Fox Mulder a une tête de cochon : Et autres nouvelles

Andreï Guelassimov nous propose dans ce recueil cinq nouvelles. La première, qui est le titre du livre, est de loin la plus longue et nous entraîne dans une classe de terminale, dans une rivalité entre une professeure, ancien régime qui fait régner une discipline de fer, allant jusqu'à cacher par exemple la carte des positions russes pendant la guerre, pour saper le travail d'une plu jeune. Outre ces rivalités, on a des histoires d'amour balbutiantes entre des étudiants, ou entre l'un d'eux et une des profs qui va s'attirer des ennuis.

Ceci permet à l'auteur de s'en donner à coeur joie entre nostalgiques de l'ordre soviétique et les autres, à l'esprit plus ouvert…

Dans la deuxième, « Accomplis ce miracle Seigneur », on se trouve face à un couple qui ne s'entend plus très bien, et à la suite d'une soirée chez des amis où ils se rendent à contre-coeur, le mari qui a bu emboutit une voiture et se trouve soumis à un chantage, avec bandes rivales, mafia…

« Combien d'années de sa vie, qui ne reviendront plus, peut-on passer sur des chaises que l'on n'a pas choisies…«

Avec « Jeanne » on aborde de manière touchante mais sans complaisance, le statut des enfants nés avec un déficit moteur, la grossesse non voulue à l'adolescence et le père qui se défile dès qu'il peut. Et que dire de l'attitude des médecins…

« Grand-mère par adoption » est ma préférée : le statut des femmes dans la société, la nécessité d'épouser un homme capable de les faire vivre, à travers l'exemple de la narratrice : elle était mariée à Valery qui travaillait dans les sous-marins et qui a un jour disparu lui laissant leurs deux filles sur les bras. Elle a trimé toute sa vie. Sa fille aînée a fait un bon mariage mais elle vit loin d'elle et elle ne connaît ses petits-enfants qu'en photos. La deuxième s'est mariée très jeune avec un gros fainéant qui oublié de dire qu'il avait déjà été marié et avait une fille de ce mariage… Et qui va s'en occuper alors qu'elle bosse à la demande le jour, ou la nuit, tout en s'occupant de la maison pendant que le couple se prélasse ???

Dans la dernière « L'âge tendre » l'auteur nous propose le journal d'un ado, qui ne sait pas très bien où il en est, dans ce monde d'adultes qui ne lui plaît guerre. Il a du mal à grandir et trouver sa place…

J'ai retrouvé avec plaisir, l'humour noir d'Andreï Guelassimov, son analyse sans concession de la société russe, de sa violence, sa mafia, sur le couple, mais aussi les moments de poésie qu'il offre au lecteur, aux moments les plus sombres. J'ai aimé ses portraits de femmes, obligées de se tuer au travail, ou de se heurter à l'administration face au handicap, la notion de l'amour maternel qui est là ou qui ne l'est pas…
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Dans ce livre de 190 pages, Acte Sud publie cinq nouvelles de Andreï Guelassimov dont c'est la première parution en 2001. Nous retrouvons :
- Fox Mulder a une tête de cochon
- Accomplis ce miracle, Seigneur
- Jeanne
- Grand-mère par adoption
- L'âge tendre
Guelassimov situe ces nouvelles dans la Russie contemporaine où la vie est rude et la violence quotidienne. Son pessimisme nous accable, son regard sur l'homme est noir : « Les gens n'attendent jamais qu'une chose : entuber quelqu'un d'autre dans les grandes largeurs. »
Guelassimov narre des sujets graves. Son écriture est fine et concise. Dans ses récits pointe un humour âpre et badin qui semble être une arme pour défier les problèmes :
- Un professeur a une liaison avec son élève dans le lycée c'est un chamboulement, une tornade, qui bouleversent l'école et ces amours clandestines.
- Un couple, en pleine désillusion, se détruit tandis que leur jeune fils cherche ses repaires.

Cette violence côtoie aussi la générosité et la tendresse.
-la vieille Octobrine Mikhaïlovna, qui tente d'apprivoiser un jeune rebelle et révolté.

