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Pierre Guerci pour son premier roman a choisi de parler de son père, autour de lui, autour de sa vieillesse, sa maladie, sa mort. Dans une famille disséminée, indifférente qui brille par son absence.

L'auteur se questionne, répond à de nombreuses questions existentielles. Récit largement intimiste qui emprunte souvent des sentiers philosophiques qui aiguise la critique, les débats. L'auteur a de nombreux partis pris sur lesquels on est d'accord ou pas du tout. Il préfère une musique sobre et neutre à l'enterrement, je préfère les chansons à texte qui font pleurer un souvenir. Il pense qu'aider ses parents est un exemple pour la jeune génération, je suis d'accord.

Au départ désarçonnée par l'écriture fort cérébrale et peu émotionnelle, je me suis laissée emporter par ce récit car profondément humain. Pierre Guerci s'est montré auprès de son père atteint d'une dégénérescence et très peu autonome, présent, bienveillant, laissant de côté gêne, pudeur et autres condiments de cache misère. Quand le père devient un enfant à qui l'enfant doit essuyer les fesses, aspirer le mucus, donner la becquée, un ange passe. Pierre aurait aimé que son père le gratifie d'un peu de reconnaissance, il aurait aimé que son frère tienne d'autres discours que celui d'un père inutile et pas assez vite mort.

Quand on a aimé ses parents, quand on a vécu ou qu'on vit le deuil, quand la vie trépasse, on ne peut qu'aimer cet Ici-bas qui s'accroche coûte que coûte à décrocher l'urgence de vivre d'autant plus, d'autant mieux devant le spectacle de yeux qui s'éteignent doucement pour l'éternité.
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La double-vie de mon père

Pour son premier roman, Pierre Guerci a choisi de relater les derniers jours d'un père. Par la voix de son fils cadet, il raconte sa vie entre deux familles et deux descendances, l'officielle et l'officieuse. Fort et émouvant.

Au crépuscule de sa vie, un ancien médecin octogénaire quitte le service de gériatrie pour retrouver sa maison du côté de Villerupt, en Lorraine. Son fils cadet l'accompagne. Il a quitté Paris où, après avoir fait Polytechnique, s'est remis à des recherches en physique quantique. Au sein de la famille recomposée du vieil homme, c'est lui qui a choisi de l'accompagner, d'autant que Saouda, son aide-soignante a dû partir aux Comores enterrer son père. La maison aux papiers peints défraîchis ressemble aujourd'hui davantage à un EHPAD, entre le lit médicalisé, la chaise percée et le déambulateur. Sans compter le rituel des soins et le défilé des infirmière, kinésithérapeute, ergothérapeute et médecin.
Entre deux soins qui n'empêchent pas l'inexorable avancée de sa décrépitude, le vieil homme voit aussi défiler sa famille. Stéphane, le frère aîné du narrateur, ne s'attarde pas. Il est pris par d'autres obligations. Quant à Sylvie et Anne-Marie, ses demi-soeurs, elles ne comprennent pas le choix de son fils de s'installer aux côtés de leur père. Il faut dire que le fossé entre les deux familles est resté profond. Il y a d'un côté celle de l'amour qui a donné les deux garçons. Stéphane est né dans la clandestinité et le narrateur avant l'arrivée du narrateur, de cinq ans son cadet. La seconde famille, officielle, est celle des filles, Sylvie, Anne-Marie. On apprendra plus tard qu'une troisième fille est morte après sa naissance sans que leur père n'en touche un mot aux garçons.
«Je m'étonnai qu'une si chétive créature ait pu engendrer des êtres si divers, si peu unis, et qui avaient déjà tant vécu. le passé stagnait comme une poix noire sur les branches écartelées de cette famille qui n'existait comme telle que parce qu'il y avait tenu sa place; et le moins que l'on puisse dire, c'est que la chose n'avait pas dû être de tout repos: je comprenais qu'il fût si fatigué maintenant.»
Ses derniers jours sont d'ailleurs aussi l'occasion de revisiter cette histoire familiale compliquée. La belle carrière de ce «fils de macaroni» installé en Lorraine et ses réussites dans une spécialité, l'oncologie, qui laissait davantage de drames que de rémissions.
Avec le retour de Saouda, son fils regagne Paris, mais s'installe dans un nouveau rituel. Il vient désormais toutes les fins de semaine. «Entre les promenades, les livres audio, les films, le tennis et le football, j'avais l'impression de permettre à mon père de faire un peu plus que survivre».
Une philosophie de l'existence sent alors poindre en ce siècle où la performance et la vitesse prennent le pas sur la réflexion et le sens. C'est dans ces minutes que la vie se pare des ors de l'essentiel, car la fin se rapproche. Et finira par arriver. Dans ces derniers chapitres Pierre Guerci se rapproche de Catherine Weinzaepflen qui vient de publier L'odeur d'un père (Chronique à suivre) et d'Anne Pauly qui nous avait donné l'an passé avec Avant que j'oublie un autre témoignage sur la mort du père, mais avec le même regard à la fois lucide et distancié sur les absurdités qui peuvent accompagner le dernier voyage. Comme ce constat: «Il était enfin redevenu mon père, après avoir été quelque temps mon enfant.»


