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Il pleut.

Pourtant j'ai lu ce livre en plein soleil. Soleil de plomb.

La littérature est un art et cet ouvrage en est la preuve.

Ce livre est de la musique. Un rythme, une mélopée qui m'ont emportés loin. Chaque mot à sa place et n'importe où en même temps.

Ce livre fait du bruit. Un pacte que le lecteur passe avec son auteur dès les premières lignes. Simonetta Greggio semble nous inviter à ce voyage vers Elsa Morante, sans trompette ni tambour, non, mais avec perte et fracas. Une lecture que l'on prend comme un chemin vers la lumière. Un chemin escarpé, exigeant mais terriblement prenant.

Ce livre n'est pas une biographie d'Elsa Morante. Ce livre est Elsa Morante.
Par petites touches, par grands traits de mots tous plus beaux les uns que les autres. Oui, ce livre est un tableau. Une fresque où chaque ligne vit, vibre, emporte.

Ce livre est une chanson. Un air que l'on garde en tête, sans rimes ni raison. Comme un vieux tube, entendu à la radio, et qui s'incruste dans la mémoire. Pour longtemps.

Ce livre n'est pas un livre. Il va bien au-delà.

Lisez-le comme une rencontre. Comme quelque chose de beau même si on n'en possède pas toutes les clefs. Ce qui le rend encore plus fort. Encore plus tentant.

Lisez-le comme on ne lit plus.
En fermant les yeux.
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Voici la biographie romancée d'Elsa Morante, écrivain, poète et traductrice née le 18 août 1912.
Elle épouse Alberto-Moravia en 1936, mariage qui durera jusqu'à sa mort le 25 novembre 1985.


Lors de courts chapitres qui commencent souvent par: Il pleut .......Simonetta Greggio redonne voix à Elsa .
Cet ouvrage est l'histoire de sa vie .

Les chapitres denses, à l'écriture poétique et imagée sont ponctués de fragments de journaux, de poèmes et de lettres .
D'autres évoquent avec une tendresse non dissimulée, une passion et une précision étonnantes, les réflexions intimes du personnage .
Un chapitre est consacré à l'adaptation- traduction de l'auteur de lettres envoyées à un amant non identifié d'Elsa . .......

Simonetta Greggio décrit l'enfance d'Elsa qui habite dans un quartier populaire du Testaccio à Rome.
La famille déménage en 1922.
Lorsqu'elle a six ans Maria Guerrieri Gonzaga Maraini , sa marraine " tombe amoureuse " de la petite fìlle " aux yeux cernés " et l'emmène quelque temps " vivre dans son jardin" .

Elle commence à cet âge à écrire déjà de brèves nouvelles et des fables pour enfants .
"Qui était cette enfant qui dormait avec les chats errants , qui réinventait sans cesse les vêtements et les objets, la laideur m'a toujours mise de mauvaise humeur ......cette fillette qui ne jouait avec les autres enfants que lorsqu'elle pouvait les mettre en rang et leur faire la classe "......

Entre 1928 et 1930 Elsa termine ses études.
Elle désirait vivre à tout prix de son écriture et apprendre à voler de ses propres ailes, ce qui à l'époque était peu commun pour une femme........
Elle se revendique " écrivain" et non pas " écrivaine ".
Le lecteur découvre sa rencontre avec Alberto Moravia, déjà célèbre, leurs rapports pour le moins tumultueux , tout au long de leur histoire vive ------vingt - six ans ------et tout au long de leur histoire" morte-"---- vingt - trois ans supplémentaires ...

Il était inconstant, passionnel, vite lassé, infidèle, indéchiffrable .

Elle préfére de beaucoup les chats et les animaux en général aux humains .

Où l'on croise Paolo-Pasolini, assassiné en 1975, Visconti, Bill, le jeune amant, Anna Magnani, Maria Callas , Calvino et Pavese , Malaparte et Curzio , Rilke et bien d'autres talents, le pan entier d'une époque ....

