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Critique de Wazlib


Dans les grottes du Scrimshander / Nous n'allons pas très bien, merci.

"Harrison Harrison", vous l'aurez compris en fouinant un peu sur le web (eh oui, j'ai dit "le web"), est un roman reprenant le personnage de Harrison², auparavant croisé dans l'atypique "Nous allons tous très bien, merci". Si la novella (qu'on abrègera volontiers par NATTB,M) explorait le syndrome de stress post-traumatique chez les survivants d'évènements horrifiques, on est ici sur le traumatisme-même.
Harrison Harrison est un adolescent de 16 ans, suivant à la trace sa mère scientifique, finalement peu présente car toute à ses recherches. Océanographe, elle explore les parcours compliqués de céphalopodes à l'aide de balises, ce qui la conduit cette fois-ci à Dunnsmouth, petite ville de Nouvelle Angleterre. On ne peut pas vraiment dire que son fils soit un passionné d'océanologie : il a été victime dans l'enfance d'un terrible accident lui ayant fait perdre une jambe et ayant conduit au décès de son père. Encore une fois avec Daryl Gregory, on aura bien du mal à discerner les détails précis qui se fondront dans la culpabilité du survivant de H².

Apprécions dans un premier temps, avec ce roman, l'incroyable facilité avec laquelle on se plonge dedans (ah, le choix des termes...). On est sur du binge-reading pur et dur : l'écriture est fluide et envoûtante, l'univers est déployé habilement et incarné au-travers une ambiance racée, impeccable. Les personnages, dont bien sûr en premier lieu notre narrateur, sont touchants et bien loin des clichés pouvant être trouvés ici ou là en young adult (puisqu'a priori on s'interroge sur la classification YA de ce livre...). L'histoire, par ailleurs, ne faiblit jamais et est déroutante car "faussement" simple.

La vraie perle de ce roman, c'est bien le travail d'ambiance. C'est ici obligatoire de penser à Lovecraft (ça n'est pas ici une référence lointaine): on retrouvera des divinités très typées Grands Anciens, le nom de la ville elle-même (Dunnsmouth, Innsmouth, vous l'avez) ou encore l'idée d'une race secrète, tapie dans l'ombre, dont seuls quelques adeptes connaissent l'existence. Mais il y a aussi une certaine part Young Adult: dans la facilité du déroulé, dans les interactions entre nos jeunes personnages et évidemment le cadre narratif (et cette lugubre école!). Quelques véritables éléments d'horreur, pour le coup pas vraiment enfantins, viennent ajouter la pincée de sel qui manquait. A commencer bien sûr par le Scrimshander, absolument terrifiant, dont je dirai peu de choses afin de ne pas déflorer l'intrigue.

Il y a bien sûr une filiation difficile à caractériser avec NATTB,M. Evidemment, le personnage est le même et on explore ici quelques éléments disséminés çà et là dans la novella. "Harrison Harrison" est probablement moins sombre que son prédécesseur, au moins dans son traitement, mais infiniment plus gothique. Si j'avais adoré "Nous allons tous très bien, merci", nous sommes ici et ce malgré les apparences, sur une oeuvre beaucoup plus aboutie. le roman est fourni, généreux et abondant : il y a de la créature, du lore, de l'ambiance, du style, du détail...

Notons également que les illustrations sont superbes (signées Nicolas Fructus), participant pleinement le travail de fond et particulièrement rigoureuses (j'avais vraiment l'impression qu'on me tirait les images de la tête... Devrais-je m'inquiéter ?).

Daryl Gregory signe, encore une fois, un sans-faute. Roman d'horreur lovecraftien young-adult / pas-young-adult gothique illustré: vous allez en avoir pour votre argent.
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