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Critique de Fleitour



J'ai comme le vague sentiment que René Guitton , n'a pas aimé Boussole, pour René Guitton, le Moyen Orient, cette région berceau des civilisations, est avant tout née du multiculturalisme.

René Guitton, après avoir passé sa vie à sillonner les pays du Moyen Orient, puis publié le dictionnaire amoureux de l'Orient, publiait Blessures d'Orient aux Editions Galaade le 26 mai 2016 . Boussole a été publié aux éditions Actes Sud le 19 août 2015 .

Il est sans doute excessif de suggérer que l'auteur de Boussole, est à l'origine des deux derniers livres de René Guitton. Perception personnelle, car aucun de ses 2 derniers livres de René Guitton sur l'Orient n'évoque Boussole, ni aucun de ses nombreux interviews donnés depuis.

J'aurais aimé comme René Guitton, effectuer ce périple muni d'un GPS (ou d'une boussole) pour être sûr de ne pas me tromper de lieu, moi qui ne connait bien que le Liban, penser que Ninive est devenu Mossoul, et où se situent Palmyre, Mari, Hatra...

Ce texte est un livre d'histoires, qui tente de nous faire comprendre l'étendue des découvertes, entreprises parfois récemment sur ce territoire qui va de la Syrie à l'Irak sans oublier la Palestine, la Jordanie et l'Égypte; je citerai, Doura Europa, Ougarit, le Krak des Chevaliers.

C'est aussi très scrupuleusement, un récit qui reprécise les lieux, les dates, des principales civilisations qui se sont succédé sur ce territoire parfois appelé le croissant fertile. René Guitton ne développe aucune théorie, aucune rhétorique, n'instruit ni pamphlet ni anathème, il se veut le regard que tout homme devrait pouvoir porter en toute indépendance sur le berceau de nos civilisations, on évoque ainsi, les Omeyades, les Abbassides, les sumériens...

La cité d'Abraham est bien présente dans le livre, comme l'arche de Noé pour citer des fouilles récentes, mais le visage de Sarah la femme d'Abraham ne hante pas, l'observateur accompagné dans sa quête par des soldats, quelque soit le pays où il se trouve.

René Guitton s'attache à resituer la présence de toutes les religions, et précise par exemple les synagogues les plus remarquables. de la même façon la présence du christianisme est très bien documentée, depuis la naissance du Christ, les vestiges laissés par les chevaliers et les croisés, les monastères au nord de l'Irack, ou, le génocide arménien qui élimina près de 2 millions d'arméniens composés par une population essentiellement chrétienne orthodoxe.

Dans les dernières pages, René Guitton revient sur les événements de Palmyre. : "Khaled el-Assad, directeur des antiquités et des musées de Palmyre jusqu'en 2003, aimait viscéralement sa ville dont il ne se laissait pas de contempler chaque jour les merveilles...
Palmyre où il est mort, en août 2015, décapité en place publique par Daech."
p206


La presse d'ailleurs, depuis a précisé que Khaled El-Assad, a été torturé, les soldats de Daech croyaient en effet, que des objets d'une valeur inestimable étaient cachés, or il n'en était rien. Rendre responsable des destructions, ceux qui ont cherché à le protéger et développer le site me semble être d'un humour bien noir.

En outre, Blessures d'Orient est passionnant à lire, je citerai le début de l'écriture, avec l'écriture cunéiforme, et le livre de Gilgamesh, appelé l'épopée de Gilgamesh, que l'on peut lire sous la traduction de Jean Bottero aux éditions Gallimard 1993. Cette épopée fut écrite en sumérien en 3000 vers.
C'est à ce jour "la plus ancienne oeuvre littéraire découverte antérieure de plusieurs siècles à l'Iliade. Roi de la ville d'Uruk Gilgamesh aurait vécu vers 2650 ans avant notre ère."

Je terminerai cette approche de ce texte simple, très précis, où les millénaires s'entrechoquent et qui fut si captivant à lire et à fouiller,
par cette phrase extraite, du recueil, " Champs de la recluse de Rabi al-Adawiya".
Il vécut au IXème siècle :
" si je t'adore par crainte de l'enfer brûle moi en enfer,
si je t'adore dans l'espoir du paradis exclus-moi du paradis,
mais si je t'adore pour toi-même ne me prive pas de ta beauté éternelle."
magnifique.
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