Simonetta Greggio réussit la prouesse de s'immerger et de nous immerger dans le flux de pensée d'
Elsa Morante, à partir de ses écrits et de sa correspondance. L'on suit son existence entière, d'abord l'enfance misérable entre une mère omnipotente qui repère très vite son talent et tente d'en tirer profit, et deux figures paternelles qui n'en sont pas. Sa marraine, richissime, lui offre l'occasion de briller en société dès son plus jeune âge, mais très tôt, Elsa démasque les faux-semblants.
De son couple amoureux, amical et intellectuel avec
Moravia, de ses aventures et ses amitiés, rien n'est laissé dans l'ombre, pourtant sans vulgarité aucune. Une franchise reflétant l'avance de la grande écrivaine sur son temps. Un chat est un chat, mais l'écriture sensorielle de
Simonetta Greggio nous en fait vivre la douleur comme la jouissance.
Une excellente introduction à l'oeuvre de la première femme lauréate du prix Strega, et à la vie politique et culturelle italienne du vingtième siècle, grâce aux passages concernant
Natalia Ginzburg,
Pasolini, Visconti,
Léonor Fini, la famille Agnelli,
Malaparte, Anna Magnani, et bien sûr
Moravia, qui, dit-elle dans une lettre, ne lui a jamais pardonné d'être un génie.
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