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3,6

sur 300 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
En lisant Paradis de Abdulrazak Gurnah, j'avais un peu cédé à l'appel du titre et à celui de son auteur, écrivain d'Afrique de l'Est que je souhaitais découvrir. J'avoue que je n'ai pas trouvé dans ce roman ce à quoi je m'attendais...
La thématique de départ me plaisait : celle du voyage initiatique d'un jeune garçon Yussuf, arraché à sa famille pour rembourser une dette paternelle et confié à "oncle Aziz", un riche marchand, qui va faire de lui son serviteur.
Et le roman de nous faire suivre les mille et une tribulations de Yussuf, au gré des longs voyages de caravaniers qu'il va accompagner en compagnie d' oncle Aziz, un personnage haut en couleurs et bienveillant qui sera plus pour lui un mentor qu'un maître.
J'ai aimé la peinture de l'ambiance de ces transhumances humaines, avec leur cérémonial et une galerie de portraits très pittoresques des nombreux personnages qui y participent depuis les musiciens qui ouvrent la marche jusqu'aux porteurs, chargés comme des animaux de bât mais pourtant très investis de leur mission. C'est un véritable spectacle auquel assiste tout le village, à la grande fierté d'oncle Aziz qui ferme la marche...
Le cadre de l'histoire, à l'orée de la colonisation européenne de l'Afrique de l'Est est également bien rendu avec ses luttes ethniques très violentes entre bergers des montagnes et agriculteurs des plaines, entre Indiens et Arabes dont les conflits sont récupérés et attisés par les colonisateurs. Tous ces faits sont rapportés dans un récit qui s'apparente plus pour moi à un récit de voyage avant tout soucieux d'exactitude, qu'à un récit romanesque plus centré sur des personnages auxquels on s'attache au gré de leur évolution et des situations auxquelles ils doivent faire face.
Pourtant le récit ne manque pas de vie car il emprunte assez souvent les codes du conte oral, notamment dans les dialogues des autochtones évoquant de façon drolatique les méfaits des colonisateurs. Mais dans l'ensemble l'écriture reste "sage" voire conventionnelle même lorsqu'elle évoque les magnificences d'un mariage indien ou la beauté de paysages naturels idylliques.
La structure est également un peu répétitive et j'avoue qu'à la fin du 3ème voyage, j'étais contente de retrouver le port d'attache de Yussuf et le magnifique jardin d'oncle Aziz dans lequel il passe alors le plus clair de son temps.
C'est d'ailleurs à partir de là que l'on bascule dans un autre univers : celui du conte oriental. Yussuf va quitter son jardin enchanté et tomber sous le charme ensorceleur d'une mystérieuse femme (l'épouse cachée d'oncle Aziz). Tous les ingrédients du conte oriental se mêlent avec bonheur e,t en même temps que se crée un certain suspense, l'auteur nous livre certaines clés du roman, notamment celles relatives à l'attachement familial, la quête identitaire et la liberté...
Mais au moment même où je me réjouissais d'avoir retrouvé un plaisir de lecture plus grand, est arrivé le dénouement qui m'a laissée complètement perplexe...
D'ailleurs si une lectrice ou un lecteur peut m'éclairer sur cette fin qui reste pour moi énigmatique, je suis preneuse !

