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1945, Razgouliaevka, un village au fin fond de la Sibérie, non loin de la frontière chinoise, isolé dans la steppe et encerclé de loups. Non loin du village, un camp de prisonniers où séjournent Fritz,Hongrois et Japonais.Les Japonais étant les premiers arrivés, on continue d'appeler cette communauté qui trime dans une mine de charbon, "Japs".
Dans ce village, qui doit son nom à la gnôle , produit de contrebande qu'en fait le village avec les chinois de l'autre rive, habite Petka, un enfant "sans père", un garnement qui n'a pas froid aux yeux. Il a dû grandir vite pour survivre. Confiné à une famille, qui a peu d'amour à lui donner, pieds nus, le ventre vide, il trouve la chaleur dans un louveteau ramassé dans la steppe, qu'il cache dans la grange de ses grand-parents, avec leurs chèvres (!). Ce sacré gamin fume et discute avec le lieutenant chef du camp, cherche Hitler disparu de Berlin, avec son pote Valerka, près de la rivière , (des fois on ne sait jamais, il aurait pu atterrir par là)......et chaque soir se pointe à la gare pour voir passer avec béatitude les convois militaires, qui parfois s'arrêtent. Il rêve d'une mort à la guerre.

Dans le camp de prisonnier, un prisonnier, médecin japonais , Miyanaga Hirotaro soigne tout le camps,prisonnier, soldats...sans exception,avec des herbes qu'il cueille dans la steppe. Il survie grâce à sa passion pour ces herbes et l'écriture. Il écrit et dessine dans un cahier, l'histoire de ses ancêtres à travers rites et coutumes de l'époque, pour ses fils restés à Nagasaki, que nous aussi aurons le loisir de lire.

Petka et Hirotaro, deux univers, deux personnages qui n'ont strictement rien en commun, ni l'âge, ni la culture, à part la proximité et la vie misérable et dure qu'ils mènent.Et pourtant.......une rencontre "magique".
Non, ce n'est pas un conte..........

