Ne pas subir ce qui paraît nous écraser, mais au contraire tenir à pleines mains, cette dalle qui est pour nous : la soulever à bout de bras.
Vouloir faire, vouloir rejeter cette lourde dalle pour voir enfin le ciel. Et chacun de nous peut voir son ciel.
Ne pas s’incliner devant ce qu’on appelle le destin. Prendre dans l’événement qui nous frappe ce qui est une poussée de force pour nous, pour les autres
La vie : chacun de nous en fait une expérience nouvelle, personnelle et toute expérience, dure ou douce, l’homme doit en tirer du bien.
Il n’y a pas d’événement qui soit vain dans la vie, pas de jour, pas d’épreuves qui soient inutiles. À condition qu’on ne les contemple pas, fascinés, immobiles comme l’est une proie d’un serpent, mais qu’on se serve d’eux comme un appui pour aller plus avant
Une vie réduite à soi n'est pas une vie. Elle est une amputation de la vie. Et elle ne conduit qu'aux gouffres de la solitude et du sentiment de l'échec.
La vie est un fleuve qui coule vers demain et qu'on ne peut freiner.
S'accrocher au passé c'est être pris dans de hautes algues mortes qui paralysent, tuent le courage de vivre. Et l'on se noie.
Il faut se tenir au milieu du courant. Savoir qu'aujourd'hui naît du passé et porte vers demain.
Ce sont les actes qui font et jugent une vie. Non les mots. Non les intentions.
Mais un mot, une pensée, peuvent faire surgir un acte ou l'empêcher. Et il faut prendre garde aux pensées et aux mots. Ils sont cancer ou énergie. Ils désagrègent ou rassemblent.
Un mot, une pensée dans une vie peuvent être un acte.
La vie c'est un arbre que la tempête secoue. Il faut tenir serrées entre ses mains les branches, il faut vouloir rester accroché jusqu'à ce que le vent, l'orage, se calment. S'ils se calment jamais.
L'amour, c'est sentir qu'on est une parcelle agissante du monde. Et responsable de lui.
L'amour, c'est comprendre qu'on vit des autres. Qu'on est un moment du monde.
Alors cet amour du monde, cet amour de la vie totale permet de combattre en soi la mort.
Aimer le monde, les autres, c'est abolir sa mort.
Il n'est pire solitude que celle qui naît de l'indifférence des autres. Et chacun peut être victime un jour de l'indifférence et en souffrir. Alors pourquoi ne pas tendre la main à celui qui est seul?