Achille Talon, tome 14 : Achille Talon et le mystère de l'homme à deux têtes

Greg a osé !
Il a osé franchir le pas. Avec cet album, il est passé de la nouvelle au roman.
C'était couillu. L'humour encyclopédique de Talon & consorts fonctionne très bien sur de courtes distances. Allait-il être assez endurant pour un marathon ?
Bah, sans faire une thèse, moi j'ai bien aimé.

D'abord il fallait un semblant de scénario. Greg a un truc : un type quelque peu amnésique au point qu'on pourrait penser qu'il a perdu la mémoire débarque de nuit chez le citoyen Talon. Âpre discussion à bâtons et sérénité rompus. La police s'en mêle ; tout le monde au poste. Mais au commissariat un quidam à moustache et bosse sur la tête, ancien de la retraite de 40, déboule en chemise de nuit pour déclarer un vol avec violence (la bosse). Deux secondes plus tard il saute de surprise. C'est lui, son voleur, le brave amnésique qui embête Talon.
Mais du coup, il a un alibi. Qu'est-ce que c'est que ce sac de noeud.
Prenant l'initiative et laissant la police envisager avec joie une retraite bien méritée, the Talon's team investigue.

Les gags fusent, comme d'hab dirai-je. Quoiqu'ils perdent un peu de leur intensité du simple fait du volume plus large à parcourir. Pas de chute possible à la fin de la deuxième page ici, pas d'applaudissement à la fin du gag. Faut avancer les gars ! Talon, Lefuneste et Papa Talon font dans le travail à la chaine et ils ne sont habitués. La preuve : Achille et son nuisible voisin à lunettes n'ont même pas le temps de s'envoyer des vexations et des poings à la figure. L'adversité est ailleurs, avec sa copine la vérité. Heureusement, elle fait rire aussi.

Bref, ça reste rigolo et apporte un renouveau bienvenu, nécessitant un petit temps d'adaptation au lecteur.
Ça a dû plaire car Greg va renouveler l'expérience un certain nombre de fois.

A n'en pas croire cette lecture, "le mystère de l'homme à deux têtes" n'est pas à prendre à la légère !
Il s'y serait glissé comme l'ombre obscure d'une machination ténébreuse dont l'opacité découragerait un mineur de fond nyctalope ... mais pas Achille Talon !
L'homme de qualité a pris, au plus profond de la nuit, un coup sur l'occiput.
Ainsi que le bijoutier Petitcarat, avant d'être dévalisé ...
La piste de l'homme sans mémoire mène jusqu'à la clinique du "Chuchotis".
Il va falloir ruser -Tact, diplomatie, astuce et subrepticité ! - avant d'identifier le malfaiteur indéterminé qui est mêlé à un mystère inexplicable au sujet duquel nous sommes dans l'ignorance ...
Achille Talon, en septembre 1975, est dans le premier numéro du "Nouveau Tintin".
Faisant quelques infidélités au journal "Pilote", il va y vivre sa première grande aventure sous forme d'histoire à suivre : "Le mystère de l'homme à deux têtes" !
Greg fait prendre un tournant à l'homme de qualité.
Hop !
L'action vient étoffer les dialogues.
Le rythme est rapide.
Lefuneste, le voisin affectionné et Alambic-Corydon Dieudonné Talon sont parfaits.
Rendons hommage à la police. le brigadier Homère fait un travail fastidieux.
Il va se trouver face à l'enquête la plus éprouvante de sa carrière ...

Cet album fut le premier des Achille Talon à paser sous le format d'une seule histoire dans l'album. Elle confront Talon à une machination basée sur la scyzophrénie. Pout ma part, je suis plus adepte des histoires longues plutôt que des gags j'adhère donc à la formule, même si ce n'est pas le meilleur album de la série.

C'est dans le Nouveau Tintin de septembre 1975, qu' Achille Talon entama sa première aventure en 46 pages: le mystère de l' homme à deux têtes.
Des récits au long cours, donc, avec les personnages développés auparavant dans des gags en deux planches.

J'ai déjà dit qu'Achille Talon n'était pas ma tasse de thé. Son univers, ses petites feintes à deux balles, ses hop!, et ainsi de suite. Oserais-je dire sa silhouette sans me faire taxer d'intolérant?

Dans le même genre de dessin, je n'ai jamais accroché à Modeste et Pompon mais j'ai adoré Lagaffe, Cubitus... Faut pas chercher à comprendre.

Une de mes critiques les plus fondamentales sur Achille Talon, c'est le format des gags, en deux planches. C'est trop ou trop peu. Alors ici, je devrais être aux anges... une histoire complète d'Achille Talon. de quoi faire taire mes critiques les plus dures... Eh bien, non.

Non.

Non.

Je n'accroche pas. C'est quasi impossible. C'est donc plus fondamental que le format. C'est l'humour, l'univers comme je le disais d'entrée de texte. Pourtant l'humour surréaliste, non-sens, à la Gotlib, j'adore. J'en redemande, je n'en ai jamais assez. Pas d'overdose possible. Alors que chez Achille Talon, je dois me forcer pour finir un seul tome.

Et ce n'est pas bon de se forcer.

L'histoire tourne autour de la folie, de la maladie mentale, ce qui devrait être un long tapis rouge pour Greg, très habitué à l'humour débridé, sans queue ni tête... Hélas, non...

C'est donc l'ensemble qui me pose des soucis. le trait, les rouages, l'univers, l'humour, le découpage, les partis pris d'auteur... Je ne m'explique pas. C'est comme ça.

La série d'Achille Talon a été créée par Greg en 1963. Elle est imprégnée de l'esprit du défunt magazine "Pilote". le "héros" est un petit-bourgeois quelconque, laid et corpulent, égoïste, sot et pontifiant. le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il n'attire pas la sympathie. Ses aventures sont souvent absurdes et, à mon avis, fort peu intéressantes. En fait, je n'ai jamais aimé ces albums; ils ne me font pas rire. Et "Le mystère de l'homme à deux têtes" ne fait pas exception. Cette histoire, qui commence - lourdement - avec l'arrivée d'un fou échappé d'une clinique psychiatrique, n'a ni queue ni tête. L'un de ses ressorts se révèle être l'existence révélée de jumeaux, un subterfuge classique déjà utilisé par bien d'autres auteurs de BD. Je n'en dirai pas plus. Décidemment, je ne chercherai plus à suivre les aventures d'Achille Talon.