La prose de Guelassimov , dont le mérite est sûrement dû en partie à l'excellente traduction est magnifique. La nature sauvage, la survie dans la steppe dans la misère, l'univers foisonnant tragique des deux protagonistes et le burlesque qui fait parti intégrante de la vie quotidienne du village et du camp, nous donne un récit épique, dense, pleine de poésie et surtout beaucoup d'humour.
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Au début, je n'étais pas très convaincue, j'ai cru que je ne pourrais pas m'attacher à ce gamin, que je n'allais pas accrocher à cet univers rude d'où toute trace de tendresse semblait bannie, pas retrouver ce qui m'avait tant plu dans La Soif.
Je me trompais. Guelassimov nous offre un drôle de mélange doux-amer, finalement bien savoureux, de dureté du monde qu'il décrit, d'humour, d'humanité souvent assez étonnante, parfois cruelle, parfois tendre et poétique. On part du très sombre et puis on se dit comme Petka qu'on a cinq doigts à chaque main, cinq à droite pour compter les bonnes choses, cinq à gauche pour les injustices, «Si à une main il en avait eu huit par exemple et à l'autre trois, on aurait encore pu discuter», mais là, c'est clair, ça s'équilibre.
Et je l'ai beaucoup aimé ce môme, batard, va-nu-pieds, rêvant d'avoir pour père le camarade Staline, rêvant sa vie héroïque, gravant sans cesse avec son clou des gros mots sur Hitler et découvrant le coeur battant qu'à chaque mot gravé par lui les troupes russes prenaient des grandes villes.
«Enfin, bien sûr, les nôtres s'étaient battus avec acharnement et d'ailleurs, ils étaient les meilleurs soldats du monde, mais Petka, à sa façon, n'y était pas pour rien.»
Et puis j'ai été complètement sous le charme d'Hirataro, un personnage que j'ai trouvé extraordinaire. le prisonnier japonais a avec le monde, la vie et ses injustices une relation très particulière. Il est très décalé, avec une belle dimension étrange et poétique, du fait d'abord qu'il s'est considéré pendant longtemps comme mort. Il s'était mis à rédiger son journal pour envoyer depuis le royaume des morts un message aux vivants. Mais l'écriture a sur lui un effet secondaire non négligeable puisqu'elle réveille son intérêt pour la vie et le pousse à prêter une attention nouvelle à ce qui l'entoure.
Bref, j'ai adoré la façon dont Guelassimov nous embarque en compagnie de ces deux-là dans ce lieu bien étrange pour nous, Razgouliaevka, un trou paumé dans les steppes de Transbaïkalie, tout près de la Chine. Un roman étonnant, qui nous rend si proches des personnages si différents et qui transfigure avec tant de générosité et d'originalité un univers âpre et déprimant au départ que j'en ressors émerveillée.
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Un roman plein de vitalité à l'image de Petka qui en occupe le centre. Ce gamin vif et futé, petit polisson qui observe, cherche, questionne, nous entraîne à sa suite dans ses rêves et ses cabrioles pieds nus à travers le village de Razgouliaevka situé en Sibérie orientale près de la frontière chinoise ; village qui "doit indirectement son nom à la gnôle puisque sa racine est issue du verbe "gouliat" dont un des sens est "faire la bringue". La vie de ses habitants retracée à travers Petka y oscille entre bouffonnerie et tragédie.
S'il est solitaire et se sent très proche du louveteau qu'il a recueilli, sa curiosité l'entraîne vers bien des aventures où il prend des coups et en donne. Parmi les enfants, Il a un ami de son âge Valerka, un ennemi Lionka l'Atout qui mène les autres gamins du village. Quant aux adultes il adore les berner que ce soit la grand-mère Daria et ses chèvres, le grand-père Artiom qui va se fournir en alcool de contrebande en Chine avec sa carriole tirée par sa jument la "Petite Étoile" ou les gardes du camp de prisonniers japonais. Il s'y fera un autre ami en la personne d'un médecin japonais Hirotaro qu'il ira chercher pour sauver son ami Valerka.
La guerre occupe également une grande place dans l'imaginaire de l'enfant, qui voudrait devenir un héros, et dans la vie du village déserté par les hommes. Une guerre où ses oncles et son père inconnu sont partis et qui n'est pas tout à fait finie dans ces terres des confins même si l'on est en 1945....
" A Razgouliaevka, les femmes se battaient toujours avec les hommes. (...) Mais lorsque la guerre débuta et que les hommes furent envoyés au front, le silence s'instaura dans les cours. Personne ne bondissait plus hors de chez lui en sous-vêtements, ne hurlait plus comme un enragé au milieu de la nuit, ne se cachait plus dans les granges. Les haches, les fourches, les pelles et les râteaux étaient fastidieusement utilisés à bon escient. Personne ne les brandissait au-dessus de sa tête, ne les jetait chez les voisins par-dessus la palissade. La vie s'était arrêtée.
Cela, il est vrai, jusqu'à ce que les grands-pères et les grands-mères se souviennent qu'eux aussi étaient "maris et femmes" et que les lois, en amour, étaient les mêmes pour tous.
Et alors, les vieux se mirent peu à peu à se bagarrer." p 38-39

Un beau livre où se croisent le loup et l'alouette, animaux qui sont en accord avec Petka qui vit de manière instinctive en suivant ses intuitions mais sait aussi composer avec la réalité. La légèreté de l'oiseau l'habite quand il rêve de voler et de voir le monde d'en haut et pour ce faire grimpe sur le toit de la grange de ses grands-parents. Ces deux animaux totems vont faire se rejoindre intimement Hirotaro le médecin japonais et l'attachant petit va-nu-pieds russe dans une belle leçon de vie et de poésie ...
"Hirotaro s'assit à la table et, à la lumière de la lampe que grand-père Artiom tenait au-dessus de sa tête, il écrivit directement sur un dessin un autre haïku.
Une alouette dans les hauteurs...
Et hier encore, en folâtrait
Une autre au même endroit" p 330
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Ce récit se déroule en 1945. Si la seconde guerre mondiale s'achève en occident, elle ne touche pas encore à sa fin dans ce petit village de l'extrême orient soviétique où bon nombre de prisonniers triment encore dans des mines et bon nombre de soldats sont encore au combat.

Les soldats. Il y a ceux qui partent dans des trains bondés chargés d'engins militaires qui n'en finissent pas de faire rêver le jeune Petka. Et ceux qui reviennent, médaillés, estropiés - les deux parfois - tenant debout grâce à la gnôle qui coule des gorges aux veines. Petka, le bâtard ou fils de pute du village, qui fait l'objet des pires violences de la part des gamins, mais aussi des adultes, espérait rejoindre les premiers ; mais ce sont les seconds qui vont débarquer dans sa vie...