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Babelio m'a fait découvrir avec ses petits insignes que je lisais pas mal de livres se passant en Afrique ou écrit par un(e) auteur(e) africain(e). Je n'en avais pourtant pas la sensation... Quand j'ai dit ça à mon cher et tendre, il a bien ri, pour lui c'était une évidence....
Donc évidemment quand le Prix Nobel de Littérature est attribué à un auteur africain et que l'un de ses livres est proposé dans ma librairie préférée, j'avoue je n'ai pas hésité....
.
Afrique de l'Est, début du 20e siècle. La colonisation par les Européens se met en place.
On suit un jeune garçon acheté en remboursement des dettes parentales par un riche commerçant. On va suivre cet enfant puis ce jeune homme et découvrir cette période. Plus particulièrement on va l'accompagner dans les périples d'une vie de négoce (ces longues caravanes qui vont de lieux en lieux pour acheter et vendre).
Lecture en demie teinte pour moi. J'ai aimé cette description de la vie en caravansérail. le retour dans la demeure du maître et la fin m'a paru s'étirer, traîner sans arriver à conclure... Donc une légère déception.....
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Paradis c'est l'histoire de Yusuf (sorte d'épopée revue et corrigée du mythe de Joseph dans les livres saints) : jeune laissé en caution par ses parents débiteurs à son nouveau patron créancier. C'est ensuite un voyage initiatique à Zanzibar notamment, pour y croiser les autochtones mais aussi le début de la colonisation. C'est enfin ces vies dépendantes d'autres qui les jugent, les guident, les maltraitent. le titre est une provocation en réalité : un jardin clos peut-il être un Eden ou une prison ? certains fuient mais d'autres y restent. Car même lorsque sa maitresse rend la liberté à son esclave, qui, en outre, n'a plus où aller, il reste attaché à ce lieu et pour cause : " tu me comprends ? le travail qu'on m'a donné à faire, c'est le jardin. Qu'est-ce que cette femme peut m'offrir qui me rende plus libre ?". jdcjdr. Je n'ai pas été enchanté par ce roman qui a tant fait couler d'encre et d'analyses, et qui vaudra à son auteur de devenir en 2021 Prix Nobel de Littérature. Quant au final, il est sec et me laisse perplexe : la rudesse de la réalité à n'en pas douter..
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« Les événements avaient décidé de sa vie, il avait gardé la tête hors de l'eau, les yeux fixés sur l'horizon le plus proche, préférant ignorer plutôt que savoir ce qui l'attendait. Il ne voyait rien qui pût le libérer de sa condition d'esclave. »
Sur la côte tanzanienne au début du XXe siècle, Yusuf, douze ans, est remis aux mains d'un marchand par ses parents afin d'acquitter une lourde dette qu'il leur est impossible de payer autrement. le gamin effectue le voyage en train avec cet « oncle » Aziz jusqu'à son magasin tenu par un adolescent, Khalil, lui-même soumis aux mêmes conditions de traitement. Un soutien mutuel se développe entre les deux jeunes à travers les tâches quotidiennes à effectuer et un destin commun de plus en plus difficile à supporter en grandissant.
Paradis, c'est un roman d'apprentissage à la dure, la fin abrupte d'une enfance protégée par le cocon familial et soumise aux aléas d'une vie d'adulte, esclave de surcroît. Heureusement, le regard candide de Yusuf sur toutes choses, même les plus vilaines, permet au lecteur de respirer et de se laisser porter par les contes et superstitions qui sont légion dans cette partie du monde. Une fin ouverte, déstabilisante, vient conclure le récit et après réflexion, c'était la fin souhaitée pour un tel récit.
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Se déroulant dans l'Afrique de l'Est sous domination allemande, Gurnah dresse un tableau du colonialisme à travers les yeux d'un ingénu. Lacunaire à beaucoup d'égards (et manquant pour ma part probablement également de clefs de compréhension), le point de vue de Yusuf nous permet de suivre son passage à l'âge adulte d'un point de vue très neutre et à la fois très naïf – ce qui rend le tout très long et répétitif par moments, puisque ce pauvre protagoniste n'a aucune foutue idée de ce qui se passe autour de lui, comme le lecteur. Ses relations, les enjeux sociaux, culturels et politiques, la place de la religion et du colonialisme, la présence allemande et indienne, etc. tout est brossé d'une main inintéressée, puisque Yusuf prend tout comme ça vient, sans trop s'interroger, ni s'inquiéter. Outre sa beauté louée toutes les 12 pages (et dont il n'a ni conscience, ni l'intention d'user), Yusuf est juste un moule vide qui parcourt le monde en laissant celui-ci l'impacter sensiblement, en y prêtant une attention très vague et s'y intégrant uniquement parce que d'autres personnages font l'effort de le faire pour lui.