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Je suis ravie de constater que l'on peut encore sortir de l'X et avoir l'âme d'un écrivain, un vrai. de ceux qui peuvent employer le subjonctif avec aisance, ainsi qu'un vocabulaire choisi, ce qui fait pas mal défaut chez les créateurs de livres à la mode censés "faire du bien
Il est vrai que le thème de ce roman est plus que mélancolique: la fin de vie d'un père.
Le père du narrateur rentre chez lui après une hospitalisation et c'est son plus jeune fils qui choisit de l'aider et de l'accompagner jusqu'au bout de sa vie. Ce jeune homme est un enfant adultérin et découvre l'univers dans lequel a vécu son père qui n'a jamais divorcé en ayant ainsi 2 familles. Il découvre par la même occasion ses "soeurs", officielles celles là . le climat jusqu'au bout sera poli certes mais plutôt glacial.
le jeune homme va s'occuper de son père et des soins d'hygiène à lui apporter, en l'absence de l'assistante habituelle repartie pour un moment en Afrique, son propre père étant décédé.
C'est cette période de soins dûment racontés qui ne peut que marquer le lecteur. Les mots sont crus, l'hygiène intime est pénible pour le père et le fils qui a du mal à supporter l'odeur des excréments. le regard du père qui voudrait s'excuser, la mort qui rôde, mais qu'on repousse le plus longtemps possible. C'est une famille de médecins et la décrépitude est vue diversement par les enfants. Mais notre jeune homme n'est pas médecin lui et jusqu'au bout il s'efforce d'aimer son père en espérant être aimé autant en retour, sous les yeux des enfants officiels.Il faut bien accepter de n'avoir plus le statut d'enfant quand les parents meurent, et cela nous renvoie tous à notre propre humanité.
Un "roman" que je ne suis pas là d'oublier.
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Dans Ici-bas, le narrateur raconte comment il a pris soin de son père d'un enfant pendant les derniers mois de sa vie, et comment il a vécu sa mort, au beau milieu d'une famille complètement dysfonctionnelle, ruinée de l'intérieur par la double vie de ce même père. Enfant de l'adultère, ayant vécu toute sa vie dans l'ombre de la famille légitime du patriarche, ce fils cadet dont nous ne connaissons pas le nom cherche à se raccrocher à ce qu'il lui reste de famille, en passant des moments privilégiés avec ce père qu'il a peu connu, ou en essayant de partager en vain sa peine avec son frère aîné. Rien d'autre ne semble exister dans sa vie que cette famille atypique : il a laissé de côté sa vie parisienne du jour au lendemain pour être au chevet de son géniteur, aucun ami compatissant ne fait son apparition dans ces moments pourtant difficiles. Alors il vit la perte de son père seul, essayant de comprendre la tristesse de sa mère, l'indifférence de son frère, la mesquinerie de ses demi-soeurs, tandis que la vie, toujours plus forte, le reprend dans son tourbillon.

