J’ai beau me raisonner, me dire que c’est un homme qui a fabriqué cette porte, qui l’a montée et peinte, que chaque côté de la porte a sa propre existence, comme deux siamois à jamais collés par un dos unique, que chacune a son histoire, son univers, malgré cela je ne parviens pas à la pousser.
Penser en rentrant à faire une compilation de chansons sur le tabac : à s’en relever la nuit (gravement).
J’entre dans les Halles. Ici tout VRP doit passer par la cabine où des gorilles sont payés pour compter livres et disques avant de remettre un badge. Ça me gonfle d’avance, j’entre sans les regarder, ravi de transgresser les consignes. La libraire est très compétente, elle me parle des nouvelles directives et du nouveau système informatique qui permet à ses chefs de la surveiller via la vente des livres.
Envie de marcher. Palais des Papes. Rocher des Doms. Promenade dans le parc.En face, le Rhône, le Mont Ventoux, les Cévennes, un pont là-bas (le Pont du Gard ?), à droite les toits de la vieille ville. Je cherche un banc, fais le tour du parc, comme le chat, avant d’en choisir un – où vais-je écrire ? Des enfants, partout, et des gens en mouvement, qui parlent et se prennent en photo.
Et puis trop de monde, trop de tenues estivales qui débordent des terrasses sans parler des attitudes qui vont avec. Tout ce que je déteste. Peu de gens beaux, mais les corps se dénudent et se pavanent en ville à en devenir vulgaires : la télévision a envahi nos villes et nous fait tous tapiner dès que le soleil revient.