Ainsi des hommes traversent les jours et les nuits du monde, cherchent et parfois trouvent pour quelle oeuvre ils sont un instant venus.
(p.292)
Ils furent des gens de chair et de sens, non point comme vous et moi, car aucune vie n'est à une autre comparable, mais comme Dieu, ou le hasard, les fit.
(à propos des Cathares, p. 10)
Que Philippe me pardonne, je ne t'enseignerais pas ce qu'il m'a enseigné, car je n'ai pas assez de foi dans les bonnes écritures, j'ai trop failli pour en avoir le droit. Je suis le dernier des Parfaits : après moi, il n'y en aura jamais de pires, ni de meilleurs.
Vivre est un travail salissant. La sueur, la poussière des errances, la crasse des jours ne comptent pas. Seules comptent les moissons, les lueurs allumées que d’autres nourriront, les bénédictions muettes, toutes choses qui poussent et fructifient sur le versant du coeur. Ceux qui se gardent propres ne récoltent guère, en fin de compte. Allons, cesse de renifler. Se salir n’est pas de mauvais aloi. Mais ne pas se laver serait une répugnante impudence.
A-t-on idée d'enfermer Dieu dans les églises, dit Philippe, humant l'air vif. N'est-Il pas partour chez Lui sous le toit du monde?
(p.27)
Ils ne désiraient pas bâtir de cathédrales ni de couvents: ils disaient que la seule vraie maison de Dieu était l'âme des vivants.
(à propos des cathares p. 9)
Le poison de la puissance et l'or des ornements ont pourri leur âme. Misérables honneurs qui firent des docteurs du Christ des mercenaires du diable!
(p. 25)
A peine revenu dans la salle, un homme se planta devant eux et leur demanda, l'air puissant et paillard, pour quelle faute ils étaient en prison. Dans la moitié de sa face, défoncée du front au menton, l'oeil manquait, et il épongeait sans cesse son orbite avec un chiffon immonde.
- Moi, dit-il fièrement, je suis un voleur.
Les larmes sont la pluie de l'âme. Elles lavent toues la crasses
Mais ce que disaient les mourants était précieux et considérable, car ils étaient à portée de regard de l'au-delà, et découvraient ce qu'un vivant ne pouvait voir.
(p.220)