Ce qui m'a immédiatement frappée quand j'ai ouvert ce livre, c'est la qualité du style d'écriture, un style très littéraire où chaque mot est patiemment pesé, inséré juste à la bonne place, au bon moment, pour garantir la fluidité de la lecture et susciter les émotions du lecteur. J'ai d'abord été agréablement surprise du ton cynique, distancié employé par le narrateur pour décrire la maladie, employant l'humour pour se protéger de la réalité, utilisant les petites anecdotes décalées comme un moyen d'accepter la patiente décrépitude d'un parent adulé. On rit un petit peu, on s'attendrit beaucoup, on accompagne le narrateur dans ses hauts-le-coeur quand il faut aider le patriarche sur la chaise percée, mais globalement, on traverse ce moment difficile avec légerté.

Pour autant, j'ai eu bien plus de difficulté à apprécier ma lecture une fois arrivée à la troisième partie, quand la mort fait son apparition. le deuil n'est pas un thème que j'apprécie particulièrement de retrouver en littérature, surtout quand celui-ci me renvoie en pleine face des moments peu agréables de ma propre vie. Ce deuil-là m'a été trop lourd, trop sentimental, trop intense. J'ai retrouvé dans ce narrateur une partie de moi-même, celle qui cherche toujours à intellectualiser la mort quand elle frappe à ma porte, et ça m'a donné envie de finir le livre au plus vite et de l'oublier dans un coin. Bref, ce n'était pas pour moi, même si c'est incroyablement bien écrit et bien mené dans l'ensemble.
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Ce livre probablement autobiographique décrit la vallée de larmes où plonge le fils dévoué d'un grand médecin en fin de vie. le père souffre d'une maladie neurologique qui l'emporte dans une dépendance progressive — matérielle, physique, psychologique — dont il est parfaitement conscient. le fils affronte la condition médicale du père (aucun détail n'est épargné au lecteur), sous le regard croisé de ses frères et soeurs ; regard suspicieux des enfants légitimes sur la maitresse du patriarche et les demi-frères adultérins ; morgue des frères et soeurs médecins vis-à-vis du narrateur, polytechnicien, mais chercheur dans un domaine qu'ils affectent d'ignorer. L'écriture est impeccable, volontiers moqueuse (« Elle s'est convertie à la psychologie positive et aux thérapies alternatives à tendance orientaliste, devenue naturopathe, kinésiologue et praticienne de reiki, tout cela à la fois, elle aide désormais d'autres femmes tombées dans ce ravin de la bêtise sentimentale à choisir les fleurs qui leur faut mettre à côté de leur lit pour mieux dormir et activer plus pleinement leur potentiel humain » p 130). le style peut devenir contourné : « Il arrivait d'ailleurs encore fréquemment que je peinasse à me mettre tout à fait au rythme de mon père et que je restasse bras ballants à ses côtés, perplexe face au mur subitement reconstitué de l'incommunicable. Mais je n'essayais plus de noyer mes dissonances dans une fanfare dilatoire, et j'avais renoncé à m'épouiller constamment dans la crainte de débusquer en moi-même un sentiment négatif renégat » (p 118).

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Qu'il est difficile et douloureusement unique d'accompagner un parent dans la maladie, la perte d'autonomie puis la mort. C'est encore plus difficile dans une famille protéiforme, ou deux femmes ont partagé la vie d'un homme, et où deux fratries se disputent depuis, souvent sans grande sympathie, les faveurs paternelles.

C'est pourtant le dernier né de cet homme, deuxième enfant des amours illégitimes, qui veillera sur lui, l'accompagnera au quotidien et vivra à ses côtés la perte d'autonomie et, pourrait-on dire, l'arrivée des problèmes. Alors que les enfants légitimes passent en coup de vent, donneurs d'ordres, moralistes mais distants, c'est à ce jeune homme terminant de longues études de s'occuper de ce père qui a l'âge d'être son grand-père.

Le quotidien de cet homme qui fut un professeur de médecine passionné, empathique et profondément humain, catholique de gauche, le ramène à des préoccupations plus terre à terre : essayer de se distraire, tenter de communiquer quand la maladie neurodégénérative rend tout si difficile, se mouvoir, s'alimenter, éliminer, et tenter de rester jusqu'au bout un père, un homme digne.