C'est un ouvrage pétri d'humanité , à la fois intime et joyeux , lumineux , mélancolique et profond, un récit intense , minutieux un témoignage au plus près où l'on sent à chaque détour de page l'admiration , voire la fascination de Simonetta pour Elsa, sensuel, touchant et audacieux totalement voué à la compréhension de Morante.

Elle était énigmatique et sensuelle , tactile et coléreuse, entière et boudeuse, à l'existence tournée exclusivement vers la magie et le travail de l'écriture .
Elle désirait être heureuse et être aimée.
Elsa " la mordorée" , après des mois , des années de travail acharnés possédait un talent et une force de vie prodigieuse.
Elle voulait changer le monde, à la quête d'elle - même lors de la création littéraire.
Écrire jusqu'au bout . .....
Je remercie Masse Critique et Babelio pour l'envoi de ce livre de la rentrée et les éditions Flammarion.
J'ai hésité longtemps entre quatre * , trois * et demi !
Il ne faut pas en tenir compte .....
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L'évidence qui vient à la lecture de cette biographie romancée, c'est la passion qui rejaillit du texte de Simonetta Greggio pour Elsa Morante. Par de petits chapitres, elle s'introduit dans la vie de la romancière, lui redonne parole, pour mettre en lumière par des instantanés empreints de poésie ce que fut la vie de sa compatriote.
Morante, femme de caractère, entière, figure importante de la littérature transalpine, épouse d'un autre "monstre" de la littérature italienne (Alberto Moravia), malmenée parfois (comme toute vie), amante passionnée, le portrait est finalement assez complet et donne envie d'aller chercher nous même certaines précisions . C'est joliment écrit, l'émotion est souvent présente, et force est de reconnaitre que l'envie de découvrir l'univers d'Elsa Morante est l'un des points forts évidents du roman de Greggio.
Je tiens à remercier Babelio et les Éditions Flammarion de m'avoir permis de découvrir ce très beau roman de la rentrée 2018.
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Simonetta Greggio m'a fait connaître et aimer Elsa Morrante une femme si belle et si libre. Je n'ai plus qu'une envie, découvrir son oeuvre, dès ma chronique finie je vais donc me rendre chez ma libraire préférée pour commander « La Storia ».

L'auteur laisse la parole à Elsa Morrante. Elle va nous raconter sa vie, ses rencontres, ses amours. Des rencontres qui donnent lieu à des portraits sans concession Visconti, Fellini, Rossellini, mais aussi des moments de tendresse infinie quand elle évoque Pasolini poète, écrivain et réalisateur maudit et Bill Morrow peintre, tous deux homosexuels, ses deux petits-frères de coeur.

Le style m'a tout de suite plu, et le fait qu'Elsa s'adresse directement au lecteur donne un ton intime et sensuel à ce récit. L'auteur nous dresse le portrait d'une fillette douce, sauvage, arrogante, menteuse, effrontée mais sensible. À six ans, les premiers romans lus en cachette, chipés dans la bibliothèque, la découverte de Zola.
« J'écris depuis que j'existe. Avant de savoir écrire, j'écrivais déjà. J'étais écrivain dans le ventre de ma mère. Avant de naître, j'étais écrivain. »

L'auteur sait parfaitement décrire les tourments de cette fillette, une mère et son amant, son vrai père et puis le mari de sa mère, son faux père. Les disputes à la maison, une mère qui hurle, un père qui se défile, une mère maquerelle qui va essayer de vendre les premières nouvelles écrites par sa fille de onze ans, une petite fille qui rêve de caresses de cette mère tyrannique. Comme souvent les débuts sont difficiles, elle met sa machine à écrire au clou tellement elle a faim.
« Me réveiller la nuit, la bouche aigre, dans un lit inconnu. Cela ne s'appelle pas de la prostitution. Cela s'appelle misère. »