Intéressant, mais probablement qu'avec une connaissance plus approfondie de l'Histoire locale et des enjeux, j'aurais plus apprécié les nombreuses descriptions.
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Ma découverte du prix Nobel de littérature 2021 me laisse une impression mitigée.

Le début intrigue et donne envie de tourner les pages. La découverte de l'Afrique de l'Est, le nom envoûtant de Zanzibar, et ce jeune garçon de 12 ans (Yusuf) que son père "vend" à son créancier, l'oncle Aziz, pour rembourser ses dettes. Tous ces ingrédients attisaient ma gourmandise.

Mais rapidement, l'histoire s'ensable et j'ai commencé à m'ennuyer. le personnage de Yusuf ne m'a jamais semblé incarné ou réel, j'ai perpétuellement lu dans un sentiment de flou, sans repère temporel clair, sans réelle intrigue.

Alors que les déplacements et les voyages se succèdent, j'ai ressenti de l'immobilisme, et cette impression désagréable "qu'il ne se passait pas grand chose". Pourtant, les romans contemplatifs ou assez lents dans leur déroulement ne me dérangent pas. Mais ici, j'ai regretté un manque de vigueur, de dynamisme, de tonus.



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Je n'ai pas du tout accroché, je me suis ennuyée dans cette lecture. J'ai eu l'impression qu'il ne s'y passait rien, et pourtant il y a du mouvement dans ce roman. le récit commence lorsque le petit Yusuf, 12 ans, est cédé par son père à un riche marchand, l'Oncle Aziz, pour apurer ses dettes. Yusuf quitte donc sa famille et sa région natale pour aller vivre chez le marchand. Dans un premier temps, il fait de menus travaux, puis aide à la boutique, puis enfin va partir pour un long voyage, faire du commerce avec l'Oncle Aziz dans des terres reculées et hostiles, le tout sur fond de colonisation par les Allemands de ce qui était alors le Tanganyika. Ce roman offre un regard intéressant sur ce qu'ont vécu les populations de ces régions au début du XXème siècle, mais je n'ai pas vraiment réussi à entrer dedans.
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Abdulrazak Gurnah, né en 1948 à Zanzibar, est un romancier tanzanien écrivant en anglais et vivant au Royaume-Uni. Spécialiste des études postcoloniales, il a longtemps enseigné à l'université de Kent. En 2021, il reçoit le prix Nobel de littérature pour son oeuvre mettant en lumière le colonialisme. Roman datant de 1994, Paradis vient d'être réédité en poche.
Début du XXème siècle en Tanzanie. Yusuf a douze ans quand ses parents le confient à l'Oncle Aziz, un négociant riche et réputé, lequel le place dans sa boutique sous la houlette de Khalil, un jeune gars sympathique qui gère le commerce et lui apprend le métier. Plus tard l'Oncle Aziz emmènera Yusuf dans une de ses expéditions commerciales loin dans les terres, chez les « sauvages » ; une aventures douloureuse qui coûtera cher à l'Oncle, la caravane est faite prisonnière et ils sont rançonnés par un sultan local…
Revenu chez l'Oncle, Yusuf connaitra les affres liées aux femmes, en l'occurrence celles de l'Oncle, la plus âgée, psychologiquement tourmentée, voit dans l'adolescent un guérisseur qui la sortirait de ses tourments, tandis que la plus jeune fait vibrer le coeur du jeune homme. Dans les deux cas, sa situation sociale lui interdit de s'approcher d'elles et pourtant…
Un bon roman, facile et agréable à lire mais vraiment très gentil, pour ne pas dire trop car en fait Yusuf est l'esclave d'Aziz, donné par ses parents pour éponger leurs dettes. Si le terme d'esclave éveille en vous le souvenir de maints récits horribles, ici il n'en est rien, Aziz n'est pas méchant avec Yusuf (le gamin apprendra plus tard que ce n'est pas son oncle), jamais il ne subira de violences physiques ou pire encore.
Un bouquin un peu mollasson dans l'intrigue, initiatique pour le gamin et où, dans le fond il est question de liberté (« Ils peuvent t'enfermer, t'enchaîner, se moquer de tes modestes aspirations, mais la liberté n'est pas quelque chose qu'ils peuvent t'enlever ») et du colonialisme de ce coin d'Afrique par les Allemands et les Anglais qui s'emparent des terres (« Vous savez pourquoi ils sont si forts ? Parce que depuis des siècles, ils exploitent le monde entier. Ce n'est pas en gémissant qu'on les arrêtera. »)
La fin du roman prend un tour plus émouvant (avec les femmes donc) par contre l'ultime ligne, fin ouverte, reste un peu mystérieuse ?
Bien mais sans plus.
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Attirée par la "nobellisation" de l'auteur je me suis lancée. Une belle occasion de découvrir un peu la culture d'Afrique orientale au 19ème.
Mais il semble falloir être initié pour pouvoir prendre la pleine mesure de ce roman. Beaucoup de mots non expliqués...pourquoi ne pas avoir fait des notes de bas de page ou un lexique explicatif en fin de livre ? Dommage.
Un peu difficile de ce fait de se laisser porter voire emporter par ce roman initiatique (le passage à l'âge adulte d'un jeune garçon en servage chez un commerçant, "ami" de la famille).
Pourtant il s'en faudrait de peu.
Les rumeurs de la ville en bord de mer, les odeurs et les bavardages des clients de magasin général , la caravane qui passe, les animaux sauvages qui prennent leur tribus de même que les intempéries et les sultans à amadouer. Un plongeon dans un monde brutal, sanguinaire et cruel. Esclavage ou servitude ou réquisition militaire...peu de différences, les hommes ne sont guère maîtres de leur destin. Et le paradis ou est il ? le Paradis c'est un jardin luxuriant, clos, dans la maison du maître-commerçant. Mais le Paradis est une illusion, une cage dorée que "Eve" (la/les femmes du maître) peut regarder mais rarement pénétrer.