Ce livre, c'est avant tout l'amour d'un fils pour son père mourant, un roman qu'on lit comme un récit, celui de la découverte de ces gestes, de ces soins qu'il faut parfois faire à la place des professionnels. La fatigue, la culpabilité, parfois les regrets, les émotions se bousculent dans ce livre à la justesse impressionnante, qui m'ont ramené deux ans en arrière lorsque, dans une famille heureusement unie, j'accompagnais ma mère dans une situation parfaitement similaire. Un témoignage qui chamboule par sa sincérité et son absence de bons sentiments, félicitations pour ce premier roman.

Chronique partagée depuis mon compte Instagram.
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Le père était un oncologue respecté. Père de plusieurs enfants issus de deux fratries différentes. Aujourd'hui, alors que son cerveau est grignoté par une dégénérescence, il ne reste plus grand chose de la prestance de cet homme autrefois élégant et mystérieux aux yeux de son fils cadet, le narrateur. Ce trentenaire a décidé d'accompagner son père dans ses derniers jours, à domicile, dans la demeure que ce dernier occupait avec son épouse officielle.

Avec la dégénérescence, c'est tout ce qui faisait de son père l'homme qu'il était qui est entrain de s'envoler sous ses yeux. La fin de vie, c'est une succession de perte : le langage, la mobilité, la continence, la vitalité. le narrateur fait face, du mieux qu'il le peut. Pour lui, c'est aussi l'ultime occasion de se rapprocher de son père, de lui pardonner ses nombreuses absences tout au long de sa vie et puis, aussi, de décrocher cette reconnaissance qu'il n'a eu de cesse de chercher chez son géniteur. Mais il n'a, comme réponse, que le mutisme incessant de son père et ses besoins d'être mis au propre.

Au fil des jours, les frères et soeurs passent en coup de vent. Tous bien trop préoccupés par leur quotidien pour s'arrêter plus de quelques minutes. A moins que ce ne soit leur façon de prendre leur revanche sur un père qui n'a jamais réussi à choisir entre ses deux familles. Malgré la présence continue du narrateur au chevet de ce vieil homme, l'absence règne en maitre au sein du foyer et du récit.

Alors, pendant que son père somnole, pendant que l'on attend une mort qui, bientôt, se fera désirer, pendant que l'on s'en veut d'espérer qu'elle arrive plus vite que prévu, le fils se questionne sur le sens de la vie, la vieillesse, la perte de repère, la mort. Ainsi, dans cette maison où le temps n'a plus que peu d'importance, la vie et la mort s'entremêlent, se côtoient et s'apprivoisent pour finalement poser une question fondamentale : et si l'urgence de vivre, c'était aussi, et justement, de profiter des derniers instants qui nous sont donnés auprès de ces êtres aimés devenus vieux ?

C'est un premier roman à l'écriture saisissante, maitrisée à la perfection et magistrale. Malgré un sujet délicat et difficile à traiter en littérature, Pierre Guerci signe un récit empli d'humanité et d'amour pour cet homme qui, à n'avoir pas su choisir, n'aura jamais véritablement été complètement présent auprès des siens.
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J'ai trouvé ce roman d'un ton très juste. Un fils accompagne son père au quotidien où presque dans les derniers temps de sa vie. Il a de particulier d'être le fils illégitime et il vient prendre soin de son père dans la maison familiale légitime.
L'auteur raconte les gestes qui accompagnent la maladie, la dépendance mais aussi les envies de fuite...
Concernant l'écriture, je suis un peu plus partagée. J'ai trouvé le style un peu trop recherché empêchant une certaine fluidité.
Un roman très lucide sur la relation qui unie un fils à son père dans sa fin de vie, oubliant presqu'un jour pas si lointain son père était vif et plus jeune.
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La plume de Pierre Guerci est fine et élaborée; elle laisse entrevoir un univers d'imagination particulièrement riche, au sein duquel comparaisons évocatrices, métaphores et effets de style remarquables se prêtent à désigner des idées universelles que l'auteur seul arrive à ainsi signifier. C'est en ceci que réside l'une des principales vertus du texte : en creusant vers les plus profondes couches de l'identité et de la douleur indicible de la disparition de nos aimés, le registre poétique adopté avec une justesse parfaite apporte une consolation apaisante au bouleversement. A la lisière de la vie et de la mort, du monde d'ici-bas et de l'éternité, où le temps suspendu nous offre la possibilité de confrontation avec ce qui importe réellement, Ici-bas touche à ce qu'il y a de plus profondément humain dans l'amour et dans la responsabilité à laquelle celui-ci nous engage.

