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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Depuis le temps que j'entends parler de la maison d'édition Elixyria, voici enfin le premier roman que je lis d'eux. Parmi leur catalogue, j'avais surtout remarqué des romances et des récits érotiques et comme ce ne sont pas des thèmes qui m'intéressent, j'avais eu du mal à me lancer dans leurs livres. J'ai cependant laissé une chance à la collection des dystopies en me disant qu'au moins je n'aurais pas de romance au premier plan. Ainsi, mon choix s'est dirigé vers Engrenage de Lucie Goudin, malgré la première de couverture qui montre quand même le visage d'un homme et d'une femme, style de couverture très prisée des romances. Lucie Goudin est une jeune autrice qui écrit depuis de la fantasy depuis de nombreuses années. Engrenage est un de ses premiers essais de roman en science-fiction.

En lisant la quatrième de couverture, j'avais l'impression d'avoir déjà lu cette histoire, parce que les thèmes abordés ont très souvent été utilisés dans des best-sellers. Une société inégalitaire où quelques personnes rêvent de justice, un extérieur de la ville peuplé de monstres et donc inaccessible… tant d'éléments que j'ai déjà rencontrés maintes et maintes fois. C'est pourquoi je commençais ma lecture avec des craintes, notamment celle de pouvoir prévoir chaque péripétie du roman si celui-ci restait trop dans les codes prédéfinis du genre.

Le roman s'ouvre sur un prologue qui évoque très succinctement comment s'est déroulée la destruction du monde, avec la narration qui parle directement au lecteur pour lui expliquer comment l'univers du roman est construit. Puis nous avons un premier chapitre que j'ai trouvé très instable : l'autrice souhaite nous faire comprendre comment la ville sous forme d'engrenage fonctionne, et du coup nous avons une masse importante d'informations à digérer, ce qui n'est pas du tout fluide et laisse un arrière-goût étrange pour un récit écrit à la première personne. Ces deux premiers chapitres ne reflètent pas du tout ce que peut cacher le roman et il ne faut pas s'arrêter à ces quelques accrocs.

Ensuite, nous rencontrons très vite les différents personnages qui auront un impact dans le récit. Plusieurs scènes nous donnent des exemples de la vie misérable de ces personnages et Kragen Knight entre enfin en scène. Son arrivée marque davantage l'élément perturbateur du récit que le désir de justice d'Heaven. Kragen Knight représente également deux autres débuts : celui du changement sans violence et celui d'une romance entre lui et Heaven. La romance n'a pas vraiment de sens dans un tel roman qui met en scène une dystopie. Dans ces récits où les personnages ne peuvent s'échapper de leur malheur, je trouve que les sous-intrigues sentimentales sont vraiment de mauvais goût, excepté les romances impossibles ou qui tournent mal, car les sentiments positifs qui s'en dégagent ne correspondent pas à l'ambiance noire de la dystopie.

En revanche, tout au long de l'intrigue, deux positions politiques sont mises en avant : celle qui désire la justice sans user de la violence mais dont les actions sont lentes, et celle qui désire renverser le gouvernement avec violence mais qui est surtout rapide. J'ai aimé que Lucie Goudin ne prenne pas le parti de la simplicité en mettant de côté dès le début la solution diplomatique. Il est rare dans un livre de se rendre compte que l'auteur a réfléchi et planifié l'intrigue, et c'est ce que j'ai ressenti en lisant les plans du capitaine Kragen. J'ai trouvé en particulier l'idée de répandre des rumeurs parfaitement crédibles et j'ai été heureuse qu'elle soit poussée aussi loin que possible pour rendre les valeurs des personnages plus cohérentes.

Dans son ensemble, le roman ne possède pas de longueurs particulières. Malgré les personnages qui ne me faisaient pas ressentir beaucoup d'émotions, j'ai aimé les péripéties et les tournants que prenait le récit. J'ai constaté la présence d'un certain suspens tout au long de ma lecture. Contrairement à ce que je craignais, je ne parvenais pas à prévoir les péripéties qui suivaient et cela m'a permis de tenir du début à la fin.

Engrenage prend place dans l'année 2132 au mois de mai et juin. Au début du roman j'ai été très surprise que la narratrice donnait aussi souvent (une fois par page) la date des évènements alors qu'elle les vit au moment-même. Ce manque de crédibilité des pensées de Heaven m'a fait sortir de ma lecture durant les premiers chapitres, mais heureusement ces mentions de date disparaissent bien vite. 2132 est une année suffisamment éloignée de la nôtre pour que nous puissions imaginer nous-mêmes tout ce qui s'est déroulé pendant le siècle qui la sépare du début de la troisième guerre mondiale. Mais malgré ça, j'ai trouvé étrange l'absence de technologie avancée. C'est à peine si les personnages ont l'électricité. Les rouages des engrenages fonctionnent de façon mécanique et alors que l'informatique est en pleine expansion de nos jours, elle a subitement disparu dans le roman comme c'est tristement parfois le cas dans les récits de science-fiction.

