Citations sur Block 46 (71)
Je sais pas pourquoi, Em, mais ça me fait penser à What a Wonderful World, ton affaire. Quand ils ont écrit c’te chanson, Thiele et Weiss devaient avoir sniffé tellement de coke qu’elle devait leur ressortir par le trou de balle. Y a quoi de wonderful ici-bas, hein ?
Elle devait procéder comme à son habitude: des faits aux fantasmes du tueur, clé de ses crimes; du logique à l’illogique. Analyser l’œuvre, pour comprendre l’artiste.
Rien de tout cela n'avait de sens. Le trajet. Les morts. La cruauté. La musique. Les corps nus. Plus personne ne cherchait à cacher sa nudité, comme si chacun avait déjà accepté d'abandonner son humanité. Et le silence. Le silence de la capitulation derrière la musique malvenue. Les gardes ne leur avaient pas imposé de se taire, mais personne n'osait parler. La peur paralysait les sens : elle avait remplacé la douleur, la soif, la faim et l'extrême fatigue.
C'est un sacré tatouage que tu as là, dis donc, fit-il en pointant son épaule du doigt. Tu sais que si t'étais arrivé à Buchenwald il y a quelques années, t'aurais certainement fini en abat-jour dans le salon de Himmler ?
La marche jusqu’au camp lui parut durer une éternité. Erich avançait avec cette colonne d’hommes claudicants par rangée de cinq sous un soleil de plomb, au rythme de l’orchestre qui les accompagnait. Rien de tout cela n’avait de sens. Le trajet. Les morts. La cruauté. La musique. Les corps nus. Plus personne ne cherchait à cacher sa nudité, comme si chacun avait déjà accepté d’abandonner son humanité. Et le silence. Le silence de la capitulation derrière la musique malvenue. Les gardes ne leur avait pas imposés de se taire, mais personne n’osait parler. La peur paralysait les sens: elle avait remplacé la douleur, la soif, la faim et l’extrême fatigue. (17)
Elle devait continuer à s'envoyer en l'air avec n'importe qui quand ses hormones la tourmentaient, mais jamais avec quelqu'un.
Le seul problème, c'est que l'Autre va être furieux. Car, pour l'Autre, tout est une question d'intériorisation. L'Autre n'éprouve pas le besoin de montrer ce qu'il a accompli. Ni de partager. Il tire sa satisfaction de la chasse et de la transformation. Tuer n'est que l'acte fastidieux qui lui permet d'accéder à la phase finale. Pour l'Autre, tuer n'est qu'un moyen.
Alors que pour lui, c'est une fin.
Il repose le scalpel sur le plateau d’acier. Le papier éponge bleu se ratatine au contact de la lame et du manche trempés de sang.
Les murs s’étaient mis à suinter. Ceux qu’il avait transformés vomissaient leurs peurs et leurs angoisses. Leurs larmes, grosses comme des gouttes de pluie, dégoulinaient jusqu’au sol. Lorsqu’enfin ils s’étaient arrêtes de pleurer, ils l’avaient dévisagé de leurs yeux accusateurs et horrifiés.
Mais plus maintenant. Maintenant, tout est silence. Un silence douillet et rassérénant. L’enfant s’est tu et ses yeux se sont vidés de leur terreur.
Il pose des gazes autour des orbites et de l’ouverture qu’il a tracée dans le cou de l’enfant. Avec une lingette antiseptique, il lui nettoie le front, le nez et les joues marbrées de traces sombres. Puis les épaules, le buste et le nombril, où il dépose délicatement une boule de coton pour absorber le sang. Il jette le coton imbibé et termine le nettoyage avec une lingette propre enroulée au bout de son doigt, qu’il passe dans les méandres des oreilles, sur les ailes du nez et dans les plis du nombril strié
− Oui… oui… d’accord… je te la chante, ta chanson. Je vais te chanter Imse Vimse, mais tu te tais. Compris ?
Il se remet debout et secoue son pantalon.
− Imse Vimse spindel klättrar upp för trå’n…
Il attrape la pelle et balance un tas de terre sur le torse. Elle pénètre dans l’entaille béante qui court du menton à la fourchette sternale.
− Ned faller regnet spolar spindeln bort…
Une pelleté sur le visage. La terre s’étale sur le front, recouvre les cheveux et coule dans les cavités oculaires.
− Upp stiger solen torkar bort allt regn, Imse Vimse spindel klättra upp igen.
La terre pleut sur le corps marmoréen au rythme de la comptine.
Malgré les compromis, les disputes et les blessures, certains préfèrent tout de même dire « nous »