Ce qui gît dans ses entrailles

Le point commun entre la catastrophe nucléaire de Three Miles Island et le désastre écologique de l'exploitation du gaz de schiste passe par Bakerton, Pennsylvanie . Pas évident à comprendre, et pourtant ...

Jennifer Haig tisse sa toile narrative en se concentrant sur cette petite ville et ses habitants. Elle raconte aussi bien comment Kip Oliphant réalise des montages financiers acrobatiques et risqués pour sa société minière, et comment les héritiers des mineurs du charbon de Bakerton ont du mal à vivre dans leur présent. Arrivent les nouveaux, tous ces Texans spécialistes des forages qui vivent dans des containers sur roulettes loin de chez eux. Une foule de personnages, leur passé et leur présent s'entrelacent dans cette petite ville triste à mourir qui fait fuir les plus fragiles. Il n'y a pas de héros dans ce roman mené de main de maître par un auteur qui écrit de manière singulière et dynamique en incluant digressions et pensées à l'action décrite. Elle donne ainsi une vision hyperréaliste des faits dans toute leur complexité comme du "storytelling" bien documenté dans un grand reportage. Pourtant, il n'y a pas de doute, il s'agit d'un roman.

On s'attache à tous les personnages comme s'ils étaient des voisins ou des connaissances. L'intensité dramatique progresse et on a vraiment envie de savoir de quoi souffre Olivia, que va faire Darren, comment Rich va récupérer de l'eau propre... C'est un excellent roman contemporain dans lequel la relation pas vraiment harmonieuse de l'homme à la nature est au centre et crée des tensions. Une lecture à recommander à Donald Trump qui pense à tort que saccager son pays peut sauver ses habitants.

Je remercie Babelio et les éditions Gallmeister pour cette lecture qui résonne avec notre actualité. Une réserve toutefois, c'est une lecture difficile pour les personnes qui ont des problèmes de vue. La taille des caractères est vraiment minuscule et les interlignes réduits. Il est préférable de le télécharger pour ajuster sur votre liseuse tous ces paramètres.

Des entrailles de la Pennsylvanie le gaz de schiste est extrait grâce à la fragmentation hydraulique. Pas vraiment un nouvel eldorado mais une manne bienvenue après la fermeture des mines de charbon dans les années 80/90. le sous-sol appartient à des fermiers modestes. Les compagnies  vont louer des droits de forage  en échange de revenus accordés aux propriétaires terriens. 
Et puis assez vite le malaise s'installe. Pire, des concentrations importantes de méthane sont décelées dans l'eau du robinet. le comble : les terres sont devenues inexploitables et impossibles à vendre d'après le contrat signé. Pieds et poings liés à Dark Elephant, l'investisseur triomphant  !
La suite, on la connaît. le cinéma s'en est déjà emparé avec Promised Land et il s'y est montré  d'une efficacité  redoutable comme souvent lorsqu'il veut dénoncer un scandale.
Ici l'approche est moins frontale. Chaque partie à un représentant qui fait entendre sa petite musique. La dénonciation d'une arnaque écologique, sanitaire et financière s'accompagne d'une galerie de différents protagonistes guidés par leur cupidité ou par leur passé et la peur de la pauvreté. Un investisseur, un propriétaire qui a loué son terrain, une mère qui constate les problèmes de santé de sa fille, un couple qui avait investi dans une production laitière bio, un pasteur, un géologue écologique, un géologue proche des investisseurs, un foreur texan, un avocat... Des témoins ou des acteurs d'une aventure technologique et d'une tragédie sanitaire en marche. Un roman choral qui fait ressortir les relations entre les personnages, dévoilant plus les motivations profondes que des intrigues complexes.
Pour appuyer son propos l'auteur rappelle l'accident nucléaire de Three Mile Island, dans ce même état de Pennsylvanie, et de ses conséquences sanitaires largement sous-évaluées. Éclaté en plusieurs époques, plusieurs affaires, plusieurs intrigues, le roman m'a paru impressionniste. Une succession d instantanés de vie, des tranches de vie juxtaposées, un patchwork dont certains morceaux  sont très réussis mais dont l'ensemble manque de cohésion. Comme un montage à demi réussi. J'aurais aimé suivre au plus près Rena, Shelby ou Darren parce que, par moments, l'émotion est présente et pendant les cent dernières pages, on s'attache à eux, on est capté par leur présence et le récit parvient à transcender la banalité du quotidien.
Un roman qui veut trop embrasser et qui aurait gagné plus de développements. Ce n'est ni un pamphlet militant menant une lourde charge sans nuance ni un roman totalement habité. À trop se disperser on perd son objectif de vue. « Comme l'aurait dit ma grand-mère »: "Il vaut mieux ne pas courir deux lièvres à la fois".