"si Petka avait eu à décider, il n'aurait pas pris Mitka Mikhaïlov comme père. Mais sa maman, même si on lui avait donné le choix entre cinq mille autres, il l'aurait choisie".

Beaucoup de violence, directe ou sous-jacente, dans les dieux de la steppe. Petka, sa mère, le jeune Valerka, son ami à la santé fébrile et bien d'autres la subissent, mais presque de manière "naturelle" comme si c'était la norme. La faim, le froid, la cruauté font partie intégrante de leur vie. Et la guerre n'y est pas forcément pour grand chose.

"Il n'y avait pas beaucoup de cafards, parce qu'ils vivent là où il reste au moins quelque chose à avaler, et Valerka et sa maman ne laissaient rien dans la maison. C'est tout juste s'il y avait assez à manger pour eux. Ils ramassaient les miettes dans le creux de leur main et devant les cafards affligés, ils se les fourraient soigneusement dans la bouche. Comme pour le charbon à la mine. Un, deux et hop dans le wagonnets".

On suit parallèlement à l'histoire de Petka, la vie d'un des prisonniers japonais qui travaille à la mine : Hirotaro. On devine que ces deux-là vont finir par se rencontrer, mais quand ? La raison, on la devine, mais Andreï Guelassimov prend son temps pour installer ses personnages, leur vie et nous ouvre peu à peu à la découverte de ce que certains appellent l'âme russe, entre poésie, douleur, abnégation et résistance...

"tu ne peux pas connaître ton destin.
Peut-être replieras-tu tes ailes au milieu des steppes..."

Peut-être...
Lien : https://page39web.wordpress...
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En 1945, la guerre touche à sa fin. Dans les steppes de Sibérie, un petit village désolé survit, dont les habitants sont assez rustres. C'est là que vit Petka, entre une mère très effacée et des grand-parents qui le rudoient. Ce petit garçon sans père est rejeté par les autres et essuie en permanence brimades et insultes. Ses principaux tortionnaires sont une bande de gamins brutaux qui le poursuivent pour le rosser. Loin de s'apitoyer sur son sort, Petka encaisse les coups et réinvente sa vie. Son imaginaire, nourri par la guerre, est peuplé de chars d'assaut et de combats héroïques. A son seul ami, un enfant maladif, Petka montre le louveteau qu'il vient d'adopter et qu'il fait passer pour un chiot.

Près du village, des militaires soviétiques dirigent un camp de prisonniers japonais qu'ils font travailler dans une mine.
Parmi les prisonniers de guerre se trouve Hirotaro, un médecin japonais, qui a eu l'opportunité d'être libéré mais a préféré, par sens du devoir, rester dans le camp. C'est un vieil homme cultivé, exempt de haine, qui soigne aussi bien les russes que ses compatriotes. Issu d'une lignée de samouraï, il écrit en cachette l'histoire de sa famille sur un cahier, à l'intention de ses fils. Il espère que ce cahier leur parviendra un jour.

Petka est un enfant exalté qui projette de devenir un grand héros soviétique en mourant pour sauver sa patrie.
Hirotaro est un homme âgé qui s'évertue à transmettre son héritage car il est convaincu qu'il ne survivra pas à la guerre.

Les tribulations de ces deux «morts en puissance» oscillent entre le tragique et le cocasse.

La confrontation de leurs univers respectifs, pourtant si différents, liera Petka et Hirotaro l'un à l'autre, dans un dernier chapitre poétique et fabuleux.
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Nous somme dans un village de Sibérie, en 1945. le personnage principal du récit est un petit garçon, Petka. Ostracisé par les autres garçons de son âge, sauf par son seul ami, Valerka,il s'invente un univers, imagine un possible héroïque de combattant, dans ce moment de la guerre finissante,où les soldats sont présents. Déjà pour garder, et faire travailler dans les mines proches, les prisonniers de guerre de différentes nations, et surtout, les plus anciens en date, les Japonais. Parmi ces derniers, Mityanaga Hirotaro, un médecin, qui soigne comme il peut ses compatriotes, mais aussi parfois les Russes, et qui pour s'accrocher à la vie, écrit dans un cahier, ce qu'il souhaiterait transmettre à ses enfants, et tout particulièrement l'histoire de sa famille. La fin de la guerre précipite les événements, avec les retours et départs, noue les destinées.