-Enfin Jeanne est une autre belle personne elle veille avec amour et dévouement sur ses enfants handicapés.
Dans ses premiers récits il ne règne pas cette ambiance onirique, pleine de bizarreries que l'on trouvera par la suite dans la soif et surtout le froid.
Auteur à lire

Il s'agit d'un recueil de 5 nouvelles.
« Fox Mulder a une tête de cochon » : Sania, adolescent de 16 ans, est nouveau dans sa classe de terminale. Il sympathise avec Anton. Un soir, dans son lycée où se tient une fête, il aperçoit son ami avec une professeure d'histoire dans une situation compromettante. La directrice surprend le couple. C'est le début d'une mise à l'écart de l'enseignante du lycée.
« Accomplis ce miracle, Seigneur » : Un soir, un homme ivre percute la voiture de Caucasiens. Ces derniers lui réclament une somme exorbitante qu'il ne possède pas. Il fait alors appel à un de ses anciens amis, qui trempe dans la mafia.
« Jeanne » : Jeanne, 18 ans, a perdu sa mère et vit dans son appartement avec son petit garçon de 2 ans. le père de l'enfant, qui l'a délaissée jusque là, propose à Jeanne de le suivre à Moscou. Jeanne a d'autres perspectives.
« Grand-mère par adoption » : Une femme de 56 ans, retraitée mais qui travaille occasionnellement, se prend d'affection pour la fille illégitime du mari de sa fille, Tatiana.
« L'âge tendre » : La vieille Octobrine Mikhaïlovna, qui vit recluse dans son appartement, tente d'apprivoiser un jeune adolescent révolté et malheureux.

Un recueil de nouvelles qui permet au lecteur de se plonger, à travers 5 tableaux, dans la Russie contemporaine et dans quelques-unes de ses problématiques. le style est sobre, un peu elliptique, ce qui ne facilite pas toujours la compréhension. La première nouvelle : « Fox Mulder a une tête de cochon », fait beaucoup référence à la culture – notamment la littérature – russe, ce qui est à la fois intéressant, cela nous plonge dans cet univers, et complexe en même temps, on mesure alors son ignorance. Je n'ai pas toujours été enthousiasmée par les différentes nouvelles, surtout par « L'âge tendre », qui se présentait sous la forme d'un journal d'adolescent, dont le style était assez abrupt, tout comme la fin ; par contre, j'ai beaucoup aimé « Accomplis ce miracle, Seigneur » qui nous plonge dans l'univers de la mafia russe et qui comporte une véritable intrigue. En bref, un ouvrage culturellement intéressant mais au style dépouillé donnant à l'histoire une tonalité froide.

Si vous avez envie de lire quelque chose de léger, passez votre chemin.

Dans ce recueil de cinq nouvelles écrit en 2002, Guelassimov nous plonge dans le quotidien de la Russie contemporaine, pure et dure, très dure. L'âge tendre ne l'est en général pas, les conflits de générations sont très violents, s'insérer est une galère ; et distinguer les bons des méchants est loin d'être évident.

« 23 mars 1995
J'aimerais bien savoir combien coute un bon pistolet mitrailleur. Il serait bien utile à l'école. Je hais les gonzesses. de pauvres connes. Elles lâchent leurs cheveux et elles se la jouent. Il faut vraiment être un crétin pour tomber amoureux d'elles. Elles sont toujours à se faire des films.
A la maison aussi il ne serait pas de trop le pistolet mitrailleur. Ils ont encore gueulé toute la nuit. Ils sont bouchés ou quoi ? »

De nouvelle en nouvelle, malgré ce contexte toujours glauque, l'écriture de Guelassimov produit des variations de grande amplitude comme celles d'un musicien russe surdoué.

Les débuts de Guelassimov : 5 nouvelles d'un quotidien un rien désabusé, toutes en finesse et en concision.

En 2001, première publication d'un auteur qui accèdera à la reconnaissance avec son roman «La soif» sur la guerre en Tchétchénie.

Cinq nouvelles d'un quotidien un rien désabusé, mais où déjà semblent se glisser des bizarreries, des décalages, dans un style tout en concision et en ellipse...

Le devenir tragi-comique, sur 20 ans, d'une amourette entre une professeur et un élève...
Les conséquences terribles d'un instant d'avidité d'un couple ordinaire face à des mafieux...
Le rêve désespéré et la résignation d'une jeune fille abandonnée avec son enfant...
Le dévouement et la joie de vivre, sur le tard, d'une grand-mère qui décide de prendre sa vie en main et d'éviter d'éternels recommencements...
Quelques brèves pages du journal d'un adolescent au moment du divorce des ses parents, Russes aisés de la finance...