À chacun de nos souffles

Il dit des choses qui résonnent en moi. Il sourit et ça résonne en moi. Il me regarde et ça résonne en moi. Je l'embrasse et ça résonne en moi. Il me fige. Il ressemble à une pièce de puzzle. Je me fais des idées. J'ai des flashs. Des cauchemars. Des envies. Et beaucoup trop d'ombres dans lesquelles me perdre.

Et ce rire, c'était un soleil, c'étaient des étoiles, c'était tout un ciel au-dessus de ma tête.

 Il y avait des rires comme des portes que l’on ouvre en grand pour vous inviter à entrer. Dans cette maison, même les volets battaient au vent pour qu’il y ait toujours une ouverture pour celui qui chercherait un refuge. Ça avait été le mien, lorsque j’étais arrivé. Ça l’était toujours, lorsque je n’avais plus d’endroit où aller. Je n’avais plus de foyer depuis longtemps, mais, quelque part, celui-ci était devenu le mien. Je pouvais y revenir. 

Il enfonça les mains dans ses poches et arbora un sourire en coin. Ce sourire, c'était celui du diable. Il semblait m'attirer trop près des flammes, là où elles commenceraient à me brûler, à laisser leurs marques

Nous ne sommes pas soldats. Mais nous sommes des victimes de guerre. Des victimes collatérales. De leur guerre. Nous n’étions pas prêts, nous n’étions pas entraînés, nous n’étions pas armés. Nous avons été assiégés par la terreur omniprésente, et nous avons survécu.

Je posai une main sur sa nuque et il releva la tête. Alors je souris. Et il sourit. Les vrais amis savaient se pardonner sans un mot, non ?

« Tu pars toujours. On a appris à ne pas compter sur toi. On ne peut pas compter sur un courant d’air. »

Alors je lâchai prise. Pour ce soir. Juste maintenant. D’ailleurs, c’était peut-être ce qu’il me fallait. Chuter pour reprendre pied. Tomber pour me redresser.

Mon cœur battait trop vite. Trop lentement. Il ne savait plus comment fonctionner.

À un moment donné, il faut que je m’en aille. Rester figé, ça m’est impossible. Ce n’est plus possible. Ça me rend dingue. Il me faut du mouvement. Il faut que je sente que ça n’arrivera plus jamais. C’est ma façon de lutter contre la peur, contre ce qui me bousille. Bouger. Constamment. Ne pas attendre, ne pas m’attacher, ne pas rester.