Je ne cherche plus le bonheur dans sa version flamboyante avec sentiments haut perchés et perfection à tous les étages, je le trouve là où il est, modeste et furtif comme les petites fleurs vertes qui poussent dans les montagnes du Vietnam. Elles naissent à l’aube et meurent à midi juste, elles ont été magnifiques, c’était leur rôle.
Au paradis, je passerais les siècles et les siècles à contempler Dieu entre deux concerts de harpe. Merci bien. Les casse-couilles, j'ai déjà donné.
« Et quand l’autre meurt autour de moi, je passe par des climats variables : un chagrin paniqué qui se réveille chaque fois que le soleil brille sur un souvenir ancien, chaque fois que cette lumière te ressemble et que ce lieu a gardé la mémoire de ta voix ; une solitude infernale quand je vois une petite fille trottiner fièrement en tenant la main de son gigantesque papa – mais c’est une joie aussi ; un triste vertige quand je passe devant « chez toi » (ce n’est plus chez toi puisque la pancarte obscène annonce « vendu » et qu’on ne boira plus jamais de vin blanc devant la cheminée) ; (…) un coup de rage à te savoir allongé sous cette plaque de marbre, toi qui étais toujours debout, et si grand debout ; ou alors, que dalle, ni chaud ni froid, pas la moindre brise. »
Les femmes ont toujours tort de s'en faire. Nous, on ne s'attarde pas aux détails. On va à l'essentiel, depuis l'âge des cavernes.(p.56)
Le meilleur, dans l'oeuf, c'est le jaune. Alors maintenant que j'ai quatre-vingt sept ans ils ne vont pas m'emmerder avec leur cholesterol. C'est comme ça ici, ils veulent ton bien, de gré ou de force. Ils veulent que tu claques avec un cholestérol de moins de 2 grammes. En pleine forme et d'attaque pour conquérir le monde.
Tout ce que je veux, au moment de mourir, c'est vivre.
Non, je ne veux pas. Non, je n'irai pas me décomposer toute seule dans une boîte, la tête sur un oreiller de satin blanc.
...
Je ne veux pas de ces regards détournés, de ces larmes que vous refoulez pour ne pas me faire peur. Je suis terrifiée, alors vous pouvez pleurer.
J'aurais voulu savoir si , toi , tu étais heureuse. Et si tu avais peur de partir, ou si tu avais trouvé le moyen d'aborder le néant sans colère. Mais on ne peut pas demander à un mourant s'il a peur du noir. On ne peut rien lui demander. Alors tu emportes tout avec toi, et c'est fini.
- aux pompes funèbres, ils m'ont dit que c'était 10 132 euros le tarif bordure et 5 795 euros pour l'intérieur des divisions. J'ai pris le tarif bordure, Jean-Charles il aimait bien être au bout de la rangée au théâtre, pour pouvoir sortir quand il se barbait.
- là, c'est pas pareil...
- quand même, ça fait plaisir, ce genre de petites attentions.
Chaque mort embarque un morceau de moi plus ou moins conséquent.