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Citations sur Un cheval entre dans un bar (18)

La meilleure manière de se faire respecter quelque part, c'est de ne pas y être, pas vrai ? Est-ce que ça n'a pas été la stratégie médiatique de Dieu pendant la Shoah ? Et le concept de la mort et tout ça, ça repose pas là-dessus ?
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Je ne sais ce qu'il m'a dit, quelle malédiction il a proférée. Peut être tout cela était le fruit de mon imagination. Mais à en juger par son expression, c'était une sacrée malédiction. Je n'avais alors pas conscience qu'elle allait me poursuivre durant toute mon existence.
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OK, papa dit qu’il faut pas marcher sur les mains, alors je le fais plus. Mais aussitôt je pense : et maintenant qu’est-ce que je fais ? Comment je tiens, moi ? Vous m’avez compris ? Comment je sauve ma peau ? Comment je fais pour ne pas mourir si je me remets à l’endroit ? C’est comme ça que ça se passait dans ma tête agitée. Bon, très bien, il veut me voir marcher comme tout le monde ? Je ferai comme il veut, on ira sur les deux pieds, pas de problème. Mais alors je vais avancer comme une pièce d’un jeu d’échecs, vous voyez ce que je veux dire ?
L’assistance le regarde, interloquée, en cherchant à comprendre où il l’embarque.
Un exemple – il glousse et nous invite par une mimique compliquée à rire de conserve. Un jour, je marchais du matin au soir, toute une journée, en diagonale comme le fou. Un autre jour, j’avançais tout droit, comme la tour. Un autre jour, je sautais comme le cheval, tic-tac, de-ci de-là. Et les gens que je croisais, je les considérais comme des adversaires aux échecs. Ils en avaient pas conscience, comment l’auraient-ils su ? Mais chacun était un pion, et la rue, la cour de récréation, mon échiquier à moi…
Je nous revois marchant côte à côte en discutant, et lui me dépasse, virevolte autour de moi, surgit d’ici, vient de là. Qui sait dans quel jeu bien à lui j’ai été embringué.
J’arrive, disons, en jouant le cheval devant mon père, pendant qu’il découpait ses chiffons dans la pièce où ses jeans étaient entassés – croyez-moi, il y a quelque part un lieu dans l’univers où cette phrase revêt un sens logique -, et je me tenais debout sur le carrelage à l’emplacement stratégique où je pouvais protéger ma mère, la reine. Et je me retrouvais ainsi entre ma mère et mon père, et dans mon for intérieur je disais : échec. Je lui laisse quelques secondes pour exécuter sa manœuvre, et s’il ne s’est pas c’est pas placé à temps sur une autre dalle, c’est mat. Pas complètement fou, ce gamin là ? Vous ririez pas si vite si vous saviez ce qu’il avait dans les neurones ? Vous penseriez pas : « Regarde un peu comment ce taré a gâché son enfance » ?
P97
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Et alors, une seconde avant que je réussisse à m'endormir, le chauffeur me lance "dis donc, je peux te poser une dernière question ?". Je me garde bien de lui répondre. Seconde tentative. "Ben réponds, me dit-il, tu te retiens volontairement?"
"Je me retiens de quoi ?"
"Je ne sais pas. De ça. De pleurer."
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Je finis par capter que la soldate est en train de me dire quelque chose. Elle marche et parle vite. Elle m'explique que je dois rentrer à la maison immédiatement, que le temps presse, que je dois assister aux obsèques à seize heures, et se retourne même pas, comme si, qui sait ?, elle avait peur de me regarder, et moi, rappelez-vous, j'ai en permanence son cul sous les yeux, qui est décidément un sacré morceau.
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Je me rappelle, quand j'étais assis dans la fourgonnette, avoir pensé que jusqu'à l'arrivée je devrais être comme un animal qui sait rien de la vie des hommes. Un singe, une autruche ou une mouche, le tout était de pas comprendre le langage et le comportement des êtres humains. Et de pas penser. La chose la plus importante était de pas penser, de rien désirer ni personne.
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Le rayonnement de la personnalité, ai-je pensé, la "lumière intérieure". Ou le moi obscur. Le secret, la vibration de l'idiosyncrasie. Tout ce qui se déploie au-delà des mots avec lesquels on décrit un homme, et au-delà de ses tribulations et de ce qui est abîmé, enrayé en lui. (...) Et qui serait fondamental pour déterminer un jugement.
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...crois-moi, fais-moi confiance, la meilleure façon de se faire respecter partout, c'est de pas être là, pas vrai ? C'était pas la stratégie médiatique de Dieu pendant la Shoah ? C'est pas sur ce principe que repose l'idée de la mort ?
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