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Critique de karmax211


Première rencontre livresque avec le romancier John Grisham que je ne connaissais qu'à travers les transpositions cinématographiques de quelques-uns de ses plus célèbres bouquins comme - La Firme -, - L'Affaire Pélican -, - le droit de tuer ?- ou encore - le Maître du jeu -.
Rencontre avec " une pointure - du thriller, un auteur de romans policiers traduit(s) dans le monde entier, romans policiers que l'on classe dans la catégorie de ce qu'on qualifie de "sous-genre du roman judiciaire".
Grisham est diplômé en sciences comptables de l'université d'État du Mississippi et est détenteur d'une licence de droit.
Il a travaillé pendant dix ans dans un bureau d'avocats, dans une petite ville du nom de Southaven, se spécialisant sur les cas criminels ainsi que les poursuites au civil.
En 1983, il est élu comme représentant à la Chambre des Représentants de l'État du Mississippi qu'il servira jusqu'en 1990.
Si je me permets de mettre en avant ces éléments biographiques de l'auteur, c'est qu'ils offrent des clés de lecture essentielles à la compréhension des thèmes abordés dans - La sentence - et permettent d'éclairer le pourquoi et le comment de la structure narrative de son ouvrage.

Nous sommes en 1946 à Clanton, petite bourgade du Mississippi.
Par un petit matin frais d'octobre, Pete Banning, héros de guerre, aimé et respecté de tous, marié à Liza, père de deux grands enfants, Joel et Stella, frère de Florry, une "vieille fille" célibataire qui se pique d'avoir des talents d'écrivaine, propriétaire d'une plantation de coton transmise de génération en génération depuis le début du XIXème siècle, homme intègre, loyal, membre fidèle de l'Église méthodiste, abat froidement le révérend Dexter Bell avant de se rendre à la police.
Pourquoi cet homme exemplaire, ce mari et ce père modèle a-t-il commis ce crime odieux ?
Qu'avait-il d'impardonnable à reprocher à cet homme d'église dont tout le monde s'accorde à dire qu'il était un bon pasteur ?
Pete garde le silence... à la surprise de tous... à commencer par sa soeur et ses enfants.
Sa femme Liza, elle, ne sait rien dans un premier temps, car placée dans un hôpital psychiatrique depuis un an par son mari...

Le roman est séquencé en trois parties.
La première que je viens d'introduire est je dirais la plus roman noir, la plus "thriller".
Elle traite, en mettant à fleur de peau les nerfs du lecteur, la sociologie, la psychologie, les moeurs, la culture, l'économie, le droit, le rapport aux institutions des citoyens de Clanton - représentatifs du Mississippi de cette fin des années 40 -, la ségrégation raciale et les inégalités qui lui sont consubstantielles.
Elle se clot sur l'exécution sur la chaise électrique de Pete Banning et son inhumation dans le petit cimetière familial de la plantation.

La seconde est un flash-back. Un flash-back et une page d'Histoire.
Nous retrouvons Pete Banning jeune et brillant officier tout juste sorti de la prestigieuse Académie Militaire de West Point.
Bel homme réservé, il fréquente les endroits où se rencontre la "gentry" du Sud.
Dans un prestigieux hôtel de Memphis, il tombe follement amoureux de Liza, une jeune beauté de dix-huit ans, venue là pour trouver un beau parti.
Le coup de foudre est réciproque.
La sensualité de Liza fait très vite d'eux des amants.
La jeune femme tombe enceinte.
Ils se marient dans la précipitation.
Pete passionné par sa carrière militaire part avec sa jeune femme pour l'Europe.
Naissent Joel et Stella.
Quelques années d'un bonheur sans nuages avant le décès prématuré du père de Pete, que sa femme, la mère de Pete, ne tarde pas à suivre dans la tombe.
Déchiré par un choix qui n'en est pas un, Pete doit renoncer au métier des armes pour sauver la plantation familiale.
Le couple s'intalle à Clanton.
Liza s'acclimate petit à petit.
Elle fait la connaissance de Nineva et d'Amos, un couple de "nègres" au service des Banning depuis plus de cinquante ans, et de leur petit-fils Jupe... fasciné par la beauté de Liza...
Du révérend Dexter Bell, qui devient très vite, avec sa femme Jackie, un habitué de la propriété des Banning.
Pete rembourse les dettes, récolte, investit, place.
La guerre éclate le 8 décembre 1941.
Pete part pour les Philippines.
Il participe à la tristement célèbre Bataille de Bataan (1942), à la non moins dramatiquement célèbre marche de la mort de Bataan, imposée par les Japonais aux prisonniers philippins et américains ; l'un des crimes de guerre japonais les plus connus de la Seconde Guerre mondiale.
Il fait la connaissance avec le camp O'Donnell... une sorte d'abominable camp de la mort.
Il embarque ensuite sur un cargo où sont entassés des milliers d'esclaves américains en partance pour les mines de charbon nippones en manque de main-d'oeuvre.
Le navire n'arborant aucun pavillon, ne pouvant être identifié... est coulé par un sous-marin américain.
Pete fait partie avec Clay des rares survivants.
Recueilli par un bateau de pêche philippin, il rejoint la résistance dans la jungle.
Pendant trois ans, il va s'illustrer dans des opérations de guérilla héroïques.
Gravement blessé, amaigri, malade, il rentrera au pays après la libération de Bataan ( février 1945 ).
Mais au pays, Pete a été porté disparu depuis la marche de la mort.
Liza se croit veuve.
Le retour de Pete est une "divine" surprise...

Dans la troisième partie, Grisham narre les conséquences pour chacune et chacun du geste meurtrier de Pete.
Naturellement, il faut attendre la 600ème page de l'oeuvre pour avoir droit à la résolution de l'énigme...
Je ne vous en dis pas plus...

Conclusion.
Un livre qui se lit facilement et avec envie.
L'écriture est correcte ; ce n'est pas de la grande littérature mais c'est un travail honnête.
Un travail qui bénéficie des connaissances approfondies en matière de droit de son auteur.
Un travail qui bénéficie des connaissances de l'enfant du pays sur ce qu'est est et ce que fut ce Mississippi là.
La seconde partie, celle consacrée à la bataille des Philippines et en particulier à la Bataille de Bataan, à la marche de la mort, aux camps de prisonniers, à leurs conditions de détention et de "vie", à leur déportation et, pour certains, à leur résistance, est bien documentée.
Au passage, John Grisham égratigne l'image icônale de MacArthur... les historiens apprécieront.
Quant à l'histoire amoureuse qui vire au drame, le suspens est obsessionnellement entretenu par l'auteur qui, d'entrée de jeu, nous offre le révérend comme victime expiatoire d'un péché de chair, dont la récurrence dans le narratif est telle qu'on se dit que forcément... il y a un loup qui se cache derrière ce bouc émissaire.
J'ai compris ce qu'il en était à la lecture de cette phrase ( de mémoire ) " Liza aimait le sexe, surtout le sexe interdit "...
Hormis cette trame, j'ai surtout apprécié la seconde partie historique et tout ce qui concerne le fonctionnement judiciaire, encore une fois, parfaitement maîtrisé par l'auteur.
Une mention spéciale pour William Faulkner qui fait irruption dans le roman grâce à l'admiration que lui porte Joel... en train de lire Absalon, Absalon !... on en devine les raisons...
Un bon bouquin.
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