C'est vraiment un très joli livre, le personnage de Petka et des autres enfants d'ailleurs, merveilleusement dessiné, à partir du quotidien, des petits faits, des relations avec sa famille, des histoires qu'il se raconte. L'auteur se met vraiment à sa hauteur, aurais-je envie de dire. Il ne juge à aucun moment, ne regarde avec condescendance, mais se coule dans la mentalité et les perception de l'enfant. Ce qui n'empêche que nous ne puissions, en tant que lecteurs, prendre un certain recul, et être choqué ou ému par ce que Petka considère comme allant de soi (par exemple ce qui concerne sa mère). Cela permet de donner une forme de légèreté, de grâce, à un récit qui aurait pu sombrer dans le pathos ou dans la noirceur. Car la vie de Petka, et d'ailleurs des villageois dans leur ensemble, n'est pas très joyeuse, entre la guerre et les morts qu'elle entraîne, et le régime, ses atrocités et absurdités. Mais vues par les yeux d'enfants, la perspective change. La voix de Hirotaro change aussi un peu l'angle de vision, permet mieux d'appréhender certaines choses. Les deux se rejoignent, l'un par les histoires et les jeux qu'il invente, l'autre par les pages qu'il noircit, dans un besoin d'inventer, de transformer en mythe, en épopée, pour conjurer et rendre supportable, voire enviable le vécu. le point culminant en est, la conjuration chamanique, magique, que Petka exige de Hirotaro pour soigner son ami Valerka, les soins ne pouvant être efficaces qu'à condition d'être accompagnés de rites. Et Hirotaro, scientifique qui ne croit ni à la magie ni aux divinités, pour pouvoir répondre à la demande de ses patients, s'appuie sur ses souvenirs du théâtre Nô. Comme si les rituels, les religions et l'art avaient le même objet, celui de réconcilier avec l'insupportable, la maladie, la souffrance, la mort.

Andreï Guelassimov a un grand talent de conteur, et dessine dans ce roman un tableau sensible, et sans mièvrerie, d'un jeune garçon, et au-delà d'une génération « sacrifiée » pourrait-on dire, si le terme n'était si galvaudé. Et pose au passage des questions éternelles, du rapport à la violence, à la destruction, comment un individu peut trouver sa place dans un groupe, et dans une histoire.
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Peut-être n'était-ce pas le bon moment pour le lire ? J'ai aimé suivre Petka par moments mais je suis restée hors de l'histoire. Lu en octobre, j'en garde très peu de souvenirs... Même si j'ai persévéré jusqu'à la fin du roman. Vraiment dommage, j'en attendais peut-être trop ou je n'avais pas trop la tête à ça à ce moment-là...
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Un roman découvert grâce à la critique de Bookycooky.

L'action se passe en 1945, dans le village de Razgouliaevka où vit Petka, un gamin vif qui va occuper un rôle important dans les événements.
Traité de "fils de pute", car il n'a pas de père, Petka s'amuse à imaginer un père qui ressemblerait à Staline. Il a beaucoup d'imagination et de l'énergie notre héros, qui n'hésite pas à faire les quatre cents coups. Avec son copain Valerka il joue à la guerre, avec les gamins méchants d'une autre bande il se dispute. Les adultes aussi sont "les victimes" des taquineries de Petka...
Curieux de caractère, il saisit toutes les occasions qui se présentent pour s'éloigner et faire des découvertes. C'est dans une situation délicate qu'il fait la rencontre de Hirotaro, un médecin japonais qui est resté volontairement prisonnier avec les blessés pour pouvoir les soigner.
Leur amitié est improbable, mais elle se concrétise à cause des circonstances...
Andreï Guelassimov nous livre une histoire dense et savoureuse remplie de tendresse et d'humour, un beau contraste avec la situation tragique de la guerre.
Belle découverte.
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Ce n'est pas une lecture récente, mais je me souviens encore de ce roman. J'ai apprécié l'humour, par contre le côté historique est un peu très longue et coupe le rythme de l'intrigue. ( Il s'agit de la partie où un des personnages raconte l'histoire de sa famille. Les légendes liées à sa famille, sont intéressantes, malgré tout.)
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Belle balade dans la noirceur et la dureté de la vie soviétique, tempérée par la tendresse et l'amitié.
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