Ce que femme veut

Me semble que c’est pas super facile, pour les femmes, de parler de sexe. Parce qu’il est bien question de ça aussi, non ? L’amour et le sexe, si j’ai bien compris…
— Vous avez bien compris, les deux sont souvent indissociables, dans un contexte de relation amoureuse, mais c’est un autre cliché, ça, de dire que les femmes ne sont pas à l’aise d’en parler. De quoi croyez-vous qu’on parle, entre autres choses, pendant nos soupers de filles bien arrosés ?

L’amour, c’est la même chose pour tout le monde, non ? La gentillesse, l’empathie, la sensualité, c’est dans le cœur que ça se passe avant de se rendre au corps… 

Ce sont des femmes comme celles qu’on côtoie tous les jours, des vraies femmes qui vivent comme la moyenne, en couple ou pas, de tous les âges et de tous les horizons. Celles qu’on croise sur la rue, dans le métro ou à l’épicerie. Hétérosexuelles pour la plupart, mais pas que, et cisgenres, c’est important de le mentionner.

L’amour, le sexe, ça devrait être joyeux, non ? Les dernières années nous ont fait revenir à l’essentiel, sur bien des choses. Et l’essentiel, c’est que les femmes veulent de l’amour, dans leur cœur autant que dans leur petite culotte. Je ne parle pas nécessairement d’amour rose bonbon, hyper-romantique et fleur bleue, là. Juste de l’amour. De la bienveillance, de la complicité, du désir, de l’excitation, des papillons. C’est la même chose pour les hommes, d’ailleurs, tout le monde veut de l’amour ! En donner et en ressentir.

Le charme, la prestance, l’humour et la conviction de celle qui, je ne le savais pas encore, deviendrait mon égérie m’ont instantanément séduite. À l’aise devant la caméra comme un poisson dans l’eau, articulée, exubérante et surtout passionnée par son travail, Emmanuelle Lanthier était parfaite, surtout dans le contexte de cette émission hyper-populaire auprès des hommes autant que des femmes, animée par une jeune brunette effervescente et deux fanfarons à la limite de l’imbécillité qui, parce qu’il serait vraisemblablement question de sexe, en frétillaient d’avance de manière bien peu reluisante pour le genre masculin.

Ma vie avait toujours été d’un ennui et d’une insignifiance sans nom. Outre les millions de questionnements sur l’amour et mes nombreux blocages affectifs soupçonnés, que j’entretenais à la braise de mon ennui et qui n’intéresseraient sans doute personne, que pourrais-je bien raconter ?
J’ai conclu que la télé saurait bien mieux me distraire, à ce moment précis, qu’un roman dont la protagoniste vivait des aventures magiques, trop parfaites et franchement invraisemblables. Cynique, moi ? Si peu.

Le roman dans lequel j’étais plongée cette semaine-là n’est pas parvenu à me distraire. Il était pas mal, mais la lecture, depuis quelque temps, ne faisait que me décourager. Comme la pointe d’un couteau qui s’enfonçait de plus en plus profondément dans mon cœur.

C’est juste que, visiblement, je t’excite plus tellement, et pas seulement au lit. Tu sais quoi ? Je pense que j’en ai assez de me sentir de même. Je sais jamais ce que tu veux. Ça m’épuise. On dirait que je fais jamais la bonne affaire.

J’avais espéré que faire l’amour, comme c’était souvent le cas, me ferait oublier la lassitude qui m’accablait depuis quelques jours, mais non. Me secouant mentalement, j’ai pris une grande inspiration pour me ramener dans le moment présent. Expirant lentement, j’ai enroulé les jambes autour de la taille de mon amoureux pour l’attirer plus profondément en moi.
Il a semblé apprécier et m’a embrassée, caressant mes seins avec application.
J’ai soupiré.
De plaisir ou d’ennui ?
« Ah ! Faut que j’ajoute le café sur ma liste d’épicerie », ai-je songé.
Pierre-Luc a gémi.
« À quelle heure, déjà, mon entrevue, demain ? Une autre job de nuit, ça me tente moyen… Qu’est-ce que je vais mettre ? »
Mon amant a accéléré son va-et-vient.