Suite aux évènements tragiques de 2025, l'humanité s'est reconstruite sous forme de villes souterraines sous prétexte que les radiations extérieures étaient trop fortes pour y vivre. L'engrenage dans lequel vit Heaven est constitué de huit niveaux et d'un étage supplémentaire appelé Racines. Les deux premiers niveaux sont habités par les nobles, le troisième par les soldats, les quatrième au huitième par les ouvriers miséreux, et les Racines par les esclaves anciennement travailleurs. C'est donc un univers assez banal pour de la dystopie, avec cette cloison entre les riches et les pauvres. Ce thème de la justice a été de nombreuses fois utilisé et c'est dommage de ne pas avoir chercher plus d'originalité. Il y a mention d'autres engrenages (dont celle où vivait initialement Kragen Knight) mais nous n'en savons pas plus. Ils seront peut-être davantage mentionnés dans les tomes suivants.

Deux grands groupes de personnages peuvent se distinguer facilement : les pauvres et les riches. Nous pourrions aisément penser que les protagonistes font partie du premier groupe et les antagonistes du deuxième, mais le roman est plus complexe que ça. Kragen Knight est un capitaine venu d'un autre engrenage pour sauver celui d'Heaven et fait donc partie des riches, mais souhaite aider au péril de sa vie les plus démunis. C'est d'ailleurs le personnage qui fait le plus de bonnes actions et est le plus réfléchi. du côté des pauvres, Ash, le frère d'Heaven, peut être compris parmi les antagonistes car il cherche à tout prix la violence pour parvenir à ses fins et ne parvient pas à faire confiance à sa soeur.

Tous les personnages entretiennent entre eux des relations particulières et bien pensées, allant de l'amour familial à la haine en passant par l'amitié. Seul l'amour est traité de façon étrange à travers une romance entre Kragen et Heaven. Si nous ne prenons que ces deux personnages, le récit ne donne aucune indication concernant l'attirance d'Heaven envers l'homme et assez peu concernant Kragen envers elle, si ce n'est des allusions implicites, ce qui est très bien puisqu'ils ne peuvent s'aimer l'un l'autre en quelques jours. le problème de cette romance vient en fait de deux autres personnages, les lieutenants de Kragen, Dean et Lewis. Dès la rencontre entre Kragen et Heaven, les deux soldats harcèlent Kragen pour le rapprocher de la jeune fille alors que rien ne les prédispose à s'aimer : un grand capitaine tel que Kragen voit des femmes tous les jours dans son engrenage et ce n'est certainement pas une ouvrière comme Heaven qui lui taperait dans l'oeil. J'ai donc été agacé à chaque fois que Dean ou Lewis faisaient allusion à une possible romance entre ces deux personnages.

Il n'y a qu'un seul des personnages du roman que je n'ai pas trouvé crédible dans son rôle dans l'histoire et il s'agit d'Aaron Todd, un soldat qui est éperdument amoureux d'une noble. Son amour peut être compréhensible ainsi que son souhait de se marier avec la femme qu'il aime alors que la loi l'interdit, mais j'ai trouvé ses prises de décisions peu cohérentes. Je suis sûre que d'autres moyens beaucoup plus sûrs pour lui auraient pu être trouvés au lieu de vouloir renverser l'entièreté de l'engrenage et tuer des centaines de personnes, tout ça pour se marier.

Concernant l'écriture, le type de narrateur choisi est très important dans ce roman : il s'agit d'un narrateur à la première personne qui change à chaque chapitre selon le personnage dont il relate les aventures. Personnellement, je n'aime pas particulièrement les narrateurs à la première personne car c'est rare que les auteurs qui l'utilisent sachent vraiment comment l'utiliser. Dans Engrenage, de nombreuses tournures de phrase sont étranges (quelquefois en adressant la parole au lecteur) à cause de ce choix, alors qu'elles auraient pu être évitées avec un narrateur à la troisième personne. le fait de changer régulièrement de narrateurs n'arrange pas les choses car outre Maryline, tous les narrateurs et personnages s'expriment de la même façon. Par conséquent, il n'est pas difficile de se perdre dans ces changements de voix.

Malgré ça, le roman se lit très bien et n'a pas de longueur particulière. Les chapitres sont courts (voire très courts dans le dernier quart du roman) ce qui permet de faire des pauses assez souvent, même si cela signifie changer souvent de narrateur. Cependant, j'ai été dérangée un certains nombres de fois par l'écriture de quelques dialogues avec notamment de nombreuses occurrences de « hein » et « mec » de la part des soldats. Ajouté à cela la récurrence de fautes de conjugaison, de typographie et de mise en page, beaucoup d'éléments peuvent faire sortir le lecteur de sa lecture.

Points positifs :
– intrigue très bien maîtrisée
– rebondissements jusqu'à la fin

Points négatifs :
– changements de narrateurs
– évocation d'une romance
– écriture parfois trop orale

Lien : https://comptoir-des-connais..
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