Citations sur Churchill m'a menti (30)
On ne guérit jamais de ses blessures d’enfance... L’important c’est ce qu’on en fait !
Un peuple qui oublie son passé se condamne à le revivre.
Winston Churchill
Jersey, ces trente dernières années, s’est agrandie en bétonnant sur la mer, des immeubles modernes et froids ont remplacé les traditionnelles maisons en granit de Saint-Hélier. L’ile ... est devenue une immense boîte aux lettres pour les sociétés du monde entier, plus riches les unes que les autres, et qui veulent toutes échapper à l’impôt dans leur pays. Ce que je trouve parfaitement indécent en temps de crise. Évidemment, ce modèle économique est largement soutenu par Londres.
Quelle insondable absurdité que la guerre...
L'angoisse ne nous a offert aucun moment de répit, la sourde angoisse d'avoir donné la vie à des enfants qui demain seront nos ennemis, parce qu'ils sont nés du mal, nés de l'engeance d'un nazi. Regretterons-nous un jour de les avoir laissés vivre ?
Cette angoisse-là nous terrasse, nous abandonne pantelantes. Comment vivre avec ?
C'est ainsi que, peu à peu, notre plan a pris forme. Un suicide préparé avec soins. (p. 229)
On nous a laissé le choix de partir pour l'Angleterre nous aussi ou de rester dans nos maisons. Moi je voulais qu'on suive Papa sur le continent, mais Maman a dit pas question, on est en sécurité sur l'île, si Churchill a désarmé Jersey, il sait ce qu'il fait, c'est que les Allemands ne risquent pas de nous attaquer, on est trop petits, on n'intéresse personne. Papa a opiné du chef. "Ecoute ta mère, Victoire. Moi aussi, je préfère savoir mes deux enfants en sécurité avec leur mère ici. Et puis pour aller où ?"
Les disparus ne sont plus, pertes et profits, on fera les comptes plus tard, ou plutôt nous ne ferons jamais les comptes, on a tous trop à y perdre, une réputation, un honneur, une dignité, une fierté.
Quand un jeune Allemand, au visage désolé derrière ses lunettes d'écaille, s'adresse à moi et martèle dans son mauvais anglais:"Je chuis...vrrraiment déssolé...de ce qui vous arrive...il ne faut pas faire...la guerre...aux femmes...et aux enfants." Ce jeune homme a raison, il dit la vérité.
Elle refuse de me voir grandir. Elle veut me garder bourgeon. Comme les lys de Jersey qui restent bourgeons tout l'été. Un bouton de rose, on le soigne, on l'arrose, on l'attend, et on n'a pas peur de ses épines.
Nous sommes des morts vivants, et souvent, nous sommes plus morts que vivants. La phrase tourne dans ma tête. Le printemps chante. J'essaie de ne plus l'entendre, de le nier, cela me surprend tant, un printemps qui chante.
Je suis un mort-vivant. Qu'est-ce qui est vivant, qu'est-ce qui est mort ?
C'est vivant autour de moi, mort à l'intérieur.
Morts, mes membres, dont il ne reste que des os, mort mon regard, mortes mes pensées, mais vivante ma mémoire. Pourquoi ai-je gardé la mémoire ? Pourquoi cette injustice ? De ma mémoire ne s'éveillent que des images qui me mettent des larmes aux yeux.