Un premier roman profond et émouvant, témoignant de la maturité stylistique de son auteur: à lire et à suivre!
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Qu'il est difficile de dénigrer un roman reçu grâce à l'opération Masse Critique ! Mais tous les goûts sont dans la nature, c'est ce qui fait la richesse d'un réseau social… Je vais donc aller à l'encontre des précédentes critiques élogieuses parues sur ce premier roman.

J'ai souffert ! D'une part, pour la longueur. Longueur des chapitres (trois en deux cents pages) qui ne permettaient pas de souffler (car j'en avais réellement besoin !) ; bien sûr, on s'impose l'arrêt soi-même, mais j'apprécie lorsque la pause « tombe bien ». En outre, je n'ai pas vraiment compris le découpage entre le premier et le deuxième chapitre…

Longueur des phrases ! Pierre Guerci a semble-t-il voulu rivaliser avec Flaubert et est adepte des phrases à rallonge, qui classe cette lecture dans les lectures cérébrales. Oubliez le transat, le soleil, les passants qui discutent à côté de vous, les enfants qui vous envoient le ballon par erreur… On ne peut pas lire ce livre sans un minimum de concentration, à moins de lire trois fois la phrase pour la comprendre.

Longueur de l'action ! Deux pages pour raconter que le père cherche à se gratter l'oreille, le double pour nous raconter son passage à la selle… On en vient à attendre, malheureusement, que cet homme mette un terme à sa souffrance, à celle de son entourage, et à celle du lecteur ! La quatrième de couverture évoquaient des « rivalités familiales » entre « deux fratries issues d'un même père » qui l'accompagnaient dans ses derniers instants. Je n'ai pas retrouvé ce thème alléchant : le fils qui nous raconte cette fin de vie est désespérément seul, croise son frère, ses demi-soeurs, sa mère… On est proche, selon moi, du huis-clos. Des pages m'ont, enfin, mise à bout, et si ce n'était pas un roman de l'opération Masse Critique, je l'aurais fermé définitivement : lire les répulsions du fils pour « la merde » (je cite, pardonnez-moi), le mucus, la « verge ratatinée » comparée au « pis d'une vache »… J'ai bien du mal à comprendre les enjeux de ce récit : hommage au père, thérapie personnelle, volonté de montrer ce qu'est la dégénérescence et la difficulté d'y faire face ?

Enfin, autant, dans les premières pages, je me disais que l'auteur écrivait bien, qu'il avait un style, du talent… Mais c'est comme certaines choses qui sont travaillées et bonnes, elles deviennent vite écoeurantes. le style m'est vite apparu trop ciselé, voire ampoulé. Je ne m'estime pas trop inculte et pourtant, je tombais trop régulièrement sur des mots inconnus. Dans l'absolu, ce peut être une bonne chose, lorsque c'est fait avec mesure, qu'on n'est pas obligé de lire avec le dictionnaire à côté, et lorsqu'on se dit que c'était décidément le bon terme, qu'un autre n'aurait pu le remplacer (j'ai fortement ressenti cela avec Damasio et sa « Horde des Contrevents »). Mais avec Pierre Guerci, je me suis souvent dit : tous ces grands mots pour cette seule idée, qui aurait paru plus belle avec davantage de simplicité ! J'ai découvert des « morgue catholarde », « joie immarcescible » et mille autres choses étouffantes qui nous font passer à côté du thème sensible de la fin de vie, bien mieux traité dans « Les gratitudes » de Delphine de Vigan à mon sens. Bref, je m'arrête là : ce roman n'était pas pour moi…
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