Depuis plusieurs semaines, je dois rédiger cette note. Je m'y suis enfin mise. Entre chercher le vocabulaire et mettre en place mes idées, il m'a fallu tout ce temps.
D'abord une remarque sur la forme, j'ai parfois été gênée par l'absence d'explication de nombreux termes non traduits. La langue maternelle de Gurnah est le Swahili, mais il écrit en Anglais. A noter que
Paradis est le seul roman de Gurnah qui a été traduit en Swahili. Un peu ironique, non ? En effet
Abdulrazak Gurnah est Tanzanien, réfugié en Angleterre, il écrit en Anglais, et donc ce roman est traduit de l'Anglais. Ce qui explique sans doute pourquoi, la traductrice
Anne Cécile Padoux, a gardé les mots en Swahili et Arabe, qui existaient dans le texte anglais. Mais sans note de bas de page, de contexte, cela fait perdre une partie de l'ambiance / des parfums, …
Le roman narre l'histoire d'un enfant : Yusuf, vendu par son père pour éponger des dettes mais sans lui dire… Cet enfant se retrouve chez un « oncle », en fait un marchand qui prend des esclaves lorsqu'il n'est pas remboursé. On suit Yusuf dans ses aventures chez et avec cet « oncle ».
Il y a une partie initiation au monde adulte avec des voyages en caravansérail mais aussi l'observation d'un monde qui change, en pleine mutation. Car le marchand, venu du moyen orient, est également un trafiquant et pas seulement d'êtres humains. Et ce marchand se trouve en compétition avec de nouveaux concurrents les Allemands, qui colonisent cette partie de l'Afrique de l'Est. Gurnah raconte donc l'histoire de cette zone d'Afrique où cohabitent les Africains d'origine (animiste), avec des gens venus d'Inde (hindouiste), du moyen orient (musulman) qui vont ensuite être colonisés par les Allemands.
En parallèle, Yusuf va chercher à lier des liens avec un jeune homme, esclave comme lui, et sa soeur, domestique de la première femme de son « oncle » et la seconde femme de ce fameux « oncle ». Mais quel espoir dans un monde qui n'est pas sans foi (car l'islam est très présent) mais n'a pas beaucoup de loi, en dehors de celle du plus fort / riche.
C'est une histoire d'initiation. Une histoire, symbole de cette Afrique, qui est la proie de tous les fantasmes et qui souffre de tous les abus, tant par ses habitants les plus aisés que par les colonisateurs qui existent depuis fort longtemps (et bien avant que les Européens arrivent.).
Le style est à la fois poétique et imagé. Il est question de choix pour Yusuf qui va devoir choisir entre rester esclave (avec une certaine forme de sécurité et s'enfuir sans savoir si sa situation s'améliorera. Gurnah fait également passer des messages sur la religion, la tolérance vis-à-vis des différences.
Le titre indique une réflexion sur ce à quoi peut correspondre l'idée de
paradis… qui varie fortement d'un individu à l'autre et puis ce
paradis n'est-il pas parfois très proche de l'enfer !
J'ai mis un abécédaire de certains des mots que je ne connaissais pas ou pour me souvenir de ce roman...
A comme : Anna n.m. : une unité de monnaie anciennement utilisée en Inde et au Pakistan, égale à ¹⁄₁₆ de roupie. le terme appartenait au système monétaire islamique. P 15
B comme : Bismillah : « Au nom de Dieu ». Formule employée par les musulmans comme un bénédicité ou avant d'entreprendre quelque chose
C comme : Caravansérail, on assiste à des voyages en caravansérail où le troc et le trafic sont étroitement liés.
D comme : Dhow : est un type de voilier arabe traditionnel en bois, à un ou plusieurs mâts gréés avec des voiles triangulaires ou trapézoïdale, originaire de la mer Rouge. Aussi appelé Boutre ou Daou.
E comme : équanimité : Égalité d'âme, d'humeur.
F comme : Fable, le roman est parsemé de diverses fables.
G comme : Gog et Magog : sont deux noms propres figurant dans le livre d'Ézéchiel, Gog est un nom de personne, Magog un nom de lieu. Ils apparaissent cinq fois dans la Bible et deux fois dans le Coran. Dans le livre d'Ézéchiel, les peuplades païennes Magog vivent « au nord du Monde », et représentent métaphoriquement les forces du Mal, ce qui l'associe aux traditions apocalyptiques.