Elsa est une femme atypique, prête à tout pour être publiée et lue. Elle veut vivre de son écriture, apprendre à voler de ses propres ailes.
« J'aurais pu tuer pour être reconnue à ce que j'estimais être ma valeur. »
Et puis voilà la rencontre avec Moravia, la situation financière s'améliore, l'auteur nous entraîne à la suite de ce couple où les séparations brutales alternent avec les retrouvailles passionnées, les amis qui apprennent à se faufiler entre leurs disputes. Cela n'est pas sans rappeler le couple Liz Taylor et Richard Burton.
« À la fin de la soirée, Moravia m'a serré la main pour prendre congé. J'en ai profité pour lui glisser la clef de mon studio. Nous avons cela en commun, Moravia et moi. Nous ne lambinons pas avec le désir. »

À chaque début de chapitre l'auteur a la bonne idée de replacer le parcours du couple dans L Histoire mouvementée de l'Italie et de l'Europe, la guerre qui les rattrape, juifs à moitié ils doivent déguerpir, cachés par des amis, jusqu'à la fin du conflit. Ils rentrent à Rome, la vie reprend, Moravia continue de la tromper.
Et puis tout au long du récit il y a le souvenir obsessionnel de la mort de son ami et la hantise de la vieillesse. Par son écriture, faite de fines touches posées régulièrement, Simonetta Greggio nous fait bien percevoir les angoisses d'Elsa.
L'auteur tient à nous préciser qu'il s'agit bien d'une oeuvre de fiction, les fragments de journaux, de poèmes, de lettres d'Elsa qui illustrent le récit rendent ce portrait encore plus vrai. Je crois bien que je suis tombé amoureux d'Elsa, une femme si forte et si fragile à la fois, qui souhaite être protégée tout en étant voulant être indépendante.


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Pour m'être délectée de ses histoires un tantinet sulfureuses (dans les années 60 en tout cas), Alberto Moravia a été un auteur incontournable de mon adolescence.
Je garde un souvenir vivace de quelques-uns de ses romans, notamment « le mépris » magnifié sous la caméra de Jean-Luc Godard par Brigitte Bardot au summum de sa beauté.
D'Elsa Morante, j'avoue ne connaître que le nom de son plus célèbre roman « La Storia ».
Simonetta Greggio, je la lis régulièrement avec énormément de plaisir, aussi,
lorsque Babelio m'a proposé « Elsa mon amour », son dernier opus, je me suis empressée d'accepter tant j'étais curieuse de lire sous la plume de l'auteure l'histoire de deux géants de la littérature.

Dès les premières pages, l'écriture est superbe : « Il pleut, les orangers et les citronniers sont en boutons, blanches dragées de mariée. »
J'aime cette poésie qui enveloppe l'histoire.

En se glissant dans la tête de la romancière, c'est un morceau de l'histoire italienne que Simonette Greggio nous donne à lire. Au fil des lignes nous découvrons des grands noms de la littérature et du cinéma italien qui furent ses amis : Pasolini, Fellini et Anna Magnani.

Mais le compagnon est bien sûr Moravia dont elle accepte les infidélités, il est et restera son mari, et tant pis pour sa rivale qu'elle qualifie de serpent à sonnette qui a du poil au menton.
« Sa robe de mariée, elle peut toujours l'attendre, celle-là.
La fureur d'une femme trahie ne se brise que sur la dalle du cimetière ».

A travers ce roman parfaitement documenté, Simonetta Greggio nous offre un vibrant et bel hommage à Elsa Morante.
Il ne me reste plus qu'à découvrir « La Storia ».

Un grand merci à Babelio et aux Editions Flammarion.
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Je me suis procurée récemment La storia, le roman d'Elsa Morante suite à des chroniques lues ici ou là et avant de le découvrir je voulais en savoir un peu plus sur cette auteure italienne alors quoi de mieux qu'une biographie romancée d'une auteure italienne Simonetta Greggio que j'avais découvert avec Les mains nues il y a deux ans.