Bref intéressant mais il manque l'étincelle. Plus cérébral que sentimental.
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Difficile de dire si j'ai vraiment aimé, j'ai plutôt trouvé le livre très inégal, parfois prenant et parfois pas du tout. Certains ont jugé le livre inclassable, je partage tout à fait cet avis. Par exemple, il ne faut pas s'attendre à un schéma narratif avec une unité bien cohérente et un vrai dénouement à la fin.

C'est parfois passionnant et prend aux tripes, par exemple quand Yusuf, préadolescent, quitte ses parents sans comprendre tout de suite qu'il a été vendu pour payer une dette. Il y a un côté horrible bien sûr mais finalement, il connaîtra une vie plutôt heureuse et n'éprouvera pas vraiment de regrets. Son maître n'est pas pire que ses parents et Yusuf se retrouve esclave mais il est plutôt bien traité et serein.

C'est passionnant encore à certains moments quand il participe au voyage de la caravane, voyage qui n'est pas routinier mais plein de dangers. Passionnant aussi, sensuel et trouble à la fois, quand il va voir la maîtresse et la jeune Amina en absence du maître, c'est bien écrit. Toutefois, il y a des longueurs fréquentes, des détails peu intéressants, de trop nombreux personnages secondaires sans grand intérêt, l'ensemble est assez décousu. On attend vainement une prise de recul avec l'expression des idées plutôt que juste un récit d'éléments factuels au ton neutre.

Globalement, ce qui me restera comme bon souvenir de cette lecture, c'est le dépaysement : lieux et mentalités aussi. L'Afrique de l'Est début 20e siècle, l'inégalité entre hommes libres et esclaves, l'inégalité entre hommes et femmes, le danger des voyages, la religion pesante et en plus les superstitions pour beaucoup.

NB : page 288, je lis “Il s'attendait que Khabil tentât de le retenir.” Moi j'écrirais de préférence “s'attendait à ce que” mais il paraît que les deux sont admis. En tout cas le compagnon de Yusuf n'est pas “Khabil” mais “Khalil” ! Hum, qui relit avant d'éditer ?
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