H comme : Hérat : une ville de l'Ouest de l'Afghanistan proche des frontières de l'Iran et du Turkménistan. Elle est la troisième ville d'Afghanistan derrière Kaboul et Kandahar.
Ou comme Honneur qui est la raison invoquée pour supporter des maltraitances car un jour, un père a conclu un contrat et a vendu ses enfants. Et ces enfants se trouvent liés à ce contrat… On fait avaler beaucoup de choses aux pauvres en leur vendant l'HONNEUR.
I comme : Inde, certains des personnages sont d'origine indienne (Kalasinga).
J comme : Jacaranda ou arbre fougère
K comme : Kiswahili est la principale langue écrite de l'Afrique subsaharienne. D'après l'Unesco, il fait partie des 10 langues les plus parlées au monde, avec plus de 200 millions de locuteurs.
Kipande : jeu de type marelle.
L comme : latérite : sol rouge vif ou rouge-brun, très riche en oxyde de fer et alumine, formé sous climat tropical. (Ce sol se transforme en une cuirasse impropre à la culture sous l'effet de l'alternance saison sèche/saison humide.)
M comme : Maandazi forme de pain frit originaire de la côte swahili. Il est également connu sous le nom de bofrot ou puff puff dans les pays d'Afrique de l'Ouest tels que le Ghana et le Nigeria. C'est l'un des principaux plats de la cuisine du peuple swahili qui habite la région côtière du Kenya et de la Tanzanie.
Malai : type de crème caillée, originaire du sous-continent indien, utilisé dans la cuisine du sous-continent indien, notamment en ce qui concerne les friandises du sous-continent indien.
Mganga : guérisseur / docteur
Mofa : aucune définition trouvée mais d'après la phrase : c'est de la nourriture agréable (p43).
Mnyapara : contremaitre.
Mukki : aucune définition trouvée mais d'après la phrase : préteur à gage
N comme : Nyundo un traducteur qui doit jongler avec les phrases et les sentiments des participants.
O comme : Ouzbeks. Les voyages emmènent certains jusqu'aux confins du monde musulman. Avec des « Rusi » (russes) qui s'étonnent qu'il existe des musulmans noirs. Tout comme ceux à qui la « Rusi » est narré s'étonnent de ces musulmans blancs.
P comme :
Paradis le titre du livre… Mais de quel
paradis parle-t-on ?
Q comme : Qasida : Poème arabe classique, d'au moins sept vers, à rime unique. (Précédé d'un prologue amoureux, il a pour thèmes un voyage, l'amour, la louange, la satire.)
R comme : Rikwama : longue charrette
S comme : Seyyid : titre honorifique traditionnellement appliqué aux gens reconnus descendants du prophète de l'Islam, Mahomet. le mot signifie littéralement « seigneur », « prince » ou « maître », et il est aussi fréquemment donné à des musulmans de haut rang.
Shuka : le Shuka Masai est un tissus traditionnel originaire d'Afrique de l'Est, porté par le peuple Maasaï au Kenya et en Tanzanie. C'est une étoffe à carreaux en coton sous forme de couverture, souvent de couleurs vives. le rouge est la couleur la plus courante mais les Maasaï utilisent aussi le bleu pour envelopper leur corps. Ce tissus est connu pour être solide, durable et épais pour protéger les guerriers Maasaï contre le temps et les dangers de la savane.
T comme : Tanzanie pays de
Abdulrazak Gurnah. Taskent où l'une des caravansérail passe.
V comme : Vibarua : ouvrier payé à la tâche.
W comme : Wallahi : Un serment par Allah, qui se fait généralement au moyen de l'interjection arabe « wAllah », signifiant littéralement « par Allah » ou par Dieu, consiste pour un locuteur de confession musulmane à prendre à témoin Allah pour prétendre que ses propos ne sont pas mensongers.
Washenzi : Paien / sauvage : p 18
Y comme : Yusuf le héros de cette histoire,
Z comme : Zanzibar : archipel de l'océan Indien situé en face des côtes tanzaniennes, formé de trois îles principales