Nous nous sentons minuscules au milieu de cette vaste étendue glaciale et vide, et seul le bruit du sel cristallisé crissant sous nos pas rompt le silence.
Au Pérou, le Qhapaq Nan nous a dévoilé toute sa splendeur. Monumental et imprévisible, il s'attaque à une topographie terrible, traversant à la perpendiculaire des canyons profonds, s'élevant jusqu'à des altitudes inhumaines, traversant des rivières en furie...
Ayacucho est célèbre pour ses nombreuses églises, notamment sa cathédrale datant du XVIIe siècle. La légende voulait qu'Ayacucho compte trente-trois églises, une pour chaque année de la vie du Christ, mais en réalité il y en a davantage.
Un superbe alignement de pierres -- qui a miraculeusement résisté aux glissements de terrains pendant des siècles -- surligne la Route au nord de la vallée de la rivière Mantaro.
Nous sommes désormais totalement tributaires des habitants, qui vivent dans un dénuement total au fond de ces vallées arides et isolées. Nous n'avons ni tente, ni nourriture, ni sacs de couchage. La tradition de l'hospitalité est intacte et nous passons nos soirées dans des familles charmantes qui nous offrent le gîte et la nourriture.
Décembre 2005. Nous dînons ce soir d'une soupe de pommes de terre et de pâtes dans la cuisine de Don Maximo Segundo, assis sur de minuscules tabourets en bois. Une fumée noire a envahi la pièce confinée et rend l'air totalement irrespirable. Nous sommes à l'extrême nord du Pérou, au pied du mystérieux site inca d'Aypate, dont notre hôte a la garde. Nous n'avons pas encore découvert de trace du Qhapaq Nan, bien que tout porte à croire qu'il doit passer par ici...
Cettefois-ci, la Grande Route Inca est devant nos yeux. Elle atteint dix mètres de large -- sur un plan incliné -- en remontant le col d'une colline en forme de cône appelée La Plaza del Inca. Au sommet se trouvent les fondations de deux murs concentriques. Dénicher la Route, après l'avoir arpentée d'est en ouest de nombreuses fois, a été une grande satisfaction pour nous. Mais cela n'a pas duré car nous n'avons plus retrouvé de telles sections avant d'arriver au Pérou.
Ricardo Espinosa, La Gran Ruta Inca, 2002
Au sud d'Ingapirca, nos lamas commencent à accuser la fatigue des dernières semaines et c'est à peine si nous parvenons à parcourir une vingtaine de kilomètres par jour!
La région nord des vallées calchaquies est un étonnant univers de cnyons rouge sang qui contrastent avec le lit vert chlorophylle de la rivière.
Plus au sud, la Grande Route Inca apparaît par intermittence, au milieu de la puna glaciale, flirte avec les pistes récemment construites, avant de rejoindre Paucara et ses étranges formations géologiques qui rappellent curieusement la Cappadoce turque.