D'Elsa Morante je ne connaissais rien, ni de sa vie, ni de son oeuvre et j'ai découvert une femme dont la vie fut à elle-même un roman, une italienne telle qu'on peut se la représenter, fougueuse, aux milles vies, à la personnalité à la fois forte et fragile avec des moments de débordements, de cris et de larmes.

C'est au soir de sa vie qu'elle se confie, dans une sorte de journal-testament où elle revient très rapidement sur son enfance, sur ce père qui n'était pas le sien, sur l'autre qui ne le fut pas non plus, sur sa mère juive, avec laquelle elle s'affrontait pour finir par quitter très jeune le toit familial et se lancer dans la vie.

Elle évoque son grand amour, Alberto Moravia, avec lequel elle restera uniejusqu'à sa mort en 1985 même si leur mariage était fait d'écarts de part et d'autre, mais aussi ses ami(e)s  : Malaparte, Pasolini, Anna Magnani, son amant Visconti, sa jeunesse où elle a connu la faim, les rencontres de passage, et puis très vite la reconnaissance de son travail d'écriture.

Simonetta Greggio laisse transpirer toute l'admiration qu'elle a pour la femme et pour l'écrivaine au caractère bien trempé, elle entrecoupe cette biographie romancée de courts chapitres qui permettent de resituer les événements et leurs contextes.

Il y a à la fois toute la splendeur de cette femme dont la vie fut une aventure continuelle mais qui sombre dans la vieillesse et l'isolement après plusieurs chutes en constatant que beaucoup de ceux qu'elle a aimés sont définitivement partis de leur plein gré ou non, elle-même ayant tenté de le faire sans succès.

Je dois avouer que le personnage m'a séduit, je l'ai lu en une journée car ne connaissant rien d'elle j'ai été totalement subjugué par son parcours, sa modernité, son amour inconditionnel pour Moravia jusqu'à son dernier jour, malgré les scènes et les trahisons, ses passions pour les artistes, écrivains, poètes, cinématographes croisés, les petites anecdotes et son amour pour sa ville Rome. C'est un voyage dans l'Italie d'après-guerre dans ce qu'elle comportait d'artistes et d'écrivains.

C'est un récit tout en nuances, en couleurs, en forme, en mille petits détails de sa vie mais on ressent tout au long une sorte de mélancolie, de tristesse dans le regard porté par cette femme sur ses belles années, pas toujours heureuses et sur sa fin de vie, immobilisée et ne trouvant du réconfort que dans ses souvenirs. Quel contraste entre ce qu'elle fut et l'amertume de ce qu'elle est désormais.

Rien de trop, juste l'essentiel mais qui dresse le portrait d'une femme de caractère au coeur sensible, ayant la certitude qu'être "écrivain" (et non écrivaine comme elle le dit) était sa seule destinée, Simonetta Greggio s'efface totalement derrière Elsa en lui laissant la parole et qui peut mieux qu'elle pour parler d'elle !

Je ne sais pas quand je vais lire La storia mais je dois avouer que j'ai une certaine impatience pour découvrir la plume de cette femme et voir si je retrouve son énergie, sa volonté, son oeil sur son pays et ses contemporains.