L'écrivaine aborde un sujet qui (a) fait couler beaucoup d'encre : la fracturation hydraulique pour l'exploitation du gaz de schiste.
BAKERTON, Pennsylvanie. Une ville autrefois prospère grâce à ses mines de charbon, est à l'agonie. Pourtant un trésor est enfoui dans ses entrailles, le gisement de schiste Marcellus.
Une compagnie pétrolière basée au Texas, propose aux propriétaires terriens de gagner rapidement et beaucoup d'argent. Une aubaine que beaucoup vont saisir et signer des contrats de forage sans vraiment les lire. La cupidité, la crédulité et la pauvreté ont fait d'eux des proies faciles.

Charbon, pétrole, gaz de schiste, l'addiction des gouvernants et des populations aux énergies fossiles est sans fin, malgré les promesses de substitution par les énergies renouvelables plus propres mais plus chères.

La fracturation hydraulique est un thème central dans le roman. Autorisée aux USA, elle est interdite dans beaucoup de pays à cause du désastre écologique qu'elle pourrait engendrer, notamment la pollution des eaux souterraines.

La mobilisation citoyenne est aussi évoquée pour faire barrage à la cupidité vorace des compagnies, et dédommager les victimes ‘environnementales' de leurs agissements.

Jennifer Haigh nous livre un roman dense, perspicace, très instructif.

La Pennsylvanie, Les premiers puits de pétrole ont été creusés là-bas, et le charbon a longtemps été excavé dans ses collines. Quand les mines firent faillites, les panneaux à vendre fleurirent, aujourd'hui le fantôme de la prospérité s'attarde sur Bakerton une petite ville insignifiante qui est comme un patient en phase terminale qui se raccroche à un fil, et ce fil pourrait être "le Marcellus Shale", un vaste réservoir de gaz de schiste plus ancien que le charbon. Mais le schiste une mer de richesses, est profondément enfoui, donc trop cher à exploiter, jusqu'à l'arrivée de la technique de fracturation Hydraulique, et les dollars vont couler à flots.
Dans ce ce roman l'auteur nous conte les conséquences sur la nature et les hommes de l'exploitation du gaz de schiste. A travers la vie d'une communauté et de ses habitants nous vivions les espoirs et les drames que cette exploitation va engendrer
Le gardien de prison Rich Devlin loue ses droits miniers pour financer son rêve d'agriculture. Darren, son frère est plutôt sceptique, il y a les accrocs au chocolat, les accrocs du shopping, Darren lui a choisi la mauvaise substance, il est accroc à la Méthamphétamine. Gia l'amie d'enfance de Darren, serveuse au bar, elle est encore plus belle que dans ses souvenirs. L'épouse de Rich, Shelby, jeune femme fragile avec ses névroses et ses phobies. Elle insiste sur l'eau qui sent étrange et qui empoisonne leur fille fragile Olivia. Mais la vérité sur l'origine des malaises d'Olivia est peut-être plus horrible encore.
Pendant ce temps, leurs voisins, les producteurs de lait bio Mack et Rena, deux femmes, qui vivent en couple s'opposent au forage, car le bio et le gaz de schiste ne font pas bon ménage. Mark ressemble à un homme d'ailleurs son père n'a jamais su comment élever une fille, il voulait un garçon, alors il l'avait élevée comme un fils. Quand à Rena, elle n'a peut-être pas renoncé à aimer un homme.
Wesley, le pasteur, avait 7 ans au moment de la catastrophe de la centrale nucléaire de Three Miles Island. le temps de latence moyen des tumeurs dues à la radioactivité est de 20 à 30 ans. Il va bientôt être rayé du registre. A sa mort, Sa femme Jess va reprendre le sacerdoce, sans conviction, mais cela lui semble naturel.
Et puis il y a Lorne, le géologue militant environnemental qui va perturber la vie et certains coeurs de la communauté
Un écrivain observateur qui capture bien ses personnages dont les intérêts sont opposés, il nous fait partager les secrets des uns, les envies ou les frustrations des autres. Une histoire douloureusement humaine où espoir et désespoir se mélangent, un drame où règnent la cupidité et le pouvoir, un livre militant qui pose question au moment où le nouveau président des USA, Donald Trump veut intensifier l'exploitation du gaz de schiste

