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Critique de Nastie92


Si vous n'avez jamais entendu Christian Guay-Poliquin, je vous conseille de l'écouter avant de le lire.
Pourquoi ?
Parce qu'au-delà de l'intérêt de ce que vous entendrez, son accent québécois vous charmera et vous apprécierez mieux ses écrits qui résonneront dans votre tête avec cette intonation savoureuse.
(Par exemple : https://www.youtube.com/watch?v=8LDpPqhOBHU)

Si l'on me demandait de résumer l'histoire (ce que je ne ferai pas ici pour ne rien dévoiler), je pourrais le faire en deux lignes parce qu'il ne se passe pas grand-chose.
Si l'on me demandait de présenter les personnages, ce serait très vite fait tant ils sont peu nombreux.
Pour résumer : il n'y a pas grand-monde et il ne se passe pas grand-chose.
C'est mal parti, pensez-vous peut-être... et pourtant, si vous saviez...

Si vous saviez comme j'ai aimé l'atmosphère étrange qui règne tout au long du récit.
Si vous saviez comme j'ai été touchée par la relation qui se crée entre le narrateur et un enfant qui débarque tout d'un coup sur son chemin.
Si vous saviez comme cela m'a plu de ne pas tout savoir.
Si vous saviez comme j'ai adoré le mystère diffus qui plane tout le long de l'histoire.
Si vous saviez l'immense plaisir que m'a procuré cette lecture.

Si vous saviez tout cela, vous auriez envie de plonger dans ces Ombres filantes à votre tour.
De vous immerger dans ce texte au pouvoir étrange. Un texte magnétique dont on a du mal à se détacher.

J'ai connu Christian Guay-Poliquin à l'occasion de la sortie en France de son précédent roman, le poids de la neige. J'ai eu la chance de participer à une rencontre organisée par Babelio, et j'y ai découvert un homme charmant, intelligent, simple et sincère. Passionnant.
Une personnalité attachante avec un lien particulier avec la nature qui explique en partie ce qu'il écrit.
Dans cet ouvrage, la forêt tient une grande place. Alternativement protectrice ou inquiétante, elle est bien plus qu'un décor, elle fait partie de l'histoire. Séduisante et mystérieuse "forêt qui comme la vie parfois s'ouvre à nous tout en se refermant derrière".
D'un livre à l'autre, les deux récits sont différents, le dernier n'est pas une simple resucée du premier. Ils ont toutefois de nombreux points communs qui font que certains mots ou certaines phrases que j'ai écrites dans mon avis sur le poids de la neige s'appliquent encore parfaitement ici.

Dans une interview, Christian Guay-Poliquin a exprimé l'idée que "Dans la fiction, la solitude est ce qui permet de rentrer à l'intérieur des personnages." C'est ce qu'il a beaucoup exploité dans le poids de la neige et qu'il utilise aussi dans Les ombres filantes.
Dans le contexte de survie dans lequel ils sont plongés, les personnages n'ont pas d'artifice derrière lequel se cacher, pas de masque derrière lequel se dissimuler. Ils sont mis à nu et doivent assumer tout ce qu'ils sont et tout ce qu'ils font. Cela donne une grande force à chacun de leurs actes, à chacune de leur parole.
Dans Les ombres filantes, pas de grandes gesticulations, pas de rythme effréné, et le tour de force de l'écrivain est de faire en sorte que le lecteur ne s'ennuie pas une seule seconde parce que le contenu est très riche et l'intensité humaine très forte.
À une époque où tout va vite, où journalistes, présentateurs ou politiciens parlent à toute allure dans une sorte d'urgence permanente, que ce livre fait du bien !
Il nous donne l'occasion de nous poser et de prendre du temps. du temps pour réfléchir puisque les thèmes abordés s'y prêtent, mais aussi tout simplement du temps pour apprécier cette lecture envoûtante.

Les ombres filantes fait partie de ces romans qui illustrent le pouvoir des mots quand un écrivain sait bien les agencer.
Le pouvoir de la bonne littérature.

Une rencontre avec Christian Guay-Poliquin était prévue chez l'éditeur, mais elle a dû être annulée à cause des restrictions imposées au Canada en raison du Covid. C'est vraiment dommage et j'espère que ce n'est que partie remise. En tout cas, je tiens à remercier les éditions La Peuplade pour l'envoi de ce livre.

Je ne doute pas que ce roman plaira aux lecteurs qui aimeront suivre l'auteur dans la nature, ou plutôt dans les natures : celle qui nous entoure, et la nature humaine.
Personnellement, je suis séduite par cette écriture qui utilise merveilleusement la lenteur pour mieux explorer la psychologie des personnages.
Jamais deux sans trois : je viens de commander chez mon libraire le fil des kilomètres.
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