Alors qu'est-ce qu'il se passe ici ? Nous avons un homme désabusé, bafoué et mal dans sa peau qui n'a d'autres choix que de partir, tout quitter pour aller mieux. C'est à son désarroi face à sa foi perdue que nous avons affaire. Il faut dire que Poli nous conte avec passion, humour, sensibilité, mais aussi colère les différentes zones d'ombres qu'on peut trouver dans nos commissariats. Ça paraît tout bête, mais c'est du génie : mettre le doigt sur ce qui fait mal, ce qui pêche, mais sans jamais porter de jugement. Poli ici est un auteur qui met son talent et ses connaissances en avant sur le sujet qu'il traite, mais croyez-moi, il nous épargne.
Dans une société où le « flic » est vu comme un fasciste, un sexiste ou encore une simple matraque, il se trouve qu'il est bien plus, que le malmenage et les insinuations sont grandes envers ces hommes qui, à la base, veulent faire leur métier, simplement.
Du coup, l'auteur place de l'intelligence dans ses mots, tous bien posés, il n'y a pas d'attaque, pas de « délation fâcheuse »… juste un constat qui nous montre bien que quelques cailloux restent dans les rouages d'un gouvernement, d'une foule désabusée, de forces de l'ordre condamnées. Il faut dire que les relations pourraient être meilleures, mais peut-être y a-t-il trop de manque à gagner ?
Bref, j'ai grandi dans cette « grande famille » et c'est en ce sens que j'ai été ravie quand Poli m'a proposé de lire son ouvrage. Au vu de certains commentaires, je m'attendais à de la délation, de la colère plus extériorisée, voire de la haine. Non pas parce que les flics sont haineux, mais parce qu'il y aurait des raisons de l'être dans un texte qui se veut exutoire. Non, Poli, il est honnête, sympathique et, même si une rancune profonde l'a poussé à la démission, il y a une bienveillance qui pointe dans ses mots. Que ce soient de bons souvenirs ou de belles personnes croisées, on sent poindre une résilience dans les lignes, une dénonciation certes, mais juste et édulcorée… Bref, des pages poétiques pour des propos réalistes. Excusez-moi l'expression, mais il y a des cons partout, il est donc dommage de faire un amalgame et de croire qu'ils sont majoritaires 😉
En plus de ses nouvelles qui nous mentionnent les différents cas croisés ou encore les mesures prises d'untel ou unetelle… il nous a concocté une petite histoire, au premier abord rocambolesque, afin d'y intégrer son recueil. Cette histoire, elle est touchante et drôle, mais elle a aussi sa part de sombre, et est aussi dénonciatrice à sa façon. Les derniers paragraphes vont rester bloqués un moment dans ma tête, à l'endroit même où se cachent quelques autres anecdotes concernant « la poulaga ».
Du coup, je remercie l'auteur pour ses mots incisifs, ses phrases percutantes et sa plume fluide. Ces pages de douleurs qui montrent que derrière un uniforme, il y a avant tout une personne. Celle-ci parfois « gros dur », parfois sensible, parfois couillonne, aussi, ou encore maladroite. Quoi qu'il en soit, il y a un personne et on ne lui doit qu'une chose en ce sens, le respect.
J'espère sincèrement que les mots pourront panser les maux de cet homme, et que sa résilience sera récompensée
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