La fille secrète

Personne ne peut savoir ce qu'il se passe dans le cœur de quelqu'un, Asha.

Il y a des gens qui aiment diaboliser l'Inde pour sa faiblesse, et d'autres la glorifier pour sa force. La vérité, comme toujours, se situe entre les deux.

« Si la mère s'effondre, toute la famille s'effondre », dit-elle en reprenant les vers d'un poème traditionnel. Tu dois être courageuse pour eux.

Ce ne sont pas les liens du sang qui fondent une famille.

« Il y a deux Indes, une pour les riches et une pour les pauvres, il y a deux Indes, une pour les hommes et une pour les femmes. Le domaine de la femme, c’est la maison – elle s’occupe de sa famille, des domestiques. Le domaine de l’homme, c’est le monde extérieur – il travaille, il mange au restaurant. C’est pourquoi quand tu marches dans la rue ici, en tant que femme, tu peux te sentir en minorité. Ce sont les hommes qui vont dehors. Et parfois, ils aiment à se railler de celles qui, comme nous, osent s’aventurer à l’extérieur. »

Tu te rappelles ce que je t'ai dit sur l'Inde dans ce qu'elle a d'extrême? Eh bien, tu l'as devant toi : le positif et ne négatif qui cohabitent. D'un côté [...] tu as la pauvreté, la saleté, le crime - certains des pires aspects de l'homme. Et de l'autre côté, tu vois des gens qui font preuve d'une ingéniosité incroyable. Ils fabriquent des tas de choses à partir de rien.

Si la mère s'effondre, toute la famille s'effondre.

Elle sait que Rupa ne cherche qu'à lui épargner la souffrance à venir. Elle lui a raconté comme elle a pleuré quand elle a laissé sa petite fille à l'orphelinat l'an dernier, et elle avait déjà quatre enfants. Elle a confié à Kavita qu'elle pense encore à elle, le soir quand elle se couche, son enfant perdu quelque part dans le monde;

Ah, beti, c'est ça, grandir. La vie nous forme sans cesse en nous faisant vivre de nouvelles expériences

« J’avais tellement de questions à lui poser. Maintenant j’ai les réponses. Je sais d’où je viens, je sais qu’ils m’ont aimée. Et je sais que j’ai eu une vie bien meilleure que celle que j’aurais eue autrement. Ça me suffit. Le reste, c’est à moi de le trouver seule… J’aimerais leur faire savoir que je vais bien, sans…les importuner. »
« J’en ai toujours voulu à mes parents de ne pas avoir de lien biologique avec eux. Je ne pouvais pas m’empêcher de me dire qu’il manquait quelque chose entre nous. Mais… à présent je trouve ça extraordinaire…je me rends compte qu’ils m’ont énormément donné, sans que nous soyons du même sang. Ils ont agi de la sorte juste parce qu’ils le voulaient … J’ai une dette envers beaucoup de gens. » Elle marque une pause. « Et je dois des excuses à ma mère. »