"J'étais jeune longtemps. J'étais belle, du moins le disait-on. Je suis devenue un écrivain, un grand. Puis je suis tombée. J'ai désiré les hommes, je les ai aimés et attachés avec les yeux de mon vrai père. Et je suis connue sous le nom de mon faux père. Il en aurait fallu moins pour être celle que je suis. (p11)"
Lien : https://mumudanslebocage.wor..
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C'est un roman qui mêle la fiction et les extraits des journaux, poèmes, lettres d'Elsa Morante !
Elsa mon amour, est écrit par Simonetta Greggio, passionnée de Morante dans un style flamboyant, lyrique, sensuel, intime et vibrant à tel point que par moment on ne sait plus si c'est elle ou Elsa qui vibre ( d'ou ma remarque préliminaire ! ).
Elsa la "douce et sauvage, l'arrogante, la menteuse et effrontée, la dédaigneuse et charmante, la suffisante, intelligente, sensible et géniale" !
Une femme née en 1912 à Rome, qui a vécu dans le quartier pauvre du Testaccio, qui a pris le nom de son beau père Augusto Morante, une gamine qui a été remarquée à 6 ans par sa marraine et qui a commencé à écrire, qui s'est même prostituée pour vivre, faire des études..
En 1941, elle a épousé Alberto Moravia : auteur célèbre plus âgé qu'elle et avec qui, elle restera mariée jusqu'à la fin de sa vie ! Elle le suivra en exil car il est juif par son père et il est listé par les fascistes..
Elle voyagera en Espagne, en URSS, en Chine et même aux US ou elle aura une aventure amoureuse avec Bill Morrow qui se jettera d'un gratte ciel New-yorkais !
Avec Elsa, les rencontres de célébrités intellectuelles et artistiques sont multiples et on découvre toute une génération de "monstres sacrés" comme Visconti, Pasolini, Penna, Saba, Magnani, Rossellini, Eléonor Fini, Malaparte et Giovanni Agnelli et sa famille...
Elle aimait les chats, les "abimés"de la vie, la liberté et l'amour !
Une écrivaine, essayiste, poètesse qui a marqué
son siècle en étant la première femme a obtenir le Premio Strega en 1957 et, qui a eu un succès international avec son livre " La " Storia " ( 1982 ) !
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Merci à Masse critique et aux éditions Flammarion pour la découverte de ce livre et de cette auteure.
J'ai accepté de critiquer ce livre après avoir lu La Storia d'Elsa Morante, une lecture forte, marquante, qui m'invitais à connaître davantage l'auteure. Mais jusqu'alors je n'avais lu aucun autre de ses ouvrages et ne connaissais sa vie que de façon très sommaire.
Pourtant, lire ce livre de Simonetta Greggio, que je ne connaissais pas, me demandait de surmonter quelques réticences. C'est que je ne suis pas porté sur les romans qui s'emparent de la vie d'autrui. Déjà, l'autofiction m'apparaît narcissique. Alors s'accaparer par la fiction la vie d'un/d'une autre… Je préfère de loin les auteurs qui s'effacent derrière leurs écrits et dont l'inventivité et la création littéraire sont les premières qualités (je suis fan de Thomas Pynchon).
Et puis je me suis dis : ‘Après tout, un écrivain a une liberté absolue dans le choix de ses sujets. Voyons ce que cela donne.' Et je ne me suis pas ennuyé. Ce petit livre se lit facilement et agréablement et offre de beaux moments de réflexion et de méditation.
Nous sommes emportés dans un monologue intérieur, dans le flux de conscience d'Elsa. Elle récapitule divers épisodes de sa vie, on sent qu'elle est à la fin. Et on est bien tenté de se laisser aller à croire que c'est en effet Elsa qui parle. de temps à autre, le flux est interrompu par des mises en contexte ou des fragments de journaux, poèmes ou lettres d'Elsa, en italiques.
Pourtant, ce n'est pas Elsa qui parle, c'est Simonetta. Elle l'a rencontrée, l'a aimée et a voulu témoigner de cette rencontre dans ce livre. Il faut dire que c'est assez réussi, même si toutes mes réticences n'ont pas été levées et que je me suis interdit de prendre le livre de Simonetta pour des paroles d'Elsa.
Et puis il y a des affirmations péremptoires qui me sont apparues sonner faux et tomber à plat, comme ‘Je suis tout le monde. le monde c'est moi.' (p. 27) Un peu prétentieux  non ?  de mettre cela dans la bouche d'autrui. Et les passages à propos de Malaparte et de la famille Agnelli, quoique informatifs, brisent l'unité de l'ensemble. Les passages de rêverie d'Elsa me paraissent les plus réussis, surtout ceux où il est question de Bill, qui sont poignants.
Au final, un livre somme toute plutôt léger, mais méditatif, et qui laisse sa marque. L'on en retire le grand bénéfice collatéral de vouloir en savoir plus sur cette formidable conteuse qu'est Elsa Morante (signalons la toute récente biographie de René de Ceccatty chez Tallandier) et de lire tous ses livres (je me suis mis à Mensonge et sortilège). Rien que pour cela le livre de Simonetta Greggio vaudrait le peine.
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C'est parce que je suis tentée par la lecture d'un roman d'Elsa Morante que j'ai ouvert "Elsa mon amour", la biographie romancée de l'autrice italienne écrite par Simonetta Greggio. Je voulais un peu mieux la connaître puisque je ne l'ai jamais lue et que "L'île d'Arturo" est un cadeau qui trône dans ma PAL.
Alors que son titre fait penser à une grande amoureuse "Elsa mon amour" m'a déçue sur la forme et sur le fond même si Elsa Morante est une grande écrivaine du 20ème siècle (il me reste à la lire pour en être certaine).

