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Critique de fanfanouche24


J'avais rédigé en substance dans ma tête le ressenti de cette lecture, faite il y a déjà une dizaine de jours, mais j'attendais la rencontre avec ce jeune auteur québécois...le 19 janvier chez son éditeur français: Les éditions de l'Observatoire . J'ai bien fait, car j'ai appris moult détails, informations bien précieuses, pour apprécier ce très beau roman, avec plus de "finesse" et de profondeur !...

J'en profite pour remercier Babelio et les éditions de l'Observatoire, que je découvrais en même temps que cet écrivain. Une rencontre jubilatoire, animée aussi joyeuse qu'instructive....

Peu avant cette invitation, j'avais acquis ce texte, toute seule comme une grande ! ...en fouinant en librairie. Un seul exemplaire était rangé sagement dans les rayonnages: attirée par le titre, puis par le 4e de couverture, très explicite, et pour parachever, par la couverture très réussie et insolite: une photographie d'un intérieur meublé solitaire, une sorte de salon, aux hauts plafonds, recouvert, enfoui par une épaisse couche neigeuse... Couverture très fortement suggestive , qui ne pouvait que m'intriguer...

Je ne me suis pas égarée dans mon choix, car j'ai lu cette histoire en une nuit, prise par l'intensité dramatique de ce huis clos..., très bien orchestré et efficace.

Atmosphère tour à tour inquiétante, ou plus réconfortante... entre deux hommes, obligés de "cohabiter"... dans une maison isolée, dans un hiver difficile, compliqué par une coupure d'électricité...où chacun doit se débrouiller comme il peut...le temps de trouver des solutions pour réparer, pour sortir de cet isolement forcé !

L'un plus âgé doit s'occuper d'un plus jeune, ayant subi un très grave accident de voiture, sur la demande des villageois, en échange d'une prise en charge motorisée"ultérieure, pour retrouver son épouse hospitalisée, au plus mal ...ailleurs...
Le cadet, immobilisé, les jambes fracassées, est à la merci de son aîné...

Comme tout huis clos bien mené, chaque détail prend un relief particulier, et l'attention du lecteur est sollicité plus intensément ! Comme l'a répété l'auteur : " c'est lorsqu'il ne se passe rien que tout peut arriver !!"....

De très fortes et poétiques descriptions de la nature et de cet élément, aussi magnifique qu'angoissant, que représente " la Neige" [ l'équivalent d'un "personnage" à part entière !]...

"C'est l'hiver. Les journées sont brèves et glaciales. La neige montre les dents. Les grands espaces se recroquevillent." (p. 14)


"Il doit être près de midi. le froid semble avoir desserré son emprise sur le paysage, pour reprendre des forces.En attendant, la neige continue de tomber sans que rien puisse l'arrêter. Les flocons sont larges et délicats. On dirait qu'ils ont été découpés dans du papier."

Des villageois viennent au début ravitailler nos deux "Robinsons"..., dont Maria, l'infirmière du village qui vient prodiguer des soins à "notre accidenté... et puis la panne d'électricité, les difficultés pour trouver des vivres...augmentant, les visites extérieures se raréfient... et Matthias finit par se débrouiller, tout seul, pour qu'ils "survivent"... chaque jour gagné est comme une victoire, dans un environnement montrant plus fréquemment des visages inquiétants.

Nos deux compères s'aident, se méfient, relâchent la pression, jouent aux échecs, et Matthias raconte des histoires... Histoires qui prennent une épaisseur démultipliée, au début, car le "jeune rescapé" ne parle pas, est comme emmuré dans le silence... le dialogue naîtra progressivement...

Un face à face, alternativement inquiétant, hostile, suspicieux, bienveillant, amical, protecteur...Curieusement et c'est là, je trouve la réussite de ce huis-clos, parfaitement accompli...C'est l'étrangeté inquiétante de ce duo prenant souvent des éclats sombrissimes... mais aussi des fulgurances
" lumineuses", éclatantes, comme cette "Neige" au même double visage ...!!

Lien intergénérationnel, avec ses malentendus, ses incompréhensions, la dislocation du sens dans le quotidien, la mise en avant de la parole autant
que celle du silence...Et au final, un apprivoisement et une bienveillance des plus discrètes comme des plus tangibles... [ Motus !!!je ne dévoilerai rien de l'issue de ce huis clos !...]


J'ai été contente d'entendre l'auteur évoquer un roman, auquel j'avais aussi songé (que j'ai beaucoup apprécié cette année 2017) , avec quelques similitudes, en écho à son propre univers. Je voulais nommer "Dans la forêt" de Jean Hegland ( réédité par Gallmeister, en 2017)

La rencontre avec cet auteur québécois a été aussi réussie que des plus joyeusement "nourrissantes, animées : Christian Guay-Poliquin a discuté avec passion de son écriture, des écoles littéraires comme du monde éditorial québécois très différent de ceux, en France...
Dans ces échanges très variés et ouverts, j'ai appris que son premier roman ,"Le Fil des kilomètres" mettait déjà en scène ce personnage du jeune homme, revenant dans son village pour retrouver son père, après des années d'absence et de silence...

En sortant de cette invitation littéraire, je me suis précipitée dans ma librairie "fétiche", La Librairie Tschann, pour commander ce premier texte (édité en 2015, par Phébus).... et ce matin , je viens de recevoir un mail m'annonçant l'arrivée de ma demande... Je vais donc me précipiter pour aller le chercher, et en commencer la découverte... Tous ces détails, pour vous dire à quel point "Le Poids de la neige" a été un excellent moment de lecture...qui me fera suivre avec grande attention cet écrivain québécois !

Je finis cette chronique en remerciant grandement et une nouvelle fois , ...Babelio et les éditions de l'Observatoire, pour cette rencontre qui restera un moment aussi fort que la lecture de ce roman original... !

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