Avec
Les Amers remarquables, le second roman d'
Emmanuelle Grangé, je poursuis tranquillement ma découverte des livres sélectionnés pour la session « rentrée littéraire 2019 » des 68 premières Fois. J'arrive ainsi à ma quinzième lecture…
Le titre m'a immédiatement intéressée, allitératif, poétique… Est remarquable ce qui attire l'attention, ce que l'on retient ; c'est aussi ce qui est extraordinaire, rare… Mais une remarque peut aussi être une critique, un commentaire désobligeant. L'amertume est désagréable ou stimulante si l'on parle en termes gustatifs ; au sens figuré, c'est ce qui chagrine, dérange, fait mal, blesse. L'amertume peut donc évoquer une saveur ou un sentiment et dans le domaine des ressentis, on s'engage vite dans le découragement, la mélancolie et, plus pervers et toxiques, vers le dépit et la rancoeur…
Quand je fais ce genre de travail sémantique sur un titre, il y deux grandes possibilités : soit j'ai adoré le livre et j'en explore toutes les clés de lecture, soit je suis dans la posture contraire et je cherche, tout de même, des explications…
Ici, une fille nous raconte sa relation avec sa mère. le récit est à la première personne, un JE personnel et intime…
Ce qui frappe immédiatement et qui se confirme au fil de la lecture, c'est que la fille ne semble avoir retenu que l'amertume, comme si elle avait tout filtré pour ne conserver qu'un concentré de souvenirs amers.
J'ai eu beaucoup de mal à venir à bout de ce livre ; la session est à présent terminée et personne n'attend vraiment ce livre voyageur et j'ai donc pu prendre mon temps… Sans succès.
Voilà un livre dont j'ai envie de dire combien je comprends qu'il était important pour son auteure de l'écrire mais j'aurais peut-être pu éviter de le lire car il n'était vraiment pas pour moi…
La quatrième de couverture parle de la difficulté de se construire quand la peur de l'abandon est omniprésente… C'est une dimension que je n'ai pas vraiment ressentie dans ma lecture ; il ne s'agit pas ici d'abandon, mais de difficulté à être mère, de fuites et de retours, de passage de relais aux autres membres de la famille. J'ai trouvé que la fille avait presque capitulé plus vite que sa mère, s'abandonnant dans une posture de fille délaissée… Et oui, j'ai, moi aussi, décroché, démissionnant d'une lecture que je n'avais pas choisi.
Sur le plan de l'écriture proprement dite, j'ai trouvé répétitive et monotone cette vie de famille, somme toute banale, qui pourrait avoir été la nôtre ; certains passages ont pu même me correspondre un peu. Je suis, en général, très sensible à l'intertextualité… Ici, l'omniprésence de
Jane Eyre de
Charlotte Brontë, une véritable histoire d'orpheline, m'a paru superfétatoire, usurpée. Les épigraphes m'ont cependant donné l'envie de relire ce roman qui, étant beaucoup plus jeune lors de sa lecture (est-ce significatif ?), m'avait réellement bouleversée.
J'ai repensé à
Son absence, le premier roman d'
Emmanuelle Grangé, lu aussi grâce aux 68 première Fois… Je me souviens que j'avais même relu deux fois ce très court roman pour lui trouver du sens et que, malgré mes efforts, il ne m'avait pas convaincue.
L'univers d'
Emmanuelle Grangé n'est visiblement pas pour moi ; si je reprochais à
Son absence de trop survoler son sujet, je dirai qu'avec
Les Amers remarquables, j'ai buté sur une forme de ressassement pessimiste que le titre portait déjà ; en effet, un amer est aussi un objet fixe, toujours visible, qui peut servir de point de repère en mer ou sur les côtes. La mer, la mère qui aime nager, surnage dans sa propre vie et qui se cherche… Mais les mères font aussi comme elles peuvent et la mère idéale n'existe pas.
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