Simonetta Greggio se met dans la peau d'une femme admirée dont la vie littéraire est riche et croise sa vie amoureuse.
Petite, elle passe beaucoup de temps chez sa marraine qui aimait les femmes et c'est comme si l'autrice voulait montrer qu'Elsa était toujours entourée d'homosexuels, son père d'abord qui n'est pas son père biologique, Visconti qu'elle aimait, ses grands amis Pier Paolo Pasolini ou Bill Morrow, mais on ne sait pas dans quelle mesure cela influence ou pas son oeuvre ou sa personnalité.
Il y a surtout sa vie amoureuse et houleuse passée avec son mari Alberto Moravia entre Rome et Capri. Il la trompe ouvertement et elle est très malheureuse, jalouse de cet homme qui a reçu le prix Nobel de littérature alors qu'elle "a l'intime conviction d'être aussi bon écrivain que lui - meilleure que lui en vérité -" (c'est écrit comme ça). C'est une femme de caractère qui souffre par amour décrite dans ce roman et qui se réfugie dans l'écriture.

Malheureusement je trouve que ce sujet n'est pas suffisamment développé. La narratrice parle plus du Mépris de Moravia que de ses propres romans sur lesquels je n'ai donc rien appris et s'éternise sur ses chats en plaçant toujours les animaux au-dessus des êtres humains, comme elle le dit honnêtement.
Entre les chapitres, il y a de brefs extraits biographiques qui donnent un côté formel au roman et des textes en italiques sans référence dont on apprend à la fin que ce sont des citations (on s'en doute mais j'aurais aimé connaître la source).
Tout cela ne m'a pas profondément passionnée alors que j'attendais un émerveillement adorant la littérature du 20ème siècle, les femmes de caractère et l'Italie. Il faut absolument que je lise Elsa Morante pour ne pas rester sur cette légère déception.


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Les lieux se mélangent, les dates varient. D'un souffle, Elsa se livre. Femme abîmée, belle insolente, petite fille, amante, magnifique, pauvre, riche, à Rome, ailleurs, ici. Une plume, un soupir. Les ans s'égrènent sur ses rencontres, ses amours, ses passions. Elle s'abandonne.

Elle croise Rossellini, Magnani, Pasolini et Fellini, s'amourache de Visconti, aime Bill Morrow, souffre, se perd en Moravia, sa passion, son naufrage. Elle aime. Entière, passionnée, écrit comme elle vit, comme elle respire. Elle sait que le succès est à sa porte, qu'elle est meilleure que lui, son mari écrivain, que les autres et sera récompensée.

L'Italie se traverse à son bras, sourire aux lèvres - heures flamboyantes ou disette - noyé parfois de larmes sous la plume poétique de Simonetta Greggio. Les pages se tournent et se savourent, se relisent. C'est doux tel un murmure. Une confidence que l'on reçoit, privilégié, avide d'en connaitre davantage. Encore un peu. Qui était-elle ?

Elsa Morante, j'ai entendu tes mots, j'ai respiré ton souffle, il ne me reste plus qu'à te lire.

Un écrit passionnant.








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