AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Silence en octobre (17)

Mais, en fait, il doit y avoir plus dans la vie d'une personne que ce qui est raconté, que ce qui peut être raconté. La plus grande partie disparaît entre les mots. Cela ne se manifeste que comme une hésitation avant que l'on parle, que comme un silence quand on regarde par terre ou par la fenêtre, sans trop savoir ce que l'on va dire. Quand on disparaît pour de bon, il ne reste que l'histoire, mais quand Astrid est partie en voyage, elle m'a également laissée dans le vide et dans le silence, vide et silence que j'ai remplis de mots, même si j'aurais dû essayer de garder ce vide ouvert, en me taisant. Mais je n'ai que mes mots et, sans eux, je n'entendrais pas ses silences entre les mots, les fissures et les trous dans mon récit, là où elle s'est réfugiée...
Commenter  J’apprécie          50
«Tout en brodant mon histoire, je me rends compte à quel point une vie reste pleine d'ombres et de silences. Comment prend-elle forme? Pourquoi a-t-elle pris cette direction-là, cette direction décisive?»

Commenter  J’apprécie          50
Elle se cramponnait à sa précieuse liberté comme un petit épargnant qui scrute chaque soir son livret lustré par l'usage.
Commenter  J’apprécie          30
Mais combien étaient-ils à se dire que leur petit monde de répétitions et de changements, de banalités, de tragédies et de bonheurs soudains ne constituait qu'un seul monde parmi d'innombrables dans la grande mosaïque? Y avait-il quelqu'un derrière une fenêtre sur l'autre rive en train de ruminer les mêmes pensées que moi? Etions-nous deux à réfléchir à toutes les fenêtres, à toutes les vues, à toutes les portes et à tous les possibles qui s'ouvrent et se referment? (...) J'étais passé au bord de l'eau, sous les arbres, devant d'innombrables portes, et j'avais aspiré à trouver une porte, la bonne porte, qui s'ouvrirait sur quelque chose que je ne m'imaginais même pas.
Commenter  J’apprécie          30
Qu'est-ce que le bonheur? ... Devais-je partir, convaincu que je devais quiter Astrid pour me sauver de la perspective infinie et étouffante des répétitions... Pourtant, il me restait toujours la tendresse que j'éprouvais pour Astrid, cette tendresse silencieuse et tâtonnante que j'avais ressentie quelques semaines plus tard quend je la serrais contre moi, un soir, à Lisbonne. C'était cette tendresse, la manière dont sa bouche et sa peau invitaient mes lèvres et mes mains, c'était cette intimité ancienne qui resurgissait rien que par le fait de respirer côte à côte tandis que la nuit tombait. C'était une tendresse qui s'instaurait d'elle-même, indépendamment de ce que je pensais d'elle et de nous en ce moment. Mes mains connaissaient le moindre recoin de son corps, la moindre saillie, comme si, au fil des ans, son corps et mes mains, ses mains et mon corps s'étaient façonnés mutuellement. Mes caresses étaient plus des constats, impénétrables mais indiscutables, que des questions qui attendaient des réponses. Quand nous faisions l'amour, le pourquoi important peu. Je ne savais pas ce qu'elle savait, et je ne savais plus ce qui m'avait remué au fil des ans, de mon hésitation continuelle et étourdissante entre doute et supplications, entre questions sans réponse et espoirs fanés. Peut-être avait-elle découvert, tout comme moi, que les chemins et les visages ne signifient rien en soi, ces chemins qui se ramifient vers l'inconnu, ces visages qui se présentent avec leurs regards inconnus dans lesquels on peut être n'importe qui. Sans doute avait-elle dû également admettre en premier lieu que le chemin que l'on emprunte importe peu, de même que la personne qui l'emprunte en même temps, parce que l'amour se moque de qui l'on aime, du moment qu'il puisse s'écouler librement dans le voie que l'on a choisie, dans les yeux que l'on regarde fixement tout en se déplaçant. Sans doute avait-elle également compris que l'on n'a pas son histoire servie sur un plateau, qu'l faut la raconter soi-même et que l'on ne connaît pas l'histoire tant qu'elle n'est pas racontée, que l'on ne peut jamais savoir à l'avance l'importance qu'elle revêt, qu'il faut la dire un jour à la fois, un pas à la fois, et cela qu'on la raconte en hésitant avec fermeté, en toute confiance ou rongé par le doute. Elle avait donc hésité, elle s'était donc arrêtée pour se demander si elle n'avait pas fait fausse route, si elle ne s'était pas laissé emporter à travers les ramifications fortuites des ans dans les bras de l'homme qui ne convenait pas, entraînée par le désir aveugle et débordant de son amour, maintenant qu'elle lui avait frayé un chemin de ses pas prudents. Et un matin, elle avait cependant fait sa valise et attendu que je me réveille, sur le seuil de la chambre, le manteau déjà enfilé.
Commenter  J’apprécie          30
Lorsque je me réveillai, elle me regardait depuis la porte de la chambre. Elle avait déjà enfilé son manteau. Je me levai et m’approchai d’elle. Elle continua de m’examiner, comme si elle lisait un message sur ma figure, un message que j’ignorais moi-même. Puis elle souleva sa valise. Je la suivis à la porte et la regardai descendre l’escalier ; elle ne se retourna pas. Je ne me compris pas moi-même. Je ne compris pas que je l’avais laissée partir sans même la plus élémentaire explication.
Commenter  J’apprécie          20
C’était tout un monde de bruits qui devenait muet. Les bruits des autres et les miens propres, des bruits qui m’avaient entouré pendant des années avec leurs thèmes constants, leurs thèmes secondaires et leurs variations de pas et de voix, de rires, de pleurs et de cris. Une sorte de musique sans fin qui n’était jamais tout à fait identique mais qui restait pourtant la même au fil des ans, parce que c’était la musique que j’entendais et dont je me souvenais, non des instruments qui la composaient, je me souvenais du bruit de notre vie commune et non des mots et des gestes qui la constituaient.
Commenter  J’apprécie          20
Dans peu de temps, Astrid et moi allions nous retrouver vraiment seuls. Nous n’en avions guère parlé, peut-être parce que nous ne pouvions pas nous imaginer pleinement comment ce serait. C’était un silence inhabituel et nous nous y mouvions avec une prudence nouvelle.
Commenter  J’apprécie          20
C’est toujours ce même regard soupçonneux que je croise dans le miroir, comme s’il cherchait à me dire que cet homme au visage couvert de mousse blanche n’est pas celui que je crois.
Commenter  J’apprécie          20
Quand j'étais jeune, je croyais que mes connaissances se développeraient au fils des ans, qu'elles ne cesseraient de s'accroître, à l'instar de l'univers. Une sphère de connaissances toujours plus vaste qui réduirait et refoulerait en proportion l'ampleur de l'incertitude. J'étais vraiment optimiste. A mesure que le temps a passé, je dois reconnaître que j'en sais moins qu'autrefois, et certainement pas avec la même assurance. Mes prétendues expériences ne sont en aucune façon la même chose que des connaissances.[......] Mes expériences sont des expériences de l’ignorance, de l'immensité de celle-ci.
Commenter  J’apprécie          20






    Lecteurs (102) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Etes-vous incollable sur la littérature scandinave ?

    Qui est l'auteur du roman "Bruits du cœur" ?

    Herbjørg Wassmo
    Jens Christian Grondhal
    Sofi Oksanen
    Jostein Gaarder

    15 questions
    150 lecteurs ont répondu
    Thèmes : littérature scandinaveCréer un quiz sur ce livre

    {* *}