Vous ne pouvez tout simplement pas donner aux gens un pouvoir arbitraire sur les autres et vous attendre à ce qui n'en abusent pas.
Rome a largement justifié son pouvoir en prétendant imposer un système équitable de droit rationnel. Mais ces mêmes magistrats ont organisé des formes de divertissement pour transformer les masses en une foule lyncheuse, pour attiser des passions folles, des alternances de soif de sang et de prestations somptuaires, de factionnalisme, de culte des idoles, de bouc émissaire… tout cela fut conçu pour convaincre que la démocratie elle-même serait un désastre, qu'il fallait la confiner aux jeux, et laisser les professionnels s’occuper du droit et de la gouvernance. Ce fut extraordinairement efficace.
Considérez, par exemple, le réseau routier. Prendre un train ou un bus fait ressortir un certain type de comportement. Être en voiture en fait ressortir un autre. Ce n'est pas sans raison, je pense, que les Américains et les nazis ont aussi consciemment privilégié la culture automobile au détriment des transports en commun : cela renforce un certain sens de la “nature“ humaine.
Une grande partie de la pratique anarchiste – du moins celle que je considère essentiellement comme telle – tourne autour d'un certain principe dialogique ; on prête une grande attention à prendre des décisions pragmatiques et coopératives avec des gens qui ont des visions du monde fondamentalement différentes, sans essayer de les convertir à un point de vue particulier.
Pour moi, l'essence de l'intimidation est qu'il s'agit d'une forme d'agression conçue pour provoquer une réaction qui peut ensuite être utilisée comme justification rétrospective de l'agression initiale.
Dans Bullshit jobs, j'ai fait valoir que le problème clé de la théorie marxiste, qui est devenu le bon sens populaire au XIXe siècle, est que la théorie laborieuse de la valeur était entièrement fondée sur une notion essentiellement théologique de la production.
La définition la plus serrée que j'ai pu donner de la chose, c'est que l'anarchisme n'est ni une attitude, ni une vision du monde, ni même un ensemble de pratiques ; mais un processus permanent de va-et-vient entre les trois.