Lady Helen, tome 3 : L'ombre des mauvais jours

La cuisinière s' était vraiment surpassée en préparant toutes sortes de mets délicats pour le petit- déjeuner : des petits pains frais, des rôties beurrées, des oeufs au plat et des oeufs mollets, de la langue de boeuf au vinaigre, un jambon, du gâteau de carvi, du café, du thé, des cruches de chocolat chaud et crémeux et, bien entendu, le gâteau de mariage, rempli de fruits et glacé avec du sucre blanc.

La parole d'une femme semblait toujours sujette à caution. l'intransigeance de l'honneur était du ressort de l'homme. Du moins, c'était ce qu'affirmait le monde, et le monde était assurément du ressort de l'homme.

- Dieu ne nous envoie que ce que nous pouvons supporter, déclara-t-elle.
Cependant, cette réflexion n'était guère réconfortante.
- Dans ce cas, il doit vous prendre pour un colosse, répliqua Darby.

Comment savoir si ce qu'on ressent pour quelqu'un est réel ou non ?

La parole d'une femme semblait toujours sujette à caution. L'intransigeance de l'homme était du ressort de l'homme. Du moins, c'était ce qu'affirmait le monde, et le monde était assurément du ressort de l'homme.

Une relation d'une intensité et d'une ardeur irrésistibles les unissait, au-delà des limites de la morale et de la société.

La porte s'ouvrit. Carlston apparut, le bras en écharpe, les yeux fixés sur Helen près de la cheminée. Elle eut l'impression que son cœur allait s'arrêter de battre, tandis qu'elle observait son visage amaigri, puis la joie l'envahit d'un coup. Le baiser était dans les yeux du conte, dans son sourire, dans sa respiration. Elle le sentit vibrer dans leur lien, déferler dans ses propres veines, se graver dans son propre cœur. Elle n'était pas seule au bord du gouffre. Ils regardaient tout deux, côte à côte, l'abîme obscur et inconnu.

Elle déposa le médaillon dans la main de Carlston et sentit ses doigts serrer fugitivement les siens, le temps d'un battement de leurs cœurs, d'une pulsation de leur lien, dont le rythme régulier, redoublé, ne leur promettait plus qu'une éternité de souffrance.

Quand la terre se fendra et que le poison se répandra, apporte le sang, apporte l’os, apporte les morts.

Il faut prendre le bonheur quand il vient.