Un peu long, beaucoup d'emballages. Mais une photo intéressante de la vision étasunienne des grandes catastrophes environnementales. Et du déni général des entreprises aux particuliers.
Et de l'impossibilité de freiner ces destructions et pourquoi ? Parce que nous consommons comme des fous À méditer.

« Plus que tout autre lieu, la Pennsylvanie n'existe que par ce qui gît dans ses entrailles ». Après le pétrole et le charbon, on a découvert dans les entrailles de la ville de Bakerton un gisement de gaz de schiste. La population se retrouve divisée entre ceux qui décident de laisser forer leurs terres dans l'espoir de jours meilleurs, et ceux qui s'y opposent car ils craignent les effets néfastes sur l'environnement de la fracturation hydraulique. Jennifer Haigh s'attache à décrire cette période de choix crucial à travers quelques personnages admirablement bien décrits. Qu'il s'agisse d'habitants de Bakerton ou d'ailleurs, les personnages choisis font l'objet de très beaux portraits de femmes et d'hommes en proie aux difficultés de la classe moyenne américaine. Leurs destins se croisent avec finesse, la construction du roman est remarquable. Un roman qui se dévore car on est pris par ces histoires individuelles tissées par Jennifer Haigh, dont j'attends la prochaine parution avec impatience !

C'est le 3e livre de Jennifer Haigh que je lis et c'est mon préféré. Je suis impressionnée par sa prouesse : rendre passionnante une histoire d'exploitation des sols de Pennsylvanie, ça n'était pas gagné.
Il faut d'abord s'accrocher face à la galerie de personnages mais elle est nécessaire et contribue à donner un panorama complet de Bakerton, petite ville rurale dont la richesse fluctue selon les exploitations du moment : telle la marée, les exploitations minières ont d'abord afflué pour le charbon puis ont abandonné les habitants à leur sort et à leur misère ; ce fut ensuite au tour du pétrole ; ce sont maintenant les perspectives d'extraction de gaz de schiste qui attirent les financiers dans la région.
L'auteure a un talent fou pour dresser un tableau guère reluisant des situations misérables des agriculteurs, pris en tenaille, de la noirceur des entrepreneurs, de la pauvre vie des employés dans les puits d'extraction…
Les efforts d'une lecture attentive et soutenue payent avec à la fin un récit fort bien charpenté et des personnages qui auront pour la plupart en commun le fait d'avoir été broyés par les intérêts financiers. La dénonciation est d'autant plus forte qu'elle est servie par une plume fine et acérée qui ne mâche pas ses mots.
Jennifer Haigh nous dépeint une Pennsylvanie méprisée au profit de besoins en énergie de plus en plus grands. A hauteur des hommes et des femmes catapultés dans cette tourmente, c'est d'autant plus révoltant.
Je suis admirative de son travail d'écriture : lors d'une rencontre en janvier dernier, elle expliquait se documenter pendant deux à trois ans sur son sujet. Ce travail de lecture et de recherche est évident dans son récit

Plus que tout autre lieu, la Pennsylvanie n'existe que par ce qui gît dans ses entrailles. le charbon de Bakerton a éclairé le monde avant le déclin de sa filière. le 28 mars 1979, une explosion à la centrale nucléaire de Three Mile Island a pollué éternellement cette généreuse terre, en dépit des explications rassurantes fournies par les apprentis-sorciers.


L'apprenti sorcier du roman de Jennifer Haigh est le flamboyant directeur général de Dark Elephant Energy, patron visionnaire selon les actionnaires de la firme, qui transforme en dollars tout ce qu'il touche. La nouvelle richesse à exploiter est le gaz de schiste, enfoui en abondance dans le sous-sol de la Pennsylvanie, qu'il suffit de fracturer pour libérer la précieuse manne. Des cow-boys d'un genre nouveau téléguidés par Wall Street déboulent pour persuader les fermiers endettés d'autoriser le forage de leurs terres ; contrats léonins signés trop rapidement par de pauvres gens qui ne voient que l'espoir d'une providentielle vie meilleure. Mais après l'espoir viennent les désillusions. La fracturation hydraulique consiste à injecter des millions de litres d'eau dans le sol et va également fracturer les rapports sociaux et l'avenir de la communauté, les empoisonner, comme elle empoisonne l'eau du robinet qui sent mauvais ou devient inflammable. de mystérieux maux apparaissent, migraines, vomissements, malaises en tous genres... que les médecins peinent à relier aux nuisances actuelles ou passées, datant de Three Mile Island. Comment un cancer traité par radiations médicales peut-il être imputé à des radiations accidentelles ? L'ironie de la chose n'échappe à personne. Des résistants péjorativement surnommés activistes s'organisent, un couple de femmes dont la production de lait bio est menacée, un docteur en géologie, lanceur d'alertes dans ses nombreux articles.


Roman ambitieux, très bien documenté, exigeant et solidement charpenté, Ci-gît dans ses entrailles est habité par des personnages touchants, ordinaires, pris dans les difficultés de leur vie quotidienne et leurs contradictions. La lecture est rendue agréable par une écriture à la fois précise et élégante. L'auteure ne porte pas de jugement, elle relate des faits et invite le lecteur à prendre connaissance des conséquences néfastes d'un système uniquement basé sur l'appât du gain, qui ne respecte rien ni personne. Thriller écologique ? Docu-roman ? Roman-dossier ? Roman ? Peu importe. Ce qui gît dans ses entrailles, par l'intermédiaire d'une belle histoire humaine, permet à chacun de s'interroger et d'apporter ses réponses personnelles à des questions environnementales primordiales.

Loin, bien loin, d'être un simple texte pro-écolo indigeste, Ce qui gît dans ses entrailles est un vrai grand roman américain passionnant en grande partie grâce à la galerie de personnages que nous propose Jennifer Haigh. Rich Devlin, gardien de prison, saisit l'opportunité un peu par hasard et espère concrétiser plus tard son rêve d'avoir sa propre ferme. Rena, en couple avec Mack, va tout entreprendre pour protéger son exploitation bio et entrer dans la voie du militantisme écologique. Shelby, quant à elle, est une femme au foyer continuellement obsédée par l'état de santé de sa fille. Mais cette fois, elle sait qu'il y a quelque chose dans l'eau qui la rend malade… J'ai été assez scotchée par la profondeur, le côté vraisemblable de chacun d'eux. Loin de tomber dans la facilité du grand vilain entrepreneur, du gentil écolo justicier ou encore du pecno crédule et avide, l'auteure refuse toute dichotomie. Tous, je dis bien tous, agissent selon des intérêts, plus ou moins personnels, ce qui aboutit au genre de société dans laquelle nous évoluons, une société que Jennifer Haigh décrit avec une justesse saisissante.

Les nombreuses intrigues parallèles, amoureuse, sociale ou bien plus sombre encore contribuent à rendre le roman in-lâ-chable, d'autant plus qu'on sent bien que l'auteure a également réussi le pari de l'exigence. Très simplement, on apprend un tas de choses sur la technique barbare de l'extraction du gaz, sur les camps géants d'ouvriers et les conditions de travail improbables…
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Les conséquences de l'exploitation du gaz de schiste à partir de la fracturation hydraulique sur la communauté d'une petite ville partagée entre les attraits des gains financiers et les risques à long terme sur l'environnement. On perçoit la frustration des propriétaires opposés aux puits et dont l'opposition sera ignorée grâce aux forages horizontaux. Jennifer Haigh, pages après pages, nous construit cette communauté avec de multiples personnages dont le passé a été souvent commun. C'est remarquablement bien écrit et bien construit mais c'est pratiquement 600 pages et faire la liste de tous les personnages du roman prendrait du temps et c'est souvent le cas dans les romans de cette auteure . Je trouve que l'ensemble aurait pu être allégé mais cala reste un excellent roman que j'ai lu avec plaisir.