revient dans la maison de ses parents à l'occasion du décès de son père Georges, dit Géronimo. C'est l'occasion pour lui de se remémorer son enfance douloureuse : Simon a été un enfant battu, recevant ses torgnoles quasi quotidiennes. Il a souffert de grandir dans un foyer sans tendresse ni gestes d'affection. Il reproche enfin à ses parents leur pingrerie maladive.

Simon a tenu grâce à son amour des livres -interdits à la maison- et de la nature environnante -ce dernier partagé avec son père. A l'âge adulte il a quitté cette famille qui l'étouffait et a cherché l'amour ailleurs. Il est passé de femme en femme, il a voyagé, il a évité les réunions de famille, ce que lui reprochent ses frères et soeur. La mort de son père l'a ramené sur les lieux de son enfance où il revisite ses souvenirs à la recherche de preuves que celui-ci l'aimait malgré tout.

Je comprends que ce père s'est conformé à un modèle social de pater familias à qui on doit respect et obéissance. Ce faisant il a rendu son fils malheureux et s'est privé lui-même d'une relation apaisée avec celui-ci. Il me semble que la rigidité du père a poussé le fils à se comporter en rebelle. Devant le cercueil de Géronimo les sentiments de Simon sont très ambivalents, mélange de rancoeur, de fierté pour l'homme juste qu'était son père à l'extérieur de la famille, de pitié pour le vieillard invalide qu'il était devenu. Je souhaite au narrateur que ses réflexions lui apportent un apaisement.

Ce livre est dédié « A l'homme de ma vie, Géronimo, mon père ». Ce que je lis par ailleurs sur Guy Goffette me confirme que cet ouvrage est fortement autobiographique. L'auteur analyse finement les sentiments de son personnage, c'est un texte émouvant et fort bien écrit. Pas de doute, l'auteur était poète.
Lien : http://monbiblioblog.revolub..
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Livre emprunté à la bibliothèque et lu en à peine deux jours tant l'écriture est fluide et belle.

Pourtant, je ne m'intéresse pas trop à ce genre de livres intimistes, d'histoires de famille en huis clos, mais la critique de @Framboize12, a piqué ma curiosité.
Merci pour